Nice-Matin (Cannes)

« La terreur, c’est l’arme de ceux qui n’ont pas les mots »

Mickaëlle Paty, la soeur de l’enseignant assassiné en octobre 2020, est allée à la rencontre des lycéens de Chiris à Ces derniers ont été distingués pour leur chanson sur la laïcité.

- CH. P. MAXIME ROVELLO mrovello@nicematin.fr 1. Voir la vidéo sur Youtube / Tous unis dans la laïcité GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

Mickaëlle Paty, la soeur de l’enseignant assassiné, est venue à la rencontre des lycéens de Chiris à Grasse, lauréats du prix de la laïcité. À l’issue d’un discours, les lycéens ont pu discuter avec elle. Un moment extrêmemen­t fort en émotion.

U ne salle du lycée profession­nel Léon-chiris à

Grasse, collée au centre de documentat­ion et d’informatio­n, porte désormais le nom de Samuel Paty. Une manière, dans cet espace de travail moderne, de garder vivantes les valeurs portées par le professeur d’histoire-géographie, assassiné en octobre 2020 pour avoir montré des caricature­s de Mahomet à ses élèves. Son visage, dessiné sur les murs, rappelle ce que ces élèves doivent à leurs aînés.

Les lycéens de Chiris à Grasse ont traduit cela dans Même combat (1).

Une chanson pour laquelle ils ont reçu le prix Tous unis dans la laïcité, le prix Ferdinand Buisson et le prix de la laïcité de la République française. Ce dernier leur a été remis au secrétaria­t d’état à la citoyennet­é à Paris.

Un homme de 36 ans, père de deux enfants, a été sauvagemen­t agressé, lundi après-midi, vers 15 heures, avenue Antoine-veran à Nice, dans le secteur Cyrille-besset.

Frappé au visage

Des distinctio­ns pour lesquelles Mickaëlle Paty, la soeur de l’enseignant, est venue en personne féliciter les élèves du lycée Chiris. Dans cette même salle qui porte le nom de son frère.

« Des offensives contre la laïcité »

Par pudeur et par sécurité face au poids des événements, elle n’a pas souhaité que son visage apparaisse dans les médias. Dans son discours adressé aux lycéens, elle fustige les détracteur­s de la laïcité. « Il circule des vidéos sur le réseau social Tiktok qui appellent à des offensives contre la laïcité, affirme-t-elle. Parce qu’elle ne serait, dit-on, “plus à la mode”. Être influenceu­r, c’est exercer une emprise sur les individus grâce à une exposition médiatique mais cela ne garantit en rien le bien-fondé des discours.

Le tueur à la boule de pétanque écroué à Nice

Un suspect était depuis recherché par les policiers de la brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale. L’homme, qui serait de nationalit­é bosnienne, âgé de 53 ans, réfugié politique en France, a été appréhendé mercredi. Présenté au parquet jeudi soir, il a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention. Un juge d’instructio­n poursuit les investigat­ions pour comprendre ce déchaîneme­nt de violence dont l’origine serait quelques insultes échangées.

La victime a été frappée au visage avec une boule de pétanque avant d’être poignardée à l’abdomen.

Transporté à l’hôpital par le Samu, il a succombé quelques heures plus tard à ses blessures. L’objectif est de vous persuader d’y adhérer, sans se soucier des conséquenc­es sur votre vie, et tous les subterfuge­s sont bons. Je ne pense pas que les influenceu­rs et la propagande infusent. Il y a des commandita­ires derrières, prônant une idéologie totalitair­e et rigoriste de l’islam. En mettant leurs dogmes au-dessus de tout. »

Une minute de silence ? « Pas suffisant »

Celle qui avait tenu un discours dans l’amphithéât­re de la Sorbonne il y a moins de deux mois, où elle rendait hommage « à toutes les personnes mortes, blessées, torturées ou incarcérée­s dans le monde pour avoir osé s’exprimer », a insisté sur la notion de règle commune, indispensa­ble au maintien de la société. L’idée de tolérance n’a pas été conçue pour tolérer

«Une nouvelle affaire de barbarie sur animaux est survenue il y a quelques jours à Grasse. C’est un chiot de 6 mois qui aurait trouvé la mort sous les coups de son maître résidant dans un immeuble de l’avenue Saint-exupéry à Grasse. Vendredi dernier, en fin de matinée, c’est un des habitants de cette résidence qui a aperçu le corps inerte d’un jeune berger australien gisant sur le balcon inférieur, celui du propriétai­re du chien. Inanimé, ce dernier était couvert de mouches.

Dans l’escalier et dans le couloir menant au domicile du maître, des tâches de sang mais aussi des touffes de poils ensanglant­és… Le voisin a alerté la l’intolérabl­e. La laïcité, c’est la règle commune de l’école, pour offrir un cadre apaisant pour mettre à distance nos différence­s, et nous tourner vers nos ressemblan­ces. Elle garantit l’égalité entre tous les individus. Sur les réseaux sociaux, des professeur­s sont menacés pour avoir défendu la règle commune. Il y a ceux qui veulent nous faire croire que la laïcité est discrimina­nte. À défaut d’argument, ils préfèrent désigner des individus pour les culpabilis­er, les affublant de racisme et leur mettre une cible dans le dos. La terreur, c’est l’arme de ceux qui n’ont pas les mots pour défendre l’indéfendab­le. »

Parmi les élèves présents lors de cette rencontre, Gabriel, qui interprète la chanson, a fait part de sa fierté. « À l’époque, nous nous sommes dit que ce n’était pas suffisant de faire une minute de silence. Il fallait police municipale de Grasse. Deux agents viendront constater dans la foulée la présence du petit cadavre sans que son propriétai­re ne s’explique sur les causes du décès. La police nationale, chargée de l’enquête, devra les déterminer.

« Interdicti­on de détenir un animal »

Car ce jeudi, l’associatio­n de protection animale ASA06 a déposé plainte au commissari­at de Grasse pour acte de cruauté envers animaux entraînant la mort. « Le corps du chiot était gonflé, signe d’hémorragie et d’épanchemen­ts internes, indique Cécilia Fruleux, présidente faire quelque chose de plus marquant. Nous aurions préféré que la rencontre avec Madame Paty se fasse dans d’autres circonstan­ces, mais l’histoire est ainsi. Nous continuero­ns d’honorer la mémoire de Samuel Paty ».

Pour Enzo, « la laïcité fait partie des valeurs les plus fondamenta­les. C’était important de travailler sur ce projet et rendre hommage à Samuel Paty mais aussi à ceux qui ont perdu la vie dans un combat que nous menons tous. »

Le maire de Grasse, Jérôme Viaud, présent aux côtés de la rectrice de l’académie de Nice Natacha Chicot, a révélé qu’un monument serait érigé dans le quartier Saintclaud­e en hommage aux victimes du terrorisme. D’ASA06. Nous souhaitons que cet homme passe devant un tribunal et qu’il ait une interdicti­on de détenir un animal. »

Des précédents

Cet acte de cruauté fatal n’était pas le premier. Plusieurs voisins ont témoigné avoir entendu depuis cet été des bruits de plaintes du chiot. Mais aussi les insultes que lui proférait régulièrem­ent son propriétai­re. Le 15 novembre dernier, une voisine avait même effectué un signalemen­t auprès de la SPA. Malheureus­ement sans suite.

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(Photos M. R.)
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