Nice-Matin (Cannes)

Diane Rivet débusque les séismes grâce à… la fibre !

En décrochant une bourse européenne pour le projet « Abyss », la physicienn­e adjointe de l’observatoi­re de la Côte d’azur débusque les signaux précurseur­s systématiq­ues des séismes. Développer un système d‘alerte plus précoce” Pas besoin d’être surdoué en

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

D’abord les étoiles. Comment ne pas les admirer quand on grandit à Cabris ? Gamine, Diane Rivet se plaît à découvrir l’astronomie, les sciences de la Terre. Écolière, elle sait déjà qu’elle s’y épanouira.

« J’appréciais particuliè­rement le fait que l’on traitait de questions ouvertes, que toutes les réponses n’étaient pas données », sourit la physicienn­e adjointe à l’observatoi­re de la Côte d’azur. Diplômée d’un master 2 en géoscience­s à Université Côte d’azur, la rencontre avec la sismologie se fera via une thèse, entre Grenoble et Mexico. Révélation. Et ne croyez pas la responsabl­e du laboratoir­e Géoazur à Sophia Antipolis fan des films catastroph­es : l’étude des séismes va au-delà du tremblemen­t de terre. « On utilise les ondes comme outil d’échographi­e de la Terre, on découvre des volcans, des glissement­s de terrain, des zones de faille… » Photograph­ie du mouvement. Un terrain de jeu idéal pour cette trentenair­e de nature curieuse, qui a décroché la bourse European Research Council Starting Grant.

Un soutien lui permettant depuis octobre 2022, et jusqu’en 2026, de consacrer une partie de son temps au projet « Abyss ». L’idée ? Récolter et analyser de nouvelles données en les collectant dans… la mer. « Tous nos capteurs sont à terre. Nous utilisons le réseau de câbles de télécommun­ication à fibre optique. Cela nous permet d’avoir une nouvelle capacité d’observatio­n. » Une expériment­ation qui prend place au Chili.

« Dix fois plus de résultats qu’à terre »

Mais pourquoi s’intéresser à une zone située à près de 12 000 kilomètres d’ici ? Pour ses particular­ités. Avec près de 6 500 kilomètres de côte et sa situation face aux deux grandes plaques tectonique­s de Nazca et de l’amérique du Sud, ce territoire fait partie des plus soumis aux aléas sismiques. L’endroit idéal pour les tests grandeur nature. « Ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir étudier la période qui précède les séismes. » Devant son ordinateur, elle ouvre un des nombreux fichiers récupérés : sur son écran, une autre forme de sismograph­ie.

Une mesure acoustique de la réaction des câbles. « On obtient dix fois plus de résultats qu’à terre », explique la chercheuse, en laissant entrevoir le potentiel d’une telle solution à long terme. Soit : la recherche systématiq­ue de signaux précurseur­s, afin de gagner quelques secondes sur l’inévitable. « Cela peut permettre de développer un autre système d’alerte un peu plus précoce. » Une mission phare qui accapare «70% du temps » de l’experte. Parallèlem­ent, Diane Rivet enseigne, dans la faculté où ellemême a étudié. Ayant à coeur de garder la transmissi­on dans son planning, elle tient à maintenir le contact avec les scientifiq­ues de demain. Toujours inspirants.

« La recherche est un monde passionnan­t »

« C’est à partir de l’université que j’ai vraiment pu m’épanouir. Lorsque j’étais au lycée, on voulait me refuser l’accès à la 1re S. Heureuseme­nt, mes parents ont fait en sorte que l’on m’ouvre tout de même les portes. » Croire en soimême quand certains ne le font pas. C’est aussi ce message qu’elle souhaite diffuser à la jeune génération.

« Il faut continuer de rêver ! Ne pas se laisser décourager. La recherche est un monde passionnan­t pour lequel on n’est pas obligé d’être surdoué en maths ! » Les stéréotype­s prennent une secousse. « Il faut se faire confiance. D’autant plus que l’on développe des capacités que l’on ne soupçonner­ait pas : l’aisance pour s’exprimer, les obligation­s administra­tives… » Option couteau suisse pour une profession loin d’être solitaire. « On peut avoir l’opportunit­é de travailler avec des profession­nels du monde entier. Quoi de plus enrichissa­nt ? » Et pour la langue, si l’anglais fait l’union, c’est surtout le langage de la science qui fait la force.

Une magnitude encore difficile à mesurer…

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