Nice-Matin (Cannes)

Karim Rissouli

COMBAT LA PROPAGANDE

- Karim Rissouli sur le plateau de MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr La Fabrique du mensonge, ce dimanche à 20 h 55, sur France 5.

Le présentate­ur de C ce soir sur France 5 propose, ce dimanche, un nouveau numéro de La Fabrique du mensonge consacré à la propagande russe avec un documentai­re suivi d’un débat.

France 5 diffuse, ce dimanche, le documentai­re d’elsa Guiol, consacré à la Russie et à sa faculté à propager des fake news aux quatre coins de la planète pour déstabilis­er les démocratie­s occidental­es, une pratique courante sur laquelle certains pays, dont la France, ont enfin accepté d’ouvrir les yeux avec la guerre en Ukraine. Animée par Karim Rissouli, présentate­ur de C ce soir sur France 5, la soirée se poursuivra avec un plateau de 30 minutes qui prolongera le débat autour de cette thématique de la propagande russe.

Qu’est-ce qui vous frappe après avoir vu le documentai­re d’elsa Guiol ?

La naïveté qui était la nôtre depuis dix ans. Tout était sous nos yeux mais on ne voulait pas voir. L’évidence est là, la Russie est championne du monde dans la fabricatio­n du mensonge.

Comment expliquez-vous cette faculté de la Russie à exceller dans ce domaine ?

Il y a un sujet fondamenta­l en Russie, c’est que L’URSS n’a jamais fait de devoir de mémoire, le rapport à la vérité est très compliqué à mettre en place en Russie, notamment sur les agissement­s du passé.

Quel est l’intérêt pour le Kremlin de semer le doute ?

La fabrique du doute, ailleurs, peut mener à la déstabilis­ation des démocratie­s occidental­es, l’exemple américain est le plus frappant avec la campagne de Hillary Clinton torpillée pour favoriser l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Même encore aujourd’hui, la société américaine est agitée par des mouvements venus depuis Saint-pétersbour­g. La France a été touchée avec les

Gilets Jaunes, la Catalogne aussi lors d’une crise politique en 2017, tout ceci est favorisé par la constructi­on massive de fake news depuis la Russie.

Est-ce lié à Vladimir Poutine ou est-ce un système étatique ?

C’est difficile d’avoir la réponse. Ce qui est certain, c’est qu’evgueni Prigojine, le fondateur de la milice Wagner, est un homme créé par Vladimir Poutine. Et Wagner possède des fermes à trolls à Saintpéter­sbourg qui fabriquent des fausses informatio­ns, c’est une guerre dans la guerre, une guerre hybride, c’est une guerre nouvelle qui se passe sur un autre terrain que celui militaire. Aujourd’hui, la Russie est capable de fabriquer les arguments A, B et C à une même fausse informatio­n pour couvrir la vérité. Bolsonaro s’en est servi pour les élections de 2014, l’arabie Saoudite et la Chine ont les mêmes armes aussi, ce sont souvent des régimes totalitair­es et autoritair­es qui ont recours à ce genre de procédés de fake news.

Quelle est la position à adopter ?

Comment mener ce combat sans devenir protagonis­te ? En

Afrique, on l’a vu, la Russie a fabriqué des fausses informatio­ns autour de l’armée française pour la discrédite­r. Cette propagande passe aussi par la diffusion de dessins animés orientés, par exemple. Du coup, on a vu des manifestat­ions anti-françaises avoir lieu dans certaines villes d’afrique de l’ouest. La France peut combattre cette propagande et rétablir la vérité des faits mais cela demande du temps et des moyens.

L’arrivée à la tête de Twitter d’elon Musk ne va pas aider à contrôler les non ?

fake news,

Cela rend la lutte encore plus compliquée. Car le contrôle des informatio­ns, notamment sur les réseaux sociaux, est entre les mains de toutes ces grandes entreprise­s et Elon Musk, qui ne souhaite pas réguler Twitter, peut avoir des conséquenc­es, notamment sur la prochaine élection présidenti­elle américaine à laquelle Donald Trump va se représente­r. Les réseaux sociaux peuvent amener une fausse informatio­n dans un débat politique, on l’a vu avec le bombardeme­nt de la maternité de Marioupol qui a été démentie par les Russes sur les réseaux sociaux, accusant l’ukraine d’employer des comédiens. µcet argument a été repris par Ségolène Royal en France… Quand vous installez le doute dans le débat politique, vous avez planté la graine.

La Russie peut-elle revenir dans le concert des Nations aujourd’hui ?

Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, était encore invité au G20 le mois dernier. C’est comme si un représenta­nt du IIIE Reich avait siégé à une conférence internatio­nale durant la Seconde Guerre mondiale, ça semble fou. La Russie est sans doute trop puissante pour être bannie du concert des Nations mais Vladimir Poutine, lui, c’est différent. Il y a des choix à faire et dans 50 ou 60 ans, on nous jugera pour ces choix. L’important, c’est qu’aujourd’hui, on a ouvert les yeux, on n’est plus naïfs. Il y a eu une prise de conscience sur le fonctionne­ment de la propagande russe.

« L’évidence est là, la Russie est championne du monde dans la fabricatio­n du mensonge »

Le documentai­re d’elsa Guiol nous montre l’offensive lente et discrète qui se répand partout dans le monde : de la crise indépendan­tiste en Catalogne à la dernière Présidenti­elle à Madagascar en passant par la défaite de Hillary Clinton et la crise au Sahel. Derrière tous ces événements : l’ombre des Russes. Comment le Kremlin a-t-il réussi en à peine dix ans à faire vaciller les démocratie­s occidental­es et à influencer les opinions politiques en diffusant propagande­s et fausses informatio­ns jusqu’à atteindre des personnali­tés de premier plan. Une guerre qui dispose d’un nouvel arsenal multiple et protéiform­e : les réseaux sociaux, les médias d’état, les influenceu­rs, les trolls et les bots.

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(Photo Nathalie Guyon - FTV) La Fabrique du mensonge.

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