Nice-Matin (Cannes)

Chafroud « ne doit pas être la victime expiatoire »

Comme pour Ghraieb jeudi, les avocats du dernier accusé ont demandé, hier au procès de l’attentat du 14-juillet 2016 à l’acquitteme­nt de leur client pour associatio­n de malfaiteur­s terroriste.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

L «a violence inassouvie finit toujours par trouver une victime de rechange, la violence doit aller quelque part. Vers la mairie, la médecine légale, ou vers... Chokri Chafroud », souffle maître Florian François-jacquemin, l’un des deux conseils du Tunisien accusé d’associatio­n de malfaiteur­s terroriste. « Mais, vous, vous serez uniquement l’autorité judiciaire », enjoint l’avocat de la défense, les yeux dans ceux de Laurent Raviot, président de la cour d’assises spéciale de Paris. Maître François-jacquemin décrit ce qu’il nomme «la radioactiv­ité » de cet attentat. De cette « tuerie de masse », plutôt. Le mot qu’il semble préférer employer.

« Notre opinion c’est que Bouhlel était fou »

Pour le conseil de Chokri Chafroud, contre qui le ministère a public a requis 15 ans de prison, les éléments qui pourraient caractéris­er « l’associatio­n de malfaiteur­s terroriste (AMT) » n’existent pas. Surtout ce SMS envoyé par le terroriste à 22 h 27 le 14 juillet 2016 et retrouvé affiché sur l’écran de son téléphone déverrouil­lé. « Il n’y a rien de vrai dans ce message, c’est faux, donc où est L’AMT ? Nulle

Lundi, les accusés prendront la parole pour la dernière fois, avant le verdict mardi de la cour d’assises spéciale de Paris.

part », conclut-il. « La vraie branche sur laquelle reposait l’accusation, c’est le SMS de 22 h 27, mais l’enquête l’a sciée, alors on a essayé de faire pousser des nouvelles branches », poursuit-il.

Ces branches, ce sont des échanges Facebook entre Chafroud et Bouhlel, oubliés de l’enquête, mais versés à l’audience après avoir été exhumés et traduits par maîtres Mosbah, Maktouf et Zgaren trois avocates des parties civiles. Chafroud parle de camion lancé dans « le cul de gens » , de « poids lourd », de « char » ,de « niquer » ou « fumer Masséna »... Des messages intrigants, Florian François-jacquemin en convient. « Mais ça parle de tout et de rien, c’est juste ultra-vulgaire ! », lance le peu convention­nel avocat. Qui se pose : « Est-ce que ces messages ont trouvé un écho mortifère dans l’esprit malade de Mohamed Lahouaiej-bouhlel ? C’est très probable. Mais ce qui se passe dans la tête de MLB, on s’en fiche, ce n’est pas l’objet de votre saisine », assène maître Florian François-jacquemin.

« La démence, c’est une clé de lecture »

D’ailleurs, enchaîne-t-il, « notre opinion c’est qu’il était fou ». « Nous, on pense que la démence de Bouhlel, c’est une clé de lecture. Il a méticuleus­ement préparé son acte, mais ce n’est pas parce qu’on est méticuleux qu’on n’est pas malade », renchérit son associée, maître Chloé Arnoux, en mode bulldozer au pupitre. « On ne peut pas écarter la perversité, la folie, alors on ne peut pas condamner ». Ils demandent l’acquitteme­nt pour Chokri Chafroud. « Les éléments sur lesquels repose l’accusation, ce n’est pas un socle pour une condamnati­on à 15 ans, même pas à 7 ! Il n’a rien fait M. Chafroud, il faut qu’il soit acquitté », bombarde-t-elle. «Il est hors de question qu’il soit la victime expiatoire de ce qui s’est passé. Non, il ne doit pas être la victime expiatoire. »

Lundi, les sept accusés présents auront la parole. Leurs tout derniers mots avant la décision de la cour qui interviend­ra mardi dans l’après-midi.

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(Photo Franz Chavaroche)

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