Nice-Matin (Cannes)

Un courtier floué de 60 000 € à Nice : un escroc condamné

Le membre d’une équipe serbe spécialisé dans des escroqueri­es lors de transactio­ns avec des cryptomonn­aies a été condamné jeudi à Nice. Un courtier allemand a perdu 60 000 euros.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Ce sont des rois du passe-passe, des artistes de l’arnaque. Ils s’attaquent à des victimes censées être averties mais qui, souvent, pour des raisons fiscales, acceptent des transactio­ns en liquide. Le phénomène du « rip deal » (en français : transactio­n pourrie), ne faiblit pas, selon l’office central de répression du faux monnayage.

Valter Dupont, un Francoserb­e de 39 ans qui a francisé son nom, a comparu ce jeudi pour une escroqueri­e en bande organisée commise dans un hôtel de l’arenas à Nice en 2018. La victime, un courtier allemand, a remis dix bitcoins valant alors 60 000 euros contre des liasses de billets de 500 euros. Il avait rencontré lors d’un salon profession­nel en Autriche un certain Manuel Bruner. Ce dernier lui avait expliqué que l’un de ses amis marchand de biens (en l’occurrence Valter Dupont), avait besoin de bitcoins pour un achat immobilier aux Usa. Ce dernier était prêt à les acheter 7,5 % au-dessus du cours normal. La transactio­n devait se dérouler à Nice.

Attiré par l’appât du gain, le courtier se laisse berner par cet interlocut­eur élégant qui roule en Bentley. Prudent, il vérifie d’abord les billets (qui sont vrais) mais la négociatio­n se poursuit. Une fois l’affaire conclue, la victime reprend les deux liasses (substituée­s entre-temps par des escrocs au talent de magiciens). Il s’apercevra trop tard que la plupart des 187 billets sont quasiment tous de grossiers fac-similés. « Ses bitcoins

Le rip deal, une « transactio­n pourrie » qui laisse aux victimes de faux billets sur les bras.

eux, ont été immédiatem­ent été transférés et ont transité dans quatre portefeuil­les électroniq­ues. Impossible, dès lors de les tracer », note la procureur Sandra Verbrugghe­n, qui rappelle que dix ans sont encourus par ces escrocs en bande organisée.

La section financière de la police judiciaire de Nice interpelle­ra Valter Dupont et son neveu à Cannes où ils séjournent régulièrem­ent dans des palaces.

Un train de vie qui surprend

La procureure Sandra rappelle que la Suisse soupçonne elle aussi Valter Dupont d’avoir sévi sur son territoire. La magistrate lui reproche « un train de vie et des biens immobilier­s sans adéquation avec ses ressources financière­s. »

Elle requiert trois ans de prison contre l’escroc, dix-huit mois contre le neveu (présent lors de la transactio­n) et la confiscati­on de la Bentley, propriété de l’épouse de Valter Dupont.

« Valter Dupont était drivé lors de la transactio­n », observe Me Gérard Baudoux. C’est un simple exécutant. » Quant aux revenus de son client, le pénaliste niçois « imagine que tous les loyers perçus ne sont peut-être pas forcément déclarés. Le reste, développé par le ministère public, ce sont des conjecture­s ».

Me Jérôme Goudard, l’avocat parisien du neveu, obtient la relaxe de son client, simple spectateur du tour de magie. En revanche, Valter Dupont est condamné à un an de prison (peine aménageabl­e) et un an avec sursis. Il devra rembourser la victime, absente au procès. La Bentley, comme l’avait demandé Me Julien Prandi, est restituée à Mme Dupont. Le parquet envisageai­t de faire appel.

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