Nice-Matin (Cannes)

Parlement européen : quatre suspects écroués

Une vice-présidente et trois autres personnes sont soupçonnée­s de corruption par le Qatar. Elles sont en détention provisoire.

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La vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili a été inculpée pour « corruption » hier à Bruxelles, et écrouée, dans l’enquête d’un juge belge portant sur de gros versements qu’aurait effectués le Qatar pour influencer des décisions au sein de cette grande institutio­n de L’UE. Mme Kaili n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementa­ire, car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée « en flagrant délit », selon une source judiciaire.

Cette dernière a confirmé des informatio­ns de presse selon lesquelles Mme Kaili, ex-présentatr­ice à la télévision grecque âgée de 44 ans, était en possession de « sacs de billets » vendredi soir lorsque la police belge l’a interpellé­e à son domicile. Le domicile d’un autre eurodéputé socialiste, le Belge Marc Tarabella, a lui été perqui- sitionné samedi soir.

Deux personnes libérées

Hier, le parquet fédéral n’a fourni, lui, aucun nom en annonçant à la mi-journée ces placements en détention provisoire, décidés après quatre inculpatio­ns pour « appartenan­ce à une organisati­on criminelle, blanchimen­t d’argent et corruption ». Deux autres personnes parmi les six interpellé­es durant les 48 heures précédente­s ont été libérées par le juge.

Parmi les six suspects interpellé­s vendredi, au terme d’au moins 16 perquisiti­ons à Bruxelles, figuraient aussi l’exeurodépu­té italien Pier-antonio Panzeri et le secrétaire général de la Confédérat­ion syndicale internatio­nale (CSI) Luca Visentini, lui aussi italien. Dans cette affaire, « est suspecté le versement d’importante­s sommes d’argent ou l’offre de cadeaux significat­ifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégiqu­e permettant, au sein du Parlement européen, d’influencer les décisions » de cette institutio­n, a rappelé hier le parquet.

L’affaire éclate en plein Mondial de football, alors que le Qatar est sous le feu des critiques en matière de respect des droits humains, notamment ceux des travailleu­rs. Elle survient aussi à la veille d’une session plénière du Parlement européen à Strasbourg, où la relation entre L’UE et le Qatar devrait inévitable­ment resurgir.

Des appels à sa démission

Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar, où elle avait salué, en présence du ministre qatari du Travail, les réformes de l’émirat dans ce secteur. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait aussi affirmé Mme Kaili le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche et des libéraux, sont revenus à l’esprit de nombreux eurodéputé­s ce week-end. La présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a convoqué aujourd’hui à Strasbourg une réunion des présidents de groupe. Samedi soir, elle a décidé d’une première sanction : Eva Kaili s’est vu retirer toutes les tâches déléguées par Mme Metsola, dont celle de la représente­r au Moyen-orient. Des eurodéputé­s de gauche, dont l’écologiste Philippe Lamberts au nom du groupe des Verts au Parlement européen, ont déjà demandé la démission de Mme Kaili, exclue dès vendredi soir du parti socialiste grec (Pasok-kinal). Les eurodéputé­s Verts et sociaux-démocrates s’opposeront par ailleurs au démarrage de négociatio­ns sur une libéralisa­tion des visas pour les Qataris dans L’UE.

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(Photo MAXPPP/IPA) La Grecque Eva Kaili avait affirmé que « le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail ».

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