Nice-Matin (Cannes)

Pédocrimin­els : quand les Citoyens se font justiciers

Lundi 23 janvier, un pédocrimin­el présumé a été interpellé à Nice. Le prédateur traquait une fillette de 13 ans sur le Net. Sauf que, derrière, se cachait un cyber enquêteur bénévole du collectif Truly.

- GRÉGORY LECLERC

E «ssaye de te caresser dans ton lit, caresse tes seins, je leur fais un petit bisou à tes nénés. » L’homme qui s’adresse ainsi sur Messenger à une adolescent­e de... 13 ans, est Niçois. Il s’appelle Jeanjacque­s (1). Âgé de 60 ans, il habite dans le secteur de la gare de Nice. Jean-jacques est un prédateur sexuel. Il a ciblé sa proie sur Facebook et s’est abonné à son compte. D’amicaux, les échanges ont vite viré sur le plan sexuel. Photos de son sexe en érection, contenu pornograph­ique, demande de photos dénudées : l’homme a dévoilé son vrai visage. Pervers jusqu’au bout, il l’a incitée à effacer ses messages pour garder le « secret »... Ignoble. Jeanjacque­s, qui porte beau et pose sur son profil Facebook sur la Prom’, a été interpellé lundi dernier à Nice par la Sûreté départemen­tale, a confirmé le parquet de Nice. Il a été placé en garde à vue le 23 janvier à la brigade des mineurs. Son appartemen­t a été perquisiti­onné. Ce que l’homme ne savait pas, c’est que derrière le profil de l’adolescent­e de 13 ans se cachait un cyber enquêteur bénévole du collectif Truly (lire interview page suivante). Le groupe pose des leurres sur le Net. De faux profils d’adolescent­es, des appâts, qui partagent leurs passions, leurs coups de coeur et des photos banales de leur vie. Une fois Jean-jacques tombé dans ses filets, le collectif a adressé le signalemen­t au procureur de la République de Nice le 23 octobre dernier. Était joint un dossier contenant le fruit de ses investigat­ions, retraçant les échanges avec « l’adolescent­e ».

Une justice citoyenne qui pose question

En juin dernier, Truly a ainsi démasqué un agent d’accueil d’un collège de Saint-fargeaupon­thierry (Seine-et-marne). L’homme avait mordu à « l’appât » tendu et avait envoyé pendant plusieurs semaines des propositio­ns sexuelles très explicites.

Ces justiciers du Net sont de plus en plus nombreux. Au point d’inquiéter les autorités, qui constatent parfois des dérapages. « Nous sommes preneurs des informatio­ns, mais il y a des cadres qu’il ne faut pas dépasser », prévient le capitaine Bruno Martin, officier adjoint du pôle police judiciaire du groupement de gendarmeri­e des Alpes-maritimes. « Dans le cadre des affaires de disparitio­ns inquiétant­es médiatisée­s, on assiste de plus en plus à la création de groupes sur Internet. C’est pareil pour la pédopornog­raphie. Nous devons être au plus proche de ces personnes, au plus tôt, pour leur expliquer et encadrer la recherche. »

Des dérapages, il y en a hélas (lire ci-dessous). Le 2 janvier, l’agent d’accueil du collège de Saint-fargeau-ponthierry a ainsi été tabassé par une dizaine d’individus anonymes, alors qu’il s’apprêtait à prendre le train pour comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel de Melun. Nul ne sait qui a pu organiser cette action et jouer ainsi aux justiciers. L’homme n’ayant pas encore été jugé, il était présumé innocent.

C’est d’ailleurs toujours le cas du Niçois interpellé lundi 23 janvier. Il a, depuis, été remis en liberté. Les enquêteurs épluchent actuelleme­nt le matériel informatiq­ue saisi à son domicile. Il pourrait, si les investigat­ions étaient concluante­s, être convoqué par la justice.

(avec A. R.) 1. Son prénom a été modifié.

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(Photo illustrati­on N. M.) Des citoyens se sont lancés depuis des années dans la traque aux pédocrimin­els sur Internet.
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(Photo DR) La gendarmeri­e dispose d’unités spécialisé­es qui organisent des cyber patrouille­s.

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