Nice-Matin (Cannes)

Evelyne Brochu

PHÉNIX DE LA BELLE ÉPOQUE

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr ce lundi soir à partir de 21 h,

Moins de deux ans après sa sortie, Paris Police 1900 connaît déjà une suite avec Paris Police 1905 qui, comme son nom l’indique, place le récit de cette fresque dramatique et policière dans la capitale durant la Belle époque. Nous voilà au soir de Noël 1904. L’hiver est rude, terrible, glacial, avec un mort non identifié au bois de Boulogne. Suicide... ou meurtre ? C’est le point de départ de cette deuxième saison de l’oeuvre de Fabien Nury. Quatre années se sont écoulées depuis les événements de la première saison, on va donc prendre des nouvelles du flic incorrupti­ble Antoine Jouin, du préfet Lépine, de Bertillon mais également de Marguerite Steinheil, un personnage iconique de la première saison et rendue célèbre dans l’histoire pour avoir été la dernière à côtoyer le Président Félix Faure vivant (ce qui lui donnera le surnom peu flatteur de « pompe funèbre » puisqu’il serait décédé d’une épectase en 1895). Le personnage de Steinheil, dite « Meg », est campé par Evelyne Brochu, une actrice québécoise prodigieus­e qui, dans cette seconde saison, prend encore plus d’épaisseur. Devenue informatri­ce pour la police dans la première saison, elle a un nouveau protecteur dans cette deuxième : le préfet Lépine lui-même. Grâce à lui, Meg tient dans son foyer un cercle de jeu, le plus huppé de Paris. Les vernissage­s de son mari, Adolphe Steinheil, tiennent lieu de couverture. Meg est à la tête d’une petite organisati­on criminelle couverte par le Préfet... qui est sur le point de s’effondrer.

Vous reprenez les traits de Meg, un personnage historique, qu’est-ce qui vous a emballé dans le fait de repartir pour une deuxième saison ?

J’ai le sentiment que l’on a encore plus accès aux vibrations émotives des personnage­s dans cette deuxième saison. On va mieux comprendre les forces de Meg, ses fragilités, on va avoir accès à son âme après avoir vu des choses différente­s dans la première saison : son panache, son côté actrice, joueur, son intelligen­ce, sa modernité mais on a peu vu ses fragilités et ses vraies valeurs à part survivre et garder la tête hors de l’eau. J’avais hâte de la connaître davantage et je pense qu’en la plaçant au pied du mur, on voit des choses que l’on n’a pas encore vues chez elle.

C’est une suite mais quatre ans se sont passés entre les événements des deux saisons, quelle tournure avez-vous voulu donner au personnage ?

Ce qui est chouette pour Meg dans ce saut dans le temps, c’est qu’elle a réussi. Ce n’est plus une cocotte, elle a une maison de jeu, des protecteur­s mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. On la retrouve au début de la descente dans cette saison. Le château de cartes va s’écrouler sur elle. Et on va alors se rendre

Evelyne Brochu retrouve son rôle de Marguerite Steinheil dans cette deuxième saison de

compte que c’est une femme seule et vulnérable. J’aimais ce saut dans le temps car on voit sa réussite mais surtout son point de bascule. C’est un peu le cas de tous les personnage­s. Tout est bien raconté, c’est subtil.

Qu’est-ce que cela apporte de jouer un personnage historique ?

C’est comme un voyage dans le temps, on se plonge dans une autre réalité. Ce qui est spécifique à ce personnage historique, c’est qu’elle est ultracool (rires). Elle est surprenant­e, son destin est farfelu, elle fait preuve de panache et il faut avoir beaucoup de courage pour faire tout ce qu’elle fait. Elle est stylée mais elle joue de ce style aussi et en tant qu’actrice, c’est agréable de jouer quelqu’un qui joue. C’est une miraculée car réussir ce qu’elle a fait en tant que femme dans une époque où les femmes n’étaient rien, c’est incroyable. Comme un phénix, elle renaît constammen­t.

La série raconte ce qu’on appelle La Belle époque alors que ce sont des années très sombres, très dures...

(Elle coupe) Surtout pour le destin des femmes ! Physiqueme­nt, cette saison est dure, il y a une forme de vulnérabil­ité, de danger, quelque chose qui nous rappelle notre place et ça se ressent avec le corset. C’est quelque chose de symbolique de l’oppression de l’époque, une sorte de réduction des possibles, du mouvement, des désirs, des appétits. On le sent physiqueme­nt après plusieurs jours de tournage... Ce serrage aide à jouer cette époque difficile pour les femmes. Malgré tout, il y a quelque chose de stylisé dans la série, les décors, les costumes, tout est poétique au fond.

« C’est une miraculée ! Réussir ce qu’elle a fait dans une époque où les femmes n’étaient rien, c’est incroyable »

sur Canal +. « C’est dans l’air du temps de poursuivre et j’ai envie d’aller au bout de l’histoire de Meg », conclut Evelyne Brochu en faisant référence à l’affaire Steinheil, appelée aussi « double assassinat de l’impasse Ronsin », et le procès qui va suivre en 1908...

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(Photo DR) Paris Police.
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