Tout le monde a intérêt à des aires marines protégées”
Que distingue le prix Natura 2000 de l’office français de la biodiversité, que vous avez reçu ?
Le projet Recif, porté par Université Côte d’azur, est un inventaire de la biodiversité
Un travail énorme y a été mené, par des plongeurs qui font des recensements visuels sous-marins. Il y en a eu
500 par saison, on a fait deux saisons, une chaude, une froide. On identifie les espèces de poissons, leur taille, leur nombre.
Avec quels résultats ?
Les zones sans aucune pêche représentent 1,12 % en Paca, c’est très peu. Dans ces zones étudiées, l’état incite les collectivités locales à ce type de démarche, avec les prud’homies de pêche. Tout le monde y a intérêt. Faire ce genre de réserves marines, c’est permettre aux poissons, aux larves, de se développer. Cela a un effet de réserve, qui profite à toutes les zones autour.
Que diriez-vous pour présenter votre domaine de recherche ?
Depuis cinq ans, j’étudie la protection de la biodiversité à travers les aires marines protégées. J’ai toujours été passionné par le milieu marin, mais ce n’était pas mon sujet de recherche à l’origine.
Je travaillais en cancérologie.
Pourquoi ce nouveau cap ?
Je suis presque reparti à zéro. J’ai changé de sujet de recherche, car j’ai estimé qu’il était plus de mon devoir, en tant que scientifique, d’aider à la protection de l’environnement.
Ce sont des événements de la vie qui m’ont amené à ce cheminement. Actuellement, je vois la convergence de mes deux domaines d’expertise, puisque nous étudions la biodiversité marine à travers L’ADN environnemental.
Comment cela fonctionne-t-il ?
On aspire de l’eau de mer, on filtre cette eau, et ensuite on analyse L’ADN environnemental qui se trouve sur ces filtres. Un petit poisson comme la blennie, qui fait trois centimètres, vous ne la verrez jamais.
Mais elle va laisser une trace ADN qu’on peut identifier.
On ne connaîtra pas la quantité de blennies, mais la présence, ou l’absence. Ce qui est déjà une information très importante pour la biodiversité.
Son effondrement vous inquiète ?
C’est quelque chose d’effrayant. J’ai le nez dedans et cela me glace le sang. J’ai aussi créé une association sur la protection des abeilles et là encore, on a un effondrement de la biodiversité des insectes, de 75 à 80 %. C’est colossal. D’autant plus que les insectes et les invertébrés sont à la base de toute la chaîne alimentaire.
Comment partagez-vous vos savoirs ?
Je participe à toute vulgarisation scientifique, j’essaie de contribuer à transmettre.
Je tire des sonnettes d’alarme sur l’effondrement. Par souci de transmission, j’enseigne également, je parle aux étudiants des menaces sur la biodiversité.