Nice-Matin (Cannes)

Un homme aux multiples casquettes

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Près de dix ans après Square Eyes, le maquillage et les atours du poète maudit folk ont été relégués à l’arrière-plan. La toile de fond, assez sombre, est toujours là. « Pour être honnête, ce n’était pas la grande forme quand j’ai commencé ce projet. Ce n’est pas quelque chose que j’entretiens, mais ça stimule ma créativité, c’est comme ça », analyse Maxim Nucci, alias Yodelice, au bout du fil.

En pleine promotion, l’auteurcomp­ositeur-interprète, également producteur, est rasséréné par les premiers retours. Ceux d’un public encore fidèle. « Ces messages d’amour me font du bien. Cet album, c’est certaineme­nt le plus radical, il ne correspond pas au format de la musique actuelle », assure celui qui a désormais 43 ans.

Sorti des canons pop

Cette radicalité, elle passe d’abord par une forme d’épure. « J’ai voulu enlever ce qui était superflu. Au début, je composais avec ma guitare, comme toujours, et j’étais un peu perdu. J’avais l’impression de tomber dans des mécanismes. »

Puis elle s’est développée dans des chemins de traverse, parfois surprenant­s. «Jeme suis entouré de synthés et de boîtes à rythmes. Ce qu’il en sortait était dans une forme plus électro-rock. Cette méthode m’a débloqué, elle m’a permis de m’écarter un peu de la tradition pop, de travailler sur le côté entêtant des boucles

10 titres. (Animal 63) Dans l’urgence Après avoir travaillé plusieurs années sur les albums d’autres artistes, dont Johnny Hallyday et Jain, Maxim Nucci ressuscite son avatar mélancoliq­ue pour The Circle, un album épuré.

», poursuit Yodelice, avant d’embrayer sur une étonnante passion pour la vielle à roue, cet instrument du Moyen Âge dont il a essayé de reproduire les sonorités avec des guitares, « comme un bourdon omniprésen­t ».

Après une amorce « laborieuse et intense », l’artiste a pu se pencher sur « le climat » de The Circle. On lui demande à quoi ce cercle fait référence. « Il ramène au principe des cycles de vie. J’ai eu l’impression de me retrouver dans le même état d’esprit qu’il y a quelques années. Parfois, les emmerdes arrivent en escadrille, mais tu sais que tu ne peux que rebondir. »

Au moment de l’enregistre­ment, Yodelice a inversé la tendance, accéléré la cadence pour saisir quelque chose d’éphémère au vol. Sans doute une envie renforcée au contact de Johnny Hallyday, rockeur instinctif et intense, au cours d’une collaborat­ion longue de sept ans. Sans vouloir s’appesantir sur leur relation, il confirme cette nécessité de ne pas traîner en studio.

« Intérieure­ment, j’ai dû me nourrir de rencontres, d’expérience­s, c’est sûr. Ce que je recherche, ce sont des moments de vérité, des instantané­s, de la fragilité. Dans l’urgence, j’arrive aussi mieux à sortir ce que j’ai à dire, que ce soit à propos de frustratio­ns, de constats sociétaux ou d’histoires d’amour », conclut Yodelice.

Il s’est écoulé près d’une décennie entre le deuxième et le troisième album studio de Yodelice. Mais son créateur n’a pas du tout chômé pendant cette période. Il a planché sur Rester vivant aux côtés de Johnny Hallyday, avant de finaliser seul la production de son ultime album,

Mon pays c’est l’amour. Pour le cinéma, il a composé la bande originale de Rock’n’roll (2017), film de Guillaume Canet dans lequel il fait une apparition. Maxim Nucci, c’est aussi celui qui a aidé Jain à percer en 2015 avec Zanaka. « C’est une nana extraordin­aire. On a fini son troisième album, il est sublime », a-t-il révélé dans les colonnes du Parisien.

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 ?? ?? The Circle.
The Circle.

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