Nice-Matin (Cannes)

« La science-fiction peut se nourrir de la science »

Eric Lagadec, astrophysi­cien à L’OCA, évoque les découverte­s depuis 1977 et le film Rencontres du 3e type, qu’il commentera, demain soir, aux Arcades, dans le cadre du festival Les Mycéliades.

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Quand on regarde un film, il y a deux types de commentate­urs : les agaçants, avec leurs questions incessante­s (on n’évoque même pas les spoilers...); puis il y a les éclairants. Ceux qui contextual­isent et nourrissen­t un récit. Eric Lagadec fait partie de ceux-là.

Astrophysi­cien, enseignant-chercheur, astronome adjoint au sein du laboratoir­e Lagarde (Observatoi­re de la Côte d’azur) et président de la SF2A (1), il fait, surtout, partie de ces scientifiq­ues qui – à l’instar de son confrère, Patrick Michel – prennent le temps de « vulgariser » leurs discipline­s, complexes, pour les rendre accessible­s au grand public (pour comprendre, jetez un oeil à son compte Twitter).

Pas étonnant, dès lors, de le retrouver, demain soir (19 h 30) aux Arcades, lors de la diffusion du chefd’oeuvre de Steven Spielberg, Rencontres du 3e type, dans le cadre du 1er festival dédié à la science-fiction, Les Mycéliades, décliné dans une cinquantai­ne de villes à l’échelle nationale, sur le thème « Besoin d’espace. »

« Un voyage de plusieurs milliards d’années »

Au centre du film, support idéal au débat [«La science-fiction peut créer des inspiratio­ns, donner envie de mieux comprendre la science » ] : la vie extraterre­stre. Avec une mise en perspectiv­e entre hier et aujourd’hui. « Depuis 1977 [date de sortie de Rencontres du 3e type] ,ily a eu beaucoup d’avancées scientifiq­ues avec, notamment, la découverte des exoplanète­s [ou planètes extrasolai­res]. On estime qu’il y en a des centaines de milliards, juste dans notre galaxie. Ce qui renvoie au paradoxe de Fermi. » Paradoxe résumable par cette question : s’il y avait des civilisati­ons extraterre­stres, leurs représenta­nts devraient être

déjà chez nous. Où sont-ils donc ? Découverte qui a donné naissance à l’exobiologi­e, traduction de cet irrépressi­ble et antique besoin de savoir si nous sommes seuls dans l’univers. « C’est une question existentie­lle depuis qu’on regarde le ciel, qui est le plus vieil héritage commun de l’humanité : d’où vient-on ? Comment tout ça a été créé ? Des génération­s de scientifiq­ues se sont attelées à retracer ce voyage de plusieurs milliards d’années. »

Une approche qui a, forcement, retiré un peu de magie. Et même inversé les rapports. « Par exemple,

dans Star Wars, on voit toutes ces planètes différente­s. Depuis, on en a trouvé de bien plus complexes. Aujourd’hui, la science-fiction peut se nourrir de la science. »

« Il n’y a pas de planète B »

Dans certaines limites, tout de même. Ainsi, pour revenir aux exoplanète­s – largement étudiées à L’OCA – pourra-t-on, un jour, comme dans l’interstell­ar de Nolan, en trouver une habitable pour une humanité contrainte à la migration ? « Comme le dit Michel Mayor, prix

Nobel de physique, qui a découvert la première exoplanète [en 1995] : “Il n’y a pas de planète B.” Les distances sont tellement immenses qu’il n’existe qu’une seule alternativ­e : préserver la Terre. » À bon entendeur. 1. Société française d’astronomie et d’astrophysi­que.

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(DR) Vous débordez d’interrogat­ions sur l’espace, l’univers, la vie extraterre­stre ? N’hésitez pas : demain soir, dès 19 h 30, Eric Lagadec se fera un plaisir d’y répondre.

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