Bio express
Deux chimistes : Rachid Benhida et Cyril Ronco, et un biologiste : ont fondé une start-up qui développe une méthode innovante contre les cancers en panne de traitements.
Une nouvelle famille de molécules capables de favoriser la mort des cellules cancéreuses. Cette découverte majeure, réalisée grâce à une collaboration étroite avec Rachid Benhida et Cyril Ronco (Institut de chimie de Nice) a valu à Stéphane Rocchi, 54 ans, directeur de recherches au sein du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M), d’obtenir le Grand prix d’innovation i-lab (Bpifrance). « Nous étions sur la piste de nouvelles molécules pourvues de propriétés anti-mélanome, lorsque nous avons mis en évidence cette famille de composés, inconnus jusque-là, et d’autant plus intéressants qu’ils détruisent les cellules tumorales sans affecter les cellules normales. »
Un enfant du pays
Ces études ont abouti à la publication de nombreux articles et au dépôt de six brevets. « Pour concrétiser nos recherches et essayer de fournir des solutions thérapeutiques aux patients atteints de cancers, nous avons décidé de co-fonder, en juillet 2021,
Stéphane Rocchi a souhaité poursuivre ses recherches sur ses terres natales, malgré des offres aux États-unis.
une start-up, Biper Therapeutics, qui développe des petites molécules de première catégorie pour traiter les cancers orphelins [en panne de traitements, Ndlr] très résistants. » La société vient de réaliser sa première levée de fonds d’amorçage pour faire progresser son programme de développement », se réjouit Stéphane Rocchi.
Une belle récompense pour ce chercheur aussi discret
«que brillant, qui a décliné toutes les offres de postes à l’étranger – aux USA en particulier – pour poursuivre sa carrière sur sa terre de naissance. « Je suis villefranchois depuis plusieurs générations. Mon grand-père était horticulteur, et j’habite aujourd’hui la Maison des métayers, dernier de ses biens, après avoir tout perdu, lors du terrible hiver 1956 [l’un des plus froids du XXE siècle, Ndlr]. La grêle
naît à Nice. doctorat en sciences de la vie, mention très honorable avec félicitations du jury. Laboratoire d’accueil :
Inserm unité 145 à Nice, dirigé par le Pr E. Van Obberghen, Nice.
31 octobre 1968 : Etudes : Prix :
- 2022 : Grand prix d’innovation i-lab (Bpifrance)
- 2020-2024 : prime d’encadrement doctoral et de recherche.
- 2018 : obtention du programme
« Sanofi Innovation Awards Europe ». - 2017 : prix Henry et Mary-jane Mitjavile Académie nationale de médecine.
- 2017 : prix de la meilleure publication scientifique de la faculté de médecine de Nice. avait détruit toutes ses »
Vocation tardive
serres.
Aucun scientifique dans ses ascendants, et une vocation pour la recherche plutôt tardive. Stéphane Rocchi n’en fait pas mystère : « Titulaire du bac, je voulais faire des études courtes. Aussi, j’ai opté pour un IUT. Mais le quotidien de technicien de laboratoire, métier auquel cette formation
m’avait préparé, ne m’a pas convenu. » Le jeune homme rejoint alors la faculté des sciences de Nice. « Grâce à une équivalence, j’ai pu intégrer une licence de biochimie. » Une révélation. Âgé d’une vingtaine d’années, Stéphane n’a plus de doute : il veut faire de la recherche. Après son DEA (équivalent du master 2), et alors qu’il est déjà papa d’un jeune garçon, il suit une formation doctorale au sein du laboratoire Inserm dirigé par Emmanuel Van Obberghen, leader dans le domaine du diabète. Titulaire d’une thèse en sciences de la vie, il quitte quelques années ses terres natales, pour un « post-doc » à Strasbourg, où il poursuit ses recherches très prolifiques dans le domaine de l’insulinorésistance.
Il réalise de nombreuses découvertes dans ce domaine. Mais, peu de temps après son retour à Nice, c’est au service d’une autre maladie, le mélanome, qu’il poursuit ses recherches. Et en 2018, il crée avec un médecin, le Pr Thierry Passeron, son propre groupe de recherche. Son quotidien, aujourd’hui qu’il a quasiment atteint le grade le plus élevé dans la recherche ? « Beaucoup de gestion, de recherche de financements, d’écriture de publications scientifiques, de rapports périodiques… » Loin de ses paillasses qu’il a fréquentées pendant des années. Mais au plus près de sa passion toujours intacte pour la recherche médicale.