Nice-Matin (Cannes)

« Les boulangeri­es devront, une fois de plus, augmenter leurs prix »

- M. D.

Pendant que la baguette se retrouve inscrite au patrimoine immatériel de l’unesco, ses artisans tirent la langue.

Tout un paradoxe pour Frédéric Roy, exaspéré après la prise de parole de Bruno Le Maire hier matin : « Il a rajouté des pansements. Sauf que la maladie dont on parle, c’est la gangrène. »

Membre fondateur du collectif pour la survie des boulangeri­es et de l’artisanat, le Niçois n’en démord pas : « La manifestat­ion du 23 janvier devant le ministère de l’économie est plus que jamais maintenue. Nous allons nous faire entendre. »

« Quand je parlais de la baguette à 2 € …»

Ce que réclame le boulanger ? « L’équité avec l’extension du bouclier tarifaire. » Sans cela, les calculs sont faits : « Je viens d’augmenter mes tarifs de 10 % il y a 48 heures. Ma baguette était avant à 1,10 € Puis à 1,20 € Là, elle est affichée à 1,30 € .» Et encore, ce n’est pas fini. « Le 1er janvier, une nouvelle hausse des prix comprenant aussi celles des matières premières va intervenir. Bref, sur une période de 30 jours, je dois augmenter mes tarifs de 30 % si je veux rester cohérent en termes de prix de revient. » De son côté, Pierre Briand n’espère plus rien du gouverneme­nt. Ça évite d’être déçu, ditil. « Je n’attends pas Bruno Le Maire pour gérer mon entreprise », soutient celui qui a décroché en 2022 le titre de la meilleure baguette des Alpesmarit­imes.

Un choix assumé pour maintenir l’emploi

Clin d’oeil à la période actuelle, il a affiché sur la vitrine de son établissem­ent de La Turbie une informatio­n à destinatio­n des clients. « J’indique les différente­s hausses de matières premières pour expliquer pourquoi je dois répercuter ce coût. Pour toute réaction ou commentair­e, j’ai laissé les numéros de téléphone de l’élysée et de Bercy. »

Un petit trait d’humour qui se veut révélateur : « Malheureus­ement, si je n’augmente pas mes tarifs, je ne peux pas garder mes vingt salariés. C’est un choix assumé. » Et s’il faut encore monter les prix, il n’hésitera pas. « Quand je parlais de la baguette à 2 euros, on me prenait pour un fou. Eh bien, regardez, on y est… »

 ?? ?? (Photo d’archives Eric Ottino) Les mesures annoncées par Bruno Le Maire n’enchantent pas le Niçois Frédéric Roy.
(Photo d’archives Eric Ottino) Les mesures annoncées par Bruno Le Maire n’enchantent pas le Niçois Frédéric Roy.

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