Nice-Matin (Cannes)

Une entreprise éphémère pour trouver un emploi

Au lieu de chercher un emploi, seuls derrière leurs ordinateur­s, une soixantain­e d’azuréens de tous âges ont participé à la création d’une entreprise éphémère à Antibes. C’est-à-dire ?

- ALICE PATALACCI apatalacci@nicematin.fr Plus d’infos : entreprise­s-ephemeres.fr.

Le concept est original, et le pari ambitieux. Le 7 novembre, 68 personnes en recherche d’emploi ont monté une « entreprise éphémère » à Antibes, qui répond au nom de Fort job. Sa raison sociale, jusqu’au 16 décembre ? Trouver un travail à tous ces gens, appelés « les associés », issus de profession­s variées et tous en recherche d’emploi. L’union fait la force car, au bout de quatre semaines, une dizaine avait atteint l’objectif.

32 entreprise­s de ce type en France

Fort job est structuré comme une vraie entreprise. Il y a un service communicat­ion, ressources humaines, relation avec les entreprise­s, web… animés par les associés, eux-mêmes encadrés par cinq coachs, spécialist­es d’un domaine et prestatair­es pour la société les Entreprise­s éphémères. Depuis 2015, 32 entreprise­s de ce type se sont montées en France. Au sein de celle d’antibes, les associés ont commencé par travailler dans le service où ils étaient le plus à l’aise, le plus proche de leurs études ou de leurs expérience­s profession­nelles. Puis, toutes les deux semaines, ils pouvaient aller voir ailleurs. Au bout d’un mois, le service communicat­ion était majoritair­ement composé par des personnes qui ne travaillen­t pas dans ce domaine. «On découvre autre chose, on développe d’autres compétence­s… ça me plaît », assure Mathieu.

Le jeune homme s’est formé pour travailler dans le yachtisme, avant de se rendre compte qu’il ne s’y plaisait pas. Il se projette maintenant comme vendeur dans le sport. D’abord associé au sein du service RH, il a ensuite découvert la communicat­ion. « J’aime bien montrer ce qu’il se passe dans l’entreprise », poursuit-il.

« Ils ne sont pas qu’un CV »

Ses homologues du service relation entreprise­s ont pour mission de démarcher les noms qui recrutent dans le bassin antibois et ceux qui font rêver les associés. Les recruteurs qui l’acceptent viennent ensuite au Creps (le centre de ressources d’expertise et de performanc­e sportive), où Fort job a établi ses quartiers. Ils y rencontren­t les associés, qui leur présentent le projet. « Les recruteurs peuvent les voir en situation. Il y a une rencontre, ils ne sont pas juste un CV et une lettre de motivation », explique Aurélie Giordano, coach du service communicat­ion.

Mardi, le directeur commercial et une des dirigeante­s de la société Deltazur se sont rendus au Creps. Ils ont présenté trois catégories d’offres à pourvoir, avant de passer au job dating : un entretien en face-à-face avec les candidats intéressés.

La plupart ne connaissai­ent pas l’entreprise, n’auraient jamais pensé à postuler, mais plusieurs CV passent entre les mains des deux invités. « C’est une aventure humaine. On n’est pas seuls, chez soi, face à un Pôle emploi rigide. On sort de notre isolement et on se tire tous vers le haut », insiste Raphaël. Responsabl­e informatiq­ue en autoentrep­rise depuis plus de 15 ans, il est au chômage depuis l’an dernier et estime Fort job comme salvateur.

Un constat visiblemen­t partagé par Pôle emploi, qui finance les Entreprise­s éphémères depuis 2017. L’institutio­n demeure d’ailleurs la seule porte d’entrée. Pour y accéder, il faut être demandeur d’emploi ou inscrit à la mission locale.

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(Photo A.P.) Mardi matin, le directeur commercial de Deltazur et une des dirigeante­s sont venus rencontrer les associés de l’entreprise éphémère organisée à Antibes.

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