« Les drones contraints à voler illégalement »
Les pilotes de drones ne peuvent plus dépasser la hauteur de 50 m dans les espaces aériens réglementés des Alpes-maritimes et du Var. Un problème qui freine toute une activité.
Comme si un plafond était apparu du jour au lendemain. Depuis le 2 décembre, une nouvelle crée des secousses dans la communauté de dronistes de la Côte d’azur. Et pour cause : les règles du jeu ont changé. Il n’est plus possible d’obtenir des dérogations de vol pour atteindre et dépasser les 120 mètres de hauteur dans les espaces aériens réglementés des Alpes-maritimes et du Var.
« On nous laisse dans le flou »
La raison ? Le Service de la navigation aérienne (SNA) Sud-est se retrouve privé de son principal logiciel, Airmap, pour la gestion des activités des drones. Alors, en attendant une solution, les appareils des photographes et vidéastes ne peuvent pas dépasser 50 mètres de hauteur.
Une situation qui impacte l’activité de ces professionnels, comme l’assure l’azuréen Thomas Thurion : « L’intérêt de proposer du drone, c’est de pouvoir voler. Aujourd’hui, nous sommes limités à hauteur de grue… » S’il assure ne pas déroger aux nouvelles limites, le regret persiste :
« On nous laisse dans le flou. C’est d’autant plus frustrant que l’on passe notre temps à se former à la législation pour être dans les clous. » D’ailleurs, l’entrepreneur assure que la plateforme en elle-même ne remplace pas le contact humain : « Quand je veux effectuer un vol autour du Fort Carré d’antibes par exemple, je dois faire une déclaration en préfecture, rentrer les coordonnées du vol dans Airmap, et me mettre en relation avec l’héliport du Port Vauban et l’aéroport de Nice car je vole dans leur zone. C’est surtout ce lien-là qui prime, ce sont eux les premiers concernés. »
« Ce n’est pas tenable »
Avec le sentiment d’être laissés en rade, les dronistes peuvent compter sur l’association Fréquence Drone, saisie à ce sujet. Ne jetant pas la pierre à la SNA, son président Thierry Mohr appelle la direction des services de la navigation aérienne à déployer rapidement une alternative pour rétablir le contact : « Il en va de la sûreté et sécurité de tous. Face à cette situation, soit on respecte la règle et on peut mettre la clé sous la porte si c’est notre activité principale, soit on se retrouve contraint à voler illégalement. Ce n’est pas tenable. »
« On continuera à voler tous les jours »
Preuve en est, Sabri Ben Hassen, p.-d.g. de Drone 06, témoigne : « Mes dix employés et moi, on continuera à voler tous les jours entre 50 et 120 mètres. Je ne vois pas pourquoi il n’est pas possible de revenir à l’ancienne méthode : on envoyait un mail à des personnes prédisposées. Je ne vais pas arrêter mon activité et laisser en plan mes salariés parce qu’on ne nous propose rien ! »
Ambiance turbulences.