Des débuts heurtés aux moments de grâce
Pianiste, compositeur et arrangeur, Yvan Cassar a passé près de deux décennies aux côtés de Johnny Hallyday. Une collaboration entamée en 1998, en vue des concerts de la star au Stade de France. À 55 ans, le chanteur est alors en quête d’un nouveau souffle, après une virée à Las Vegas décevante.
Chargé de composer l’entrée de l’idole des jeunes, tout en assurant la direction musicale et un passage sur scène au piano, Cassar, 31 ans, avait déjà collaboré avec Vangelis et Mylène Farmer. Pas de quoi impressionner Jean-philippe Smet.
« Johnny m’a testé, il a fallu longtemps pour le convaincre. Nos premières semaines de travail ont été extrêmement difficiles. Il me voyait comme un gamin. Je n’avais pas un look de rockeur, j’étais un peu costaud. Vraiment pas le profil type… Mais je devais avoir du toupet. Je n’étais sûr de rien, mais j’étais investi. J’étais à fond, prêt à me battre », estime Yvan Cassar. Le 4 septembre 1998, la première des trois représentations programmées tombe à l’eau, puisqu’il tombe des cordes. Catastrophe.
Le lendemain sera épique. « Je faisais juste une chanson avec l’orchestre, puis Sur ma vie, à la fin. J’ai vécu la première partie du spectacle à hauteur de la console de son, sur la pelouse, au milieu de tout le monde. Quand Johnny est arrivé, puis quand le set symphonique a démarré avec Que je t’aime, les gens étaient en pleurs, devant ce héros extraordinaire qui les touchait en plein coeur. Je n’oublierai jamais cette sensation », s’émeut le Rennais.
La Cigale 2006,
Avec du recul, Yvan Cassar pense que la défiance initiale d’hallyday à son égard aura été bénéfique. « Cette entrée en matière difficile a fait la richesse de notre relation. Mon point de vue sur lui et son oeuvre était différent. Je pouvais prendre du recul, écouter de manière objective. »
Après s’être longtemps dérobé, Yvan Cassar accepte de partir en tournée avec l’idole des jeunes en 2006. Cette année-là, il dit avoir vécu des moments d’exception avec Johnny, durant une série de concerts à La Cigale. « Je l’ai vu prendre un bain de jouvence pendant une semaine, devant 700 personnes chaque soir, alors qu’il était habitué aux foules immenses. J’ai compris où sa passion de la musique avait pris sa source, pendant son adolescence. [...] Cette semainelà, j’avais aussi fêté mes quarante ans. Johnny voulait que je me mette à la guitare, il m’avait gâté en m’offrant une Martin. Après ça, je n’avais plus d’excuse ! »