Karim Rissouli
COMBAT LA PROPAGANDE
Le présentateur de C ce soir sur France 5 propose, ce dimanche, un nouveau numéro de La Fabrique du mensonge consacré à la propagande russe avec un documentaire suivi d’un débat.
France 5 diffuse, ce dimanche, le documentaire d’elsa Guiol, consacré à la Russie et à sa faculté à propager des fake news aux quatre coins de la planète pour déstabiliser les démocraties occidentales, une pratique courante sur laquelle certains pays, dont la France, ont enfin accepté d’ouvrir les yeux avec la guerre en Ukraine. Animée par Karim Rissouli, présentateur de C ce soir sur France 5, la soirée se poursuivra avec un plateau de 30 minutes qui prolongera le débat autour de cette thématique de la propagande russe.
Qu’est-ce qui vous frappe après avoir vu le documentaire d’elsa Guiol ?
La naïveté qui était la nôtre depuis dix ans. Tout était sous nos yeux mais on ne voulait pas voir. L’évidence est là, la Russie est championne du monde dans la fabrication du mensonge.
Comment expliquez-vous cette faculté de la Russie à exceller dans ce domaine ?
Il y a un sujet fondamental en Russie, c’est que L’URSS n’a jamais fait de devoir de mémoire, le rapport à la vérité est très compliqué à mettre en place en Russie, notamment sur les agissements du passé.
Quel est l’intérêt pour le Kremlin de semer le doute ?
La fabrique du doute, ailleurs, peut mener à la déstabilisation des démocraties occidentales, l’exemple américain est le plus frappant avec la campagne de Hillary Clinton torpillée pour favoriser l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Même encore aujourd’hui, la société américaine est agitée par des mouvements venus depuis Saint-pétersbourg. La France a été touchée avec les
Gilets Jaunes, la Catalogne aussi lors d’une crise politique en 2017, tout ceci est favorisé par la construction massive de fake news depuis la Russie.
Est-ce lié à Vladimir Poutine ou est-ce un système étatique ?
C’est difficile d’avoir la réponse. Ce qui est certain, c’est qu’evgueni Prigojine, le fondateur de la milice Wagner, est un homme créé par Vladimir Poutine. Et Wagner possède des fermes à trolls à Saintpétersbourg qui fabriquent des fausses informations, c’est une guerre dans la guerre, une guerre hybride, c’est une guerre nouvelle qui se passe sur un autre terrain que celui militaire. Aujourd’hui, la Russie est capable de fabriquer les arguments A, B et C à une même fausse information pour couvrir la vérité. Bolsonaro s’en est servi pour les élections de 2014, l’arabie Saoudite et la Chine ont les mêmes armes aussi, ce sont souvent des régimes totalitaires et autoritaires qui ont recours à ce genre de procédés de fake news.
Quelle est la position à adopter ?
Comment mener ce combat sans devenir protagoniste ? En
Afrique, on l’a vu, la Russie a fabriqué des fausses informations autour de l’armée française pour la discréditer. Cette propagande passe aussi par la diffusion de dessins animés orientés, par exemple. Du coup, on a vu des manifestations anti-françaises avoir lieu dans certaines villes d’afrique de l’ouest. La France peut combattre cette propagande et rétablir la vérité des faits mais cela demande du temps et des moyens.
L’arrivée à la tête de Twitter d’elon Musk ne va pas aider à contrôler les non ?
fake news,
Cela rend la lutte encore plus compliquée. Car le contrôle des informations, notamment sur les réseaux sociaux, est entre les mains de toutes ces grandes entreprises et Elon Musk, qui ne souhaite pas réguler Twitter, peut avoir des conséquences, notamment sur la prochaine élection présidentielle américaine à laquelle Donald Trump va se représenter. Les réseaux sociaux peuvent amener une fausse information dans un débat politique, on l’a vu avec le bombardement de la maternité de Marioupol qui a été démentie par les Russes sur les réseaux sociaux, accusant l’ukraine d’employer des comédiens. µcet argument a été repris par Ségolène Royal en France… Quand vous installez le doute dans le débat politique, vous avez planté la graine.
La Russie peut-elle revenir dans le concert des Nations aujourd’hui ?
Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, était encore invité au G20 le mois dernier. C’est comme si un représentant du IIIE Reich avait siégé à une conférence internationale durant la Seconde Guerre mondiale, ça semble fou. La Russie est sans doute trop puissante pour être bannie du concert des Nations mais Vladimir Poutine, lui, c’est différent. Il y a des choix à faire et dans 50 ou 60 ans, on nous jugera pour ces choix. L’important, c’est qu’aujourd’hui, on a ouvert les yeux, on n’est plus naïfs. Il y a eu une prise de conscience sur le fonctionnement de la propagande russe.
« L’évidence est là, la Russie est championne du monde dans la fabrication du mensonge »
Le documentaire d’elsa Guiol nous montre l’offensive lente et discrète qui se répand partout dans le monde : de la crise indépendantiste en Catalogne à la dernière Présidentielle à Madagascar en passant par la défaite de Hillary Clinton et la crise au Sahel. Derrière tous ces événements : l’ombre des Russes. Comment le Kremlin a-t-il réussi en à peine dix ans à faire vaciller les démocraties occidentales et à influencer les opinions politiques en diffusant propagandes et fausses informations jusqu’à atteindre des personnalités de premier plan. Une guerre qui dispose d’un nouvel arsenal multiple et protéiforme : les réseaux sociaux, les médias d’état, les influenceurs, les trolls et les bots.