Philippe Berling SUR DE BONS RAILS
L’homme de théâtre revient dans le Var, où il a grandi, pour mettre en scène La Souricière avec une troupe de comédiens amateurs constituée notamment de cheminots. À voir à Saintmandrier, les 11 et 12 février.
Sept ans que Philippe Berling a quitté la codirection du théâtre Liberté à Toulon – qu’il dirigeait avec son frère, Charles Berling – pour s’installer en Bourgogne, renouer avec le plaisir de la création… Sans oublier sa ville, celle où il a grandi. L’homme de théâtre n’a en effet pas manqué de rendez-vous sur les bords de la rade : un projet avec Les Voix animées d’abord, puis celui qui se joue ce soir, sur la scène du Liberté (lire ci-dessous). « J’étais heureux de ces propositions, j’étais parti un peu vite… » Dans le territoire rural où il a posé ses valises avec son épouse, artiste peintre, à une heure de Paris, il a découvert l’art vivant auquel se prêtent cheminots, mais pas que, dans la Compagnie de L’oze. Une compagnie d’artistes amateurs affiliée à l’union artistique et intellectuelle des cheminots français et domiciliée à Venaray-leslaumes.
Une pièce policière
« lls avaient monté deux spectacles déjà. Ils m’ont demandé de les mettre en scène. On a créé La Ronde de Schnitzler, ensuite j’ai coécrit avec une des comédiennes de la troupe Sur les rails, une pièce qui parle du Chemin de Fer. C’était un spectacle interactif où les spectateurs choisissaient la fin. » Après cela, la troupe a voulu monter une pièce policière. La Souricière d’agatha Christie, s’est imposée. « Je ne connaissais pas du tout le théâtre d’agatha Christie. Nous l’avons reproduite, et adaptée par rapport aux âges et aux sexes des comédiens. » Ainsi, dans cette version moderne le couple qui reçoit est plus âgé que l’original. Le policier est une policière, l’histoire d’amour se vit entre deux femmes… « Et ça fonctionne aussi bien ! », assure le metteur en scène. Créée en juin dernier, dans la salle municipale de Venaray-les-laumes, la pièce a depuis été jouée une dizaine de fois. Ce sera encore le cas les 11 et 12 février prochain à Saint-mandrier. Le festival bisannuel des compagnies de théâtre amateur de cheminots devait s’y dérouler. « Mais notre spectacle ne rentrait pas dans les locaux… Du coup, on a demandé le théâtre Marc Baron ! » Le festival n’aura finalement pas lieu mais le spectacle lui, sera bien interprété au théâtre.
Facile de mettre en scène des comédiens amateurs ? « Moi, j’aime ça parce que cela participe à l’espèce d’utopie que je porte : n’importe qui peut être sur un plateau à condition qu’il en ait envie. Jouer, c’est cela : il suffit d’éprouver cette envie pour être aussi sublime qu’un grand comédien… Sur ce type de projets, il n’y a pas une différence fondamentale. C’est juste qu’en tant qu’amateur, on a des limites qu’on n’ose pas dépasser, et cela peut être un peu frustrant pour un metteur en scène. »
« Un métier auquel tout le monde a droit »
Le vrai challenge ne repose pas seulement sur les comédiens amateurs. « C’est aussi une pièce avec des décors, de la mise en scène etc. de la neige qui tombe par exemple. On a loué un camion pour descendre ! », sourit le metteur en scène, trop heureux d’accompagner cette caravane de théâtre. Avec ce spectacle, Philippe Berling, qui endossera même le rôle du major anglais durant ces représentations, remplit les objectifs qu’il s’est toujours fixés en tant qu’homme de théâtre : « J’ai quand même choisi ce métier avec l’idée que tout le monde puisse y avoir droit. J’ai le plaisir et le privilège d’avoir vécu tous les états qu’offre ce métier. Le théâtre a l’avantage de se faire avec peu de moyens. »
« Je ne connaissais pas du tout le théâtre d’agatha Christie »
La Souricière, d’agatha Christie par la compagnie de L’oze. Samedi 11 février à 15 h 30 et 20 h 30. Dimanche 12 février à 16 h. Espace culturel Marc Baron, 1 avenue de la Corniche d’or à Saint-mandrier. Tarifs : 12 à 15 euros. Rens. 06.72.27.13.39.