Fibromes utérins : QUELS SONT LES AVANTAGES DE L’EMBOLISATION ?
Le chiffre
Règles abondantes, saignements en dehors des cycles, douleurs pelviennes, constipation, troubles de la fertilité… Il peut s’agir de symptômes d’un fibrome utérin, une tumeur non-cancéreuse qui s'installe sur la paroi interne de l'utérus (myomètre). Une pathologie extrêmement fréquente, puisqu’elle concerne, selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 20 à 30 % des femmes blanches et 50 % des femmes noires, tous âges confondus. À 50 ans, 70 à 80 % des femmes sont confrontées à cette maladie gynécologique. « Les fibromes utérins se présentent sous forme de petites masses circulaires de tailles différentes et en nombre très variables. Selon les cas, ils peuvent passer inaperçus ou avoir un retentissement sur la vie des femmes. Si
Selon l’association « Fibrome
Info France », le fibrome utérin représente en France la cause principale d’hystérectomie : chaque année, plus de 75 000 ablations d’utérus sont pratiquées sur l’ensemble du territoire.
◆ Projet de grossesse
En raison du risque d’infertilité, l’embolisation est déconseillée aux femmes ayant un désir de grossesse. « On conseille plutôt la myomectomie, qui consiste en l’ablation chirurgicale d’un ou plusieurs la patiente a des symptômes, la méthode instrumentale est souvent envisagée car, à ce jour, la solution médicamenteuse reste inefficace », résume le Dr Sébastien Novellas, radiologue interventionnel à l’institut Arnaulttzanck de Saint-laurent-du-var. En fonction de l’âge de la patiente, de la taille et du nombre de fibromes utérins, du désir ou non de grossesse (lire ci-dessous), trois options chirurgicales sont envisageables : «Àce jour, l’hystérectomie ou ablation de l’utérus est la méthode la plus utilisée ; elle est proposée à des femmes qui n’ont pas, ou plus, de désir de grossesse. Cette intervention stoppe définitivement le risque de récidive, mais elle est aussi très radicale. »
Par ailleurs, cette ablation peut s’accompagner d’une souffrance psychologique parfois peu prise en compte. « L’aspect psychologique est très lourd. Pour beaucoup de femmes, ne plus avoir d’utérus signifie ne plus avoir de féminité », souligne le Dr Sébastien Novellas. Peu de patientes le savent, mais il existe une alternative aux traitements chirurgicaux : l’embolisation, qui présente de nombreux avantages.
fibromes, avec conservation de l’utérus et des ovaires. » Cependant, cette méthode n’est pas sans risque. La patiente peut avoir une synéchie, c’est-à-dire un accolement de deux faces de la cavité utérine, lequel peut être responsable de fausses couches. La myomectomie peut également entraîner des troubles de la contractivité au moment de l’accouchement. « À cause des cicatrices de l’utérus,
1. Faiblement invasif
Avec l’aide d’un guidage par l’imagerie médicale, l’embolisation consiste à injecter des microbilles dans les vaisseaux irriguant le fibrome, afin d’entraîner sa nécrose, puis sa destruction. Le fibrome ne disparaît pas, mais diminue de volume progressivement, ce qui améliore les symptômes.
L’embolisation est réalisée par un radiologue interventionnel. « On n’ouvre pas le ventre de la patiente, on ne passe pas par les voies naturelles, et on conserve l’utérus. On utilise une simple perfusion pour accéder aux fibromes », détaille le Dr Sébastien Novellas. L’embolisation peut se faire sous anesthésie locale ou générale. Elle est possible en traitement ambulatoire.
2. Très efficace
Le traitement par embolisation réduit considérablement les symptômes de la maladie (particulièrement les hémorragies et la sensation de compression du bas-ventre). Le fibrome perd 60 % de son volume après le traitement, et le risque de récidive est très faible. Selon l’association « Fibrome Info France », le taux d’échec immédiat de l’embolisation est estimé à 5 % et, à long terme, à 15 % « Dans la littérature scientifique, l’embolisation est équivalente à l’hystérectomie en termes d’efficacité », précise le Dr Sébastien Novellas.
les contractions peuvent être moins efficaces. »
◆ Volume des fibromes On ne pratique pas d’embolisation si le volume total des fibromes est trop important. « En effet, l’embolisation provoque une nécrose, qui s’élimine ensuite dans le sang et les voies urinaires. Si le volume esttropgros,lerisque de réaction inflammatoire est très élevé. »
Tumeurs bénignes de l’utérus, les fibromes utérins peuvent être très douloureux. Pour les traiter, il existe l’embolisation. Ce traitement – très efficace mais peu connu – représente une véritable alternative aux traitements chirurgicaux comme l’ablation de l’utérus. 3. Récupération rapide
Le traitement par embolisation permet un retour rapide au travail (environ 10 jours). « C’est beaucoup moins long qu’avec une hystérectomie, où la convalescence dure un mois minimum. »
4. Peu de complications
Il n’existe pas de complications graves après l’embolisation. « Il peut y avoir une infection du fibrome, mais cela reste rare. » Seul effet secondaire notable : la douleur qui suit l’intervention dans les 48 heures. « Lorsque le fibrome utérin est nécrosé et détruit, l’oxygénation diminue et cela provoque une forte douleur. Nous avons mis en place un protocole pour accompagner nos patientes. Elles sont contactées toutes les 48 heures pour faire le point sur leurs sensations. » Les douleurs disparaissent totalement au bout d’une quinzaine de jours. Chaque année, une cinquantaine d’embolisations des fibromes utérins sont pratiquées à l’institut Arnaulttzanck. Un nombre très faible par rapport à l’ablation de l’utérus.
Et la destruction des fibromes par ultrasons ?
Depuis 2007, un autre procédé non-invasif se pratique en France. Il s’agit du traitement des fibromes par ultrasons. Allongée dans le tunnel de L’IRM, la patiente reçoit des ultrasons de fortes intensités à travers la peau. L’échauffement permet alors de détruire les
Toujours peu connue
L’embolisation des fibromes utérins se pratique en France depuis 1990. Pourtant, 30 ans plus tard, cette méthode – peu invasive – demeure peu connue et peu utilisée. Certains gynécologues ne conseillent pas systématiquement l’embolisation à leurs patientes et privilégient la chirurgie. De plus, les radiologues interventionnels – médecins qui utilisent l’imagerie pour repérer les fibromes et pratiquer l’embolisation – sont peu nombreux sur le territoire. « Dans les Alpesmaritimes, nous sommes une quinzaine et dans certains départements, notre profession n’est pas représentée du tout », regrette le Dr Novellas.
« L’embolisation est equivalente à l’hystérectomie en termes d’efficacité »
fibromes sans endommager les tissus. « Cependant, cette technique pose de nombreux problèmes, nuance le Dr Novellas. Tout d’abord, il faut rester au moins deux heures dans le cabinet D’IRM, c’est très long. De plus, cette méthode nécessite un équipement bien spécifique. Enfin, tous les fibromes ne sont pas accessibles à cette technique selon leur position anatomique. »