Nice-Matin (Cannes)

Maure Vieil, un film sur « la belle endormie »

Mandelieu L’ancien site volcanique, situé à quelques minutes du port de la Rague, a fait l’objet d’un film documentai­re réalisé par la journalist­e Caroline Bourgine.

- YVES MOUREY

Il fallait vivre ici, dans les années 60, pour garder le souvenir de ce que fut le site de Maure Vieil. Lieu à la beauté époustoufl­ante, ancien site volcanique, situé à quelques minutes du port de la Rague. Aujourd’hui seuls quelques vestiges tagués de couleurs vives rappellent qu’une belle utopie de village artistique y était née. Résistent au temps une église au style mauresque, trois grandes croix plantées là comme un amer pour les randonneur­s, un amphithéât­re à ciel ouvert, un baptistère, les restes de la verrerie en activité à l’époque…

Un projet immobilier fin des années 60

Caroline Bourgine, journalist­e, productric­e radio, femme de cultures, venait se promener ici enfant avec ses parents. Un lien affectif fort avec ces paysages et ces pierres perdure chez elle, teinté de la crainte de voir les vestiges encore debout disparaîtr­e dans la végétation, comme dans les mémoires. C’est pour redonner vie à cette histoire qu’elle vient de réaliser un film documentai­re de 75mn, « La mémoire de Maure Vieil, des histoires et des secrets », présentée récemment à l’espace Léonard De Vinci. Un travail de mémoire, à la recherche d’informatio­ns éparpillée­s, de témoins à retrouver. Elle remonte le fil de l’histoire des lieux : « Au départ c’était une idée un peu altruiste, voire philanthro­pique, de créer un village d’artistes corrélé au port de la Rague et au domaine. C’était un immense projet avec hôtel, restaurant­s, tennis, à la fin des années soixante. Le promoteur ayant fait faillite, n’est sorti de terre que ce que l’on voit aujourd’hui. » Caroline a retrouvé Christine, l’architecte. Cette disciple de Le Corbusier revenue sur place avec la cinéaste aimerait que « l’architectu­re retrouve sa blancheur initiale, il faudrait nettoyer, remettre en état » dit-elle. «Ily avait ici des concerts, des conférence­s, des ballets, la vie du village se concentrai­t ici », se souvient Christine.

De l’autre côté, la mine

De l’autre côté du vallon existait un autre monde, celui de la mine de Spath fluor. Dans des conditions épouvantab­les, la maind’oeuvre venue du Maghreb exploitait le filon de fluorine. La mine a définitive­ment fermé en 1985.

Engloutie au fil des ans par le maquis, il n’en reste que quelques failles interdites d’accès. Moment émouvant, lorsque l’un des derniers mineurs témoigne également de la pénibilité des conditions de travail. C’est un film au rythme de la nature et des mémoires des témoins, mêlant beauté des paysages, archives télévisuel­les (l’émission « la chasse aux trésors », tournée sur le site !), questionna­nt les témoins, exhumant de vieux documents… « Maure Vieil fait partie du patrimoine des années soixante, il est beau ce lieu, je veux réveiller cette belle endormie », s’enflamme la réalisatri­ce qui rêve d’un futur possible sous la forme d’une scène artistique, ou concerts (acoustique­s), théâtre, danse.

Un film qui mériterait une large diffusion, d’ailleurs sa réalisatri­ce espère voir les télévision­s régionales, voire nationales s’en emparer…

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(Photo Y. M.) Maure Vieil et ses vestiges du passé.

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