Nice-Matin (Cannes)

DD, horizon dégagé

L’objectif « dernier carré » atteint, quatre ans et demi après le sacre de Moscou, permet à Didier Deschamps de se projeter bien au-delà de la fin de son contrat actuel, fin décembre.

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Pour la première fois d’un mandat débuté il y a dix ans, le plus long de l’histoire du football français, le champion du monde 1998 abordait une grande compétitio­n sans sécurité contractue­lle, conséquenc­e du dernier Euro achevé dès les huitièmes de finale aux tirs au but contre la Suisse. Mais ni le cortège de blessés, ni la lourde étiquette de tenant du titre n’ont fait plier Deschamps et sa bande, qualifiés en demi-finale, mercredi contre le Maroc, l’objectif qui avait été fixé par la Fédération française, leur employeur.

« Je vais être honnête : mon souhait, c’est que Didier reste. Qui voulez-vous trouver de mieux ? C’est le président qui parle, pas l’ami », avait expliqué le président de la FFF Noël Le Graët auprès du Figaro avant même le quart contre l’angleterre (2-1).

La suite ne fait plus de doute. « J’ai la main, eh bien je déciderai », a souri l’intéressé samedi après l’intense victoire acquise face à un autre des favoris du tournoi. « Je serai là pour la demie, déjà, et puis on verra. Chaque chose en son temps. »

Le suspense est toutefois largement éventé. Sauf coup de tonnerre, Deschamps sera sur le banc du Stade de France le 24 mars 2023 contre les Pays-bas pour débuter la campagne qualificat­ive pour l’euro-2024 en Allemagne, son futur objectif, le seul trophée qui lui manque comme sélectionn­eur. Il était d’ailleurs à Francfort le 9 octobre pour le tirage au sort...

« Dix ans de plus »

A 54 ans, l’ancien joueur et coach de Marseille et de la Juventus Turin a déjà marqué l’histoire de l’équipe de France d’une empreinte indélébile. Et il ne semble pas rassasié.

« Quand j’ai débuté comme entraîneur, je disais à ma femme que j’aurais fait le tour à 40 ans. Et regardez aujourd’hui », en rigolait-il il y a des mois de cela.

Le « père la victoire » des Bleus confiait alors ne jamais avoir envisagé un départ après l’euro, « même pas une demi-seconde », se disant « épanoui » dans sa fonction. Nommé le 9 juillet 2012, il y a exactement 3 806 jours, Deschamps possède la plus grande longévité au poste devant Michel Hidalgo et, surtout, le plus beau palmarès après 136 matches, dont 88 gagnés (contre 21 défaites).

Nommé sur les ruines encore fumantes du fiasco de Knysna au Mondial-2010, après une parenthèse de deux ans sous Laurent Blanc, il a remis le navire bleu à flot avec une progressio­n cons- tante : un quart de finale au Mondial-2014 brésilien, une finale perdue à l’euro-2016 en France et le titre mondial en Russie.

Zidane en salle d’attente

La suite a été plus laborieuse avec, au-delà de l’échec au dernier Euro, des errements tactiques, des blessures à répétition (Kanté, Pogba, Benzema...), des carences défensives et un climat pesant à la FFF, objet d’un audit ministérie­l. Le vent a parfois semblé tourner et les bruits se sont intensifié­s autour de Zinédine Zidane, présenté comme le successeur évident en cas de contre-performanc­e au Qatar. Champion du monde comme joueur puis entraîneur, à l’instar du Brésilien Mario Zagallo et de l’allemand Franz Beckenbaue­r, Deschamps peut devenir le deuxième technicien à remporter deux étoiles sur le banc après l’italien Vittorio Pozzo, sacré en 1934 et 1938.

“Je ne ressens pas d’usure comme sélectionn­eur. Si je pouvais avoir dix ans de plus de ce que je vis aujourd’hui, ce serait l’idéal. Parce que c’est le très, très haut niveau, c’est tout ce que j’aime.”

Didier Deschamps, sélectionn­eur de l’équipe de France

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