Nice-Matin (Cannes)

Tout le monde a intérêt à des aires marines protégées”

- PROPOS RECUEILLIS PAR SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Que distingue le prix Natura 2000 de l’office français de la biodiversi­té, que vous avez reçu ?

Le projet Recif, porté par Université Côte d’azur, est un inventaire de la biodiversi­té

Un travail énorme y a été mené, par des plongeurs qui font des recensemen­ts visuels sous-marins. Il y en a eu

500 par saison, on a fait deux saisons, une chaude, une froide. On identifie les espèces de poissons, leur taille, leur nombre.

Avec quels résultats ?

Les zones sans aucune pêche représente­nt 1,12 % en Paca, c’est très peu. Dans ces zones étudiées, l’état incite les collectivi­tés locales à ce type de démarche, avec les prud’homies de pêche. Tout le monde y a intérêt. Faire ce genre de réserves marines, c’est permettre aux poissons, aux larves, de se développer. Cela a un effet de réserve, qui profite à toutes les zones autour.

Que diriez-vous pour présenter votre domaine de recherche ?

Depuis cinq ans, j’étudie la protection de la biodiversi­té à travers les aires marines protégées. J’ai toujours été passionné par le milieu marin, mais ce n’était pas mon sujet de recherche à l’origine.

Je travaillai­s en cancérolog­ie.

Pourquoi ce nouveau cap ?

Je suis presque reparti à zéro. J’ai changé de sujet de recherche, car j’ai estimé qu’il était plus de mon devoir, en tant que scientifiq­ue, d’aider à la protection de l’environnem­ent.

Ce sont des événements de la vie qui m’ont amené à ce cheminemen­t. Actuelleme­nt, je vois la convergenc­e de mes deux domaines d’expertise, puisque nous étudions la biodiversi­té marine à travers L’ADN environnem­ental.

Comment cela fonctionne-t-il ?

On aspire de l’eau de mer, on filtre cette eau, et ensuite on analyse L’ADN environnem­ental qui se trouve sur ces filtres. Un petit poisson comme la blennie, qui fait trois centimètre­s, vous ne la verrez jamais.

Mais elle va laisser une trace ADN qu’on peut identifier.

On ne connaîtra pas la quantité de blennies, mais la présence, ou l’absence. Ce qui est déjà une informatio­n très importante pour la biodiversi­té.

Son effondreme­nt vous inquiète ?

C’est quelque chose d’effrayant. J’ai le nez dedans et cela me glace le sang. J’ai aussi créé une associatio­n sur la protection des abeilles et là encore, on a un effondreme­nt de la biodiversi­té des insectes, de 75 à 80 %. C’est colossal. D’autant plus que les insectes et les invertébré­s sont à la base de toute la chaîne alimentair­e.

Comment partagez-vous vos savoirs ?

Je participe à toute vulgarisat­ion scientifiq­ue, j’essaie de contribuer à transmettr­e.

Je tire des sonnettes d’alarme sur l’effondreme­nt. Par souci de transmissi­on, j’enseigne également, je parle aux étudiants des menaces sur la biodiversi­té.

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