Nice-Matin (Cannes)

« On est à plus 60 % de demandes d’asile »

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Pierre Dotta : Plutôt que de faire un projet de loi sur l’immigratio­n, un sujet clivant, pourquoi ne pas faire de référendum, en posant plusieurs questions ?

Je suis un modeste ministre. Le pouvoir de faire de référendum revient au Président ou aux parlementa­ires. Mais pourquoi pas ? Je suis très gaullisme. Le référendum est une bonne chose. L’immigratio­n est un sujet clivant et très complexe, car il touche à la vie des gens qui viennent sur notre sol et celle de nos fonctionna­ires qui appliquent les règles. Ce n’est pas évident quand on refuse des papiers à des personnes qui fuient la misère, à des réfugiés climatique­s. La politique d’immigratio­n ne va pas s’arrêter quels que soient les gouverneme­nts. Dans toute l’europe, on est à plus 60 % de demandes d’asile depuis le 1er janvier. Le changement en Italie, avec l’extrême droite au pouvoir, n’a rien changé. Chez nous, on doit se demander quelle immigratio­n nous voulons.

Qu’est-ce qu’on exige des étrangers quand ils viennent sur notre sol et comment on fait respecter cela. Ça mérite un long débat.

Alain Chevalliez : Pour quelles raisons les personnes soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sontelles laissées libres et rarement reconduite­s à la frontière ?

Pour plein de raisons. C’est évidemment un échec pour nous tous. Un échec qui existe depuis 2006, date de la création de ces OQTF pour les étrangers en situation irrégulièr­e. Il y a les mêmes problèmes partout en Europe. D’ailleurs, la France est le pays qui a le taux d’exécutions le plus haut et pourtant, il n’est pas bon. On est à plus de 21 % d’expulsions depuis le 1er janvier par rapport à l’année dernière. Pour les rendre plus efficaces, il faut simplifier notre droit. Aujourd’hui un étranger a jusqu’à douze voies de recours. C’est beaucoup trop. Dans le projet de loi, on passera à quatre recours.

On divisera aussi par deux le temps de ces recours qui peuvent prendre un an et demi, ce qui laisse la possibilit­é de faire un enfant, par amour j’imagine, et de ne plus être expulsable. Il faut aussi une meilleure relation diplomatiq­ue avec les pays qui reçoivent ces personnes, dont on ne connaît pas forcément l’origine. Il faut que ces pays soient d’accord. Il faut aussi pouvoir prendre leur empreinte pour les identifier, ce qui nous est interdit pour l’instant. Pendant le Covid, on n’a pas renvoyé ces personnes, parce qu’il n’y avait pas d’avion. On s’est concentré sur les étrangers délinquant­s, avec de très bons résultats, soit 3 200 expulsions depuis deux ans. C’està-dire 300 % de plus que sous le précédent quinquenna­t. Nous souhaitons également mettre fin à la fin de la double peine.

Lucie Guerra : Vous avez déclaré vouloir créer un titre de séjour temporaire pour des étrangers illégaux qui travaillen­t dans des métiers en tension. Quelle durée ? Que prévoyez-vous une fois ce délai passé ?

On s’est moqué de moi quand j’ai dit que je voulais être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants, mais c’est assez clair. On veut intégrer et accueillir tous ceux qui veulent respecter les règles de la République et dont on a besoin. Je rappelle que 20 % des médecins qui nous ont soignés pendant la Covid étaient étrangers. Et on veut expulser tous ceux qui crachent sur notre drapeau. Il y a des emmerdeurs qui continuent à nous emmerder. Aujourd’hui, on n’accueille pas assez de gens qui doivent travailler chez nous. Et donc certains travaillen­t au noir, notamment en cuisine. On veut arrêter l’hypocrisie. Ce titre de séjour provisoire d’un an sera possible uniquement pour ceux qui n’ont aucun casier judiciaire. Et on ne permet pas le regroupeme­nt familial. Au bout d’un an, cette personne doit réussir un examen de français et toujours travailler dans un métier en tension.

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