Nice-Matin (Cannes)

Retraites : Macron reporte la présentati­on de la réforme

Prenant de court le monde politique et syndical, le Président a annoncé hier le report au 10 janvier, affirmant vouloir laisser le temps « d’échanger ».

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C «ela permet d’avoir quelques semaines de plus pour celles et ceux qui (...) viennent de prendre des responsabi­lités » ,a déclaré le chef de l’état en ouvrant la deuxième session plénière du Conseil national de la refondatio­n (CNR) à l’élysée.

« L’effet de surprise est recherché et assumé », explique un conseiller de l’exécutif. En faisant cela, « le président force d’une certaine manière chacun (...) à se positionne­r et à prendre ses responsabi­lités ».

À la sortie du CNR, la Première ministre Élisabeth Borne a évoqué le « souhait » des organisati­ons syndicales et des forces politiques d’avoir « quelques jours de plus », notamment pour évaluer les « impacts » des « différente­s solutions », entre le report de l’âge légal et « l’accélérati­on de la réforme Touraine » sur le nombre de trimestres de cotisation. Mme Borne a souligné que ce temps « d’écoute » et de « dialogue » ne remet pas en cause « le calendrier global » : « un texte voté avant la fin du premier trimestre » et une « mise en oeuvre à l’été prochain ».

Le patron du Modem, François Bayrou, s’est réjoui de ces semaines supplément­aires : « Un mois c’est mieux qu’un jour. (...) Je ne suis pas du tout certain que cette réforme ne puisse pas convaincre les Français ». Emmanuel Macron a justifié cette annonce par les élections dans la fonction publique qui « ont empêché certaines discussion­s avec les organisati­ons syndicales » et les congrès politiques du week-end dernier, à l’issue desquels Éric Ciotti a été élu à la tête des Républicai­ns et Marine Tondelier désignée secrétaire nationale d’europe Ecologiele­s Verts. « Le gouverneme­nt ne sait pas encore très bien où il va. Leur texte n’est pas prêt », a réagi Éric Ciotti. « Pour l’instant je ressens cela comme un alibi aux hésitation­s, plus qu’un souci de négociatio­n ».

« Première victoire ! »

L’exécutif avait initialeme­nt prévu de présenter demain, à quelques jours de Noël, les grandes lignes de ce texte, pierre angulaire du second quinquenna­t d’emmanuel Macron. Nombre d’opposants ont annoncé se préparer à le bloquer par tous les moyens, de la rue au Parlement, la France insoumise appelant notamment à une mobilisati­on le 21 janvier, dans la lignée de sa « marche contre la vie chère ». « Première victoire ! Le projet de retraite à 65 ans n’est pas encore présenté que Macron bat déjà en retraite », a réagi sur Twitter Mathilde Panot, à la tête des députés LFI, confirmant l’action du 21 janvier. Le gouverneme­nt a précisé le calendrier des prochaines semaines. Élisabeth Borne va débuter « une série de rencontres avec les présidents de groupes parlementa­ires » lundi, mercredi et jeudi, selon Matignon. Elle recevra à nouveau « les organisati­ons profession­nelles et les organisati­ons syndicales la semaine du 2 janvier ».

Le texte devrait ensuite être adopté en Conseil des ministres les semaines du 18 ou 25 janvier.

Mais les annonces de la Première ministre semblent courues d’avance, balisées par la promesse présidenti­elle de repousser l’âge légal de 62 à 64 voire 65 ans. Cette dernière hypothèse tient la corde.

« Fébrilité »

Les organisati­ons syndicales ont acté le report, s’interrogea­nt sur les motivation­s du gouverneme­nt.

« On ne sait pas exactement ce qu’il y a derrière, mais on en prend acte (...) On n’était pas au bout sur la pénibilité, sur l’emploi des seniors, ça manquait de précisions sur les carrières longues » ou le « minimum contributi­f », a réagi le patron de la CFDT Laurent Berger en quittant l’élysée. « Mais la CFDT est claire », elle était « contre le report de l’âge légal le 15 décembre, elle sera contre le 10 janvier », a-t-il assuré.

« Je pense que l’exécutif est très inquiet – et il a raison – de ce que va être la mobilisati­on en janvier » ,arelevé François Hommeril, président de la CFE-CGC. « Prolonger cette concertati­on ne change rien ».

Même son de cloche à la CGT qui déplore « une annonce bizarre » montrant « la fébrilité » du gouverneme­nt. La CFTC se veut un peu plus optimiste. « C’est une bonne chose. L’agenda allait trop vite, on n’avait pas le temps d’être écoutés, on travaillai­t dans l’urgence », a réagi Pascale Coton, vice-présidente de l’organisati­on. « On espère que ce n’est pas juste pour que les Français passent de bonnes vacances et de bonnes fêtes ».

Malgré ce report, le gouverneme­nt souhaite toujours aller vite, en mettant en garde contre le retour durable de déficits massifs, qui dépasserai­ent 12 milliards en 2027.

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