Aides suspendues à Fréjus après un match du Maroc : la polémique continue
Des paroles aux actes. Après son annonce choc de suspendre les moyens octroyés au quartier de la Gabelle, à Fréjus, à la suite de violences intervenues après le match Maroc-espagne (nos précédentes éditions), le président de l’agglomération Estérel-côte d’azur (1), Frédéric Masquelier (LR), par ailleurs maire de Saintraphaël, était attendu au tournant lors du conseil communautaire. Figurait en effet à l’ordre du jour, en 36e position, une délibération portant sur le projet d’aménagement d’une micro-crèche à La Gabelle. « Je vous propose de la retirer » ,a annoncé le président de l’agglo de manière laconique, sentant bien que cette annonce susciterait des réactions dans les rangs de l’opposition. Elles ont été vives.
« À l’extrême de l’extrême droite ! »
À commencer par celle de l’élu fréjusien Emmanuel Bonnemain, très remonté : « La veille de Noël, vous venez jouer les pères fouettards en supprimant des subventions au profit d’associations qui ont déjà des difficultés, pas pour se faire plaisir, mais pour maintenir un lien social déjà extrêmement fragilisé. C’est une politique de coups de com’ qui frappent en réalité sans discernement l’ensemble de la population d’un quartier en punition des errements de quelques-uns. Je m’en offusque et je vous demande de revenir sur cette décision car elle n’a qu’un seul effet, c’est de détourner encore davantage de la loi de la République tous ceux qui, dans ces quartiers, avaient encore confiance et espoir dans l’action de votre politique. Monsieur Masquelier, vous êtes en réalité aujourd’hui à l’extrême de l’extrême droite. Alors faites votre coming out et prenez vite votre carte RN chez votre voisin!»
« Une culture de l’incivilité »
Ce à quoi Frédéric Masquelier a
répondu : « Contrairement à vous, moi j’en appelle à la responsabilité. On n’achète pas la paix sociale en mettant de l’argent dans le quartier. Moi je ne veux pas d’une prime à la casse ! Et le gamin qui s’est fait agresser à La Gabelle la semaine dernière ? Et le caillassage des bus, des camions de pompiers ? Il y a une culture de l’incivilité dans ce quartier. Je sais que vous n’aimez pas ce mot, mais moi ce que je demande, c’est la responsabilisation. À La Gabelle, 30 millions d’euros d’argent public ont été versés au cours de ces dernières années. Vous avez vu dans quel état c’est ? Jamais personne ne dit rien. Un quartier ne peut pas fonctionner si, à un moment donné, ceux qui y vivent ne veulent pas faire évoluer les choses. Dès le départ, l’accord c’était de dire :‘‘On va vous aider mais, en contrepartie, il y a un certain nombre de choses qu’on ne veut plus voir.’’ Donc on suspend les aides le temps que des représentants, les parents et les grands-parents réagissent enfin. »
Puis Julien Poussin, élu d’opposition fréjusien, a emboîté le pas
d’emmanuel Bonnemain : « Prenez votre carte du Rassemblement national, ça sera beaucoup plus clair pour tout le monde ! Votre décision est scandaleuse ! »
Au final, Emmanuel Bonnemain, Julien Poussin ainsi que les élus Roquebrunois Julien Fabre et Caroline Demonein ont voté contre le retrait de cette délibération, en vain.