Le crépuscule d’une idole
37 ans, sans club et éliminé du Mondial au bout d’un tournoi sans éclat : la dernière phase de l’immense carrière de Ronaldo n’est pas à la hauteur de ce qui a précédé.
Bien sûr, il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour l’avenir financier de « CR7 », dont le nom a circulé du côté du club saoudien d’al-nassr, à des conditions annoncées comme étourdissantes.
Mais hier, il a quitté la Coupe du monde la tête basse, battu 1-0 par le Maroc avec le Portugal, qu’il aura donc réussi à conduire jusqu’à un titre européen en 2016 mais jamais au-delà de la demi-finale mondiale atteinte en 2006, quand il était encore un jeune premier, dribbleur compulsif et prêt à tout dévorer.
L’ombre de lui-même
Rien de tel cette fois-ci. Arrivé au Qatar au terme du feuilleton de son divorce houleux avec Manchester United, Ronaldo est apparu comme l’ombre de lui-même, joueur devenu anonyme.
Peu importe que son Mondial ait commencé par un record - un de plus -, quand son penalty réussi face au Ghana a fait de lui le premier joueur de l’histoire à marquer au moins un but lors de cinq Coupes du monde. Mais le reste a été insuffisant, avec des performances au mieux moyennes contre l’uruguay et la Corée du Sud au premier tour. Ces matches ont sans doute d’ailleurs précipité la décision forte du sélectionneur Fernando Santos de le laisser sur le banc pour le huitième de finale contre la Suisse (6-1). Il était apparu sur le terrain un gros quart d’heure, alors que le score était déjà acquis.
Record mondial de sélections
Lui s’arrête donc là alors que son grand rival depuis plus d’une décennie, Lionel Messi, reste en course pour le titre et les honneurs, qui ont toujours été pour le Portugais le moteur d’une colossale ambition, presque « anormale » comme le disait Zinédine Zidane, son ancien entraîneur au Real Madrid.
Mais la compétition qatarie a aussi confirmé que son statut n’était décidément plus tout à fait le même, y compris au sein d’une Seleçao qu’il a incarnée plus que quiconque au fil de ses 196 sélections et de ses 118 buts.
Ces 196 sélections, dont la dernière honorée contre le Maroc hier, constitue d’ailleurs un autre record mondial, à égalité avec le Koweïtien Bader al-mutawa. Mais qu’importe...
Avant le match de 8e de finale face à la Suisse, un sondage du quotidien sportif portugais A Bola avait ainsi cruellement mis en lumière le déclassement de la star, avec 70 % des votants se prononçant en faveur d’un séjour sur le banc pour CR7, peut-être lassés des manifestations d’ego d’un joueur aux performances redevenues ordinaires. La démonstration portugaise contre la Suisse (6-1) a aussi mis en exergue la force du collectif au détriment de son talent individuel. L’élimination relancera sans doute le débat. Mais force est de constater que sa rentrée en début de seconde période n’a pas permis de remédier à la stérilité offensive portugaise.
Rattrapé le temps qui passe
Quintuple vainqueur de la Ligue des champions, meilleur buteur de l’histoire de la compétition (140 buts), monstre de travail et d’exigence, Ronaldo a longtemps repoussé l’idée même de déclin et a continué à soigner son corps, principal instrument de sa domination, même quand l’ailier rapide s’est transformé en impitoyable avant-centre.
Avant le Mondial, il avait assuré vouloir pousser jusqu’à l’euro-2024 en sélection.
Mais même lui, ce dieu du stade, star partout où il est passé et marque globale, a été rattrapé par le temps qui passe. Et pas sûr qu’il aille au-delà de ses 196 sélections.