Nice-Matin (Cannes)

Fibromes utérins : QUELS SONT LES AVANTAGES DE L’EMBOLISATI­ON ?

Le chiffre

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr 1. L’hystérecto­mie, qui correspond à l’ablation de l’utérus ; la myomectomi­e, consistant en l’ablation chirurgica­le d’un ou de plusieurs fibromes, avec conservati­on de l’utérus et des ovaires ; et enfin l’hystérosco­pie

Règles abondantes, saignement­s en dehors des cycles, douleurs pelviennes, constipati­on, troubles de la fertilité… Il peut s’agir de symptômes d’un fibrome utérin, une tumeur non-cancéreuse qui s'installe sur la paroi interne de l'utérus (myomètre). Une pathologie extrêmemen­t fréquente, puisqu’elle concerne, selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 20 à 30 % des femmes blanches et 50 % des femmes noires, tous âges confondus. À 50 ans, 70 à 80 % des femmes sont confrontée­s à cette maladie gynécologi­que. « Les fibromes utérins se présentent sous forme de petites masses circulaire­s de tailles différente­s et en nombre très variables. Selon les cas, ils peuvent passer inaperçus ou avoir un retentisse­ment sur la vie des femmes. Si

Selon l’associatio­n « Fibrome

Info France », le fibrome utérin représente en France la cause principale d’hystérecto­mie : chaque année, plus de 75 000 ablations d’utérus sont pratiquées sur l’ensemble du territoire.

◆ Projet de grossesse

En raison du risque d’infertilit­é, l’embolisati­on est déconseill­ée aux femmes ayant un désir de grossesse. « On conseille plutôt la myomectomi­e, qui consiste en l’ablation chirurgica­le d’un ou plusieurs la patiente a des symptômes, la méthode instrument­ale est souvent envisagée car, à ce jour, la solution médicament­euse reste inefficace », résume le Dr Sébastien Novellas, radiologue interventi­onnel à l’institut Arnaulttza­nck de Saint-laurent-du-var. En fonction de l’âge de la patiente, de la taille et du nombre de fibromes utérins, du désir ou non de grossesse (lire ci-dessous), trois options chirurgica­les sont envisageab­les : «Àce jour, l’hystérecto­mie ou ablation de l’utérus est la méthode la plus utilisée ; elle est proposée à des femmes qui n’ont pas, ou plus, de désir de grossesse. Cette interventi­on stoppe définitive­ment le risque de récidive, mais elle est aussi très radicale. »

Par ailleurs, cette ablation peut s’accompagne­r d’une souffrance psychologi­que parfois peu prise en compte. « L’aspect psychologi­que est très lourd. Pour beaucoup de femmes, ne plus avoir d’utérus signifie ne plus avoir de féminité », souligne le Dr Sébastien Novellas. Peu de patientes le savent, mais il existe une alternativ­e aux traitement­s chirurgica­ux : l’embolisati­on, qui présente de nombreux avantages.

fibromes, avec conservati­on de l’utérus et des ovaires. » Cependant, cette méthode n’est pas sans risque. La patiente peut avoir une synéchie, c’est-à-dire un accolement de deux faces de la cavité utérine, lequel peut être responsabl­e de fausses couches. La myomectomi­e peut également entraîner des troubles de la contractiv­ité au moment de l’accoucheme­nt. « À cause des cicatrices de l’utérus,

1. Faiblement invasif

Avec l’aide d’un guidage par l’imagerie médicale, l’embolisati­on consiste à injecter des microbille­s dans les vaisseaux irriguant le fibrome, afin d’entraîner sa nécrose, puis sa destructio­n. Le fibrome ne disparaît pas, mais diminue de volume progressiv­ement, ce qui améliore les symptômes.

L’embolisati­on est réalisée par un radiologue interventi­onnel. « On n’ouvre pas le ventre de la patiente, on ne passe pas par les voies naturelles, et on conserve l’utérus. On utilise une simple perfusion pour accéder aux fibromes », détaille le Dr Sébastien Novellas. L’embolisati­on peut se faire sous anesthésie locale ou générale. Elle est possible en traitement ambulatoir­e.

2. Très efficace

Le traitement par embolisati­on réduit considérab­lement les symptômes de la maladie (particuliè­rement les hémorragie­s et la sensation de compressio­n du bas-ventre). Le fibrome perd 60 % de son volume après le traitement, et le risque de récidive est très faible. Selon l’associatio­n « Fibrome Info France », le taux d’échec immédiat de l’embolisati­on est estimé à 5 % et, à long terme, à 15 % « Dans la littératur­e scientifiq­ue, l’embolisati­on est équivalent­e à l’hystérecto­mie en termes d’efficacité », précise le Dr Sébastien Novellas.

les contractio­ns peuvent être moins efficaces. »

◆ Volume des fibromes On ne pratique pas d’embolisati­on si le volume total des fibromes est trop important. « En effet, l’embolisati­on provoque une nécrose, qui s’élimine ensuite dans le sang et les voies urinaires. Si le volume esttropgro­s,lerisque de réaction inflammato­ire est très élevé. »

Tumeurs bénignes de l’utérus, les fibromes utérins peuvent être très douloureux. Pour les traiter, il existe l’embolisati­on. Ce traitement – très efficace mais peu connu – représente une véritable alternativ­e aux traitement­s chirurgica­ux comme l’ablation de l’utérus. 3. Récupérati­on rapide

Le traitement par embolisati­on permet un retour rapide au travail (environ 10 jours). « C’est beaucoup moins long qu’avec une hystérecto­mie, où la convalesce­nce dure un mois minimum. »

4. Peu de complicati­ons

Il n’existe pas de complicati­ons graves après l’embolisati­on. « Il peut y avoir une infection du fibrome, mais cela reste rare. » Seul effet secondaire notable : la douleur qui suit l’interventi­on dans les 48 heures. « Lorsque le fibrome utérin est nécrosé et détruit, l’oxygénatio­n diminue et cela provoque une forte douleur. Nous avons mis en place un protocole pour accompagne­r nos patientes. Elles sont contactées toutes les 48 heures pour faire le point sur leurs sensations. » Les douleurs disparaiss­ent totalement au bout d’une quinzaine de jours. Chaque année, une cinquantai­ne d’embolisati­ons des fibromes utérins sont pratiquées à l’institut Arnaulttza­nck. Un nombre très faible par rapport à l’ablation de l’utérus.

Et la destructio­n des fibromes par ultrasons ?

Depuis 2007, un autre procédé non-invasif se pratique en France. Il s’agit du traitement des fibromes par ultrasons. Allongée dans le tunnel de L’IRM, la patiente reçoit des ultrasons de fortes intensités à travers la peau. L’échauffeme­nt permet alors de détruire les

Toujours peu connue

L’embolisati­on des fibromes utérins se pratique en France depuis 1990. Pourtant, 30 ans plus tard, cette méthode – peu invasive – demeure peu connue et peu utilisée. Certains gynécologu­es ne conseillen­t pas systématiq­uement l’embolisati­on à leurs patientes et privilégie­nt la chirurgie. De plus, les radiologue­s interventi­onnels – médecins qui utilisent l’imagerie pour repérer les fibromes et pratiquer l’embolisati­on – sont peu nombreux sur le territoire. « Dans les Alpesmarit­imes, nous sommes une quinzaine et dans certains départemen­ts, notre profession n’est pas représenté­e du tout », regrette le Dr Novellas.

« L’embolisati­on est equivalent­e à l’hystérecto­mie en termes d’efficacité »

fibromes sans endommager les tissus. « Cependant, cette technique pose de nombreux problèmes, nuance le Dr Novellas. Tout d’abord, il faut rester au moins deux heures dans le cabinet D’IRM, c’est très long. De plus, cette méthode nécessite un équipement bien spécifique. Enfin, tous les fibromes ne sont pas accessible­s à cette technique selon leur position anatomique. »

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 ?? (Photo DR) ?? Les fibromes utérins se présentent sous forme de masses circulaire­s (couleurs noires à gauche sur l’image).
(Photo DR) Les fibromes utérins se présentent sous forme de masses circulaire­s (couleurs noires à gauche sur l’image).
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