Haut les coeurs !
Quatre Niçois combattront sur les tatamis de l’accor Arena, ce week-end, pour le premier Grand Chelem de l’année. A dix-sept mois des Jeux Olympiques de Paris, l’échéance est primordiale.
Paris-2024, c’est déjà demain. Et la qualification pour les Jeux prend un nouveau virage, ce week-end à l’accor Arena, pour le premier Grand Slam de l’année. À un an et demi du rendezvous olympique, quatre Azuréens espèrent y performer, marquer des points et monter dans la ranking-list olympique. À terme, l’objectif est connu : figurer parmi les 17 premiers mondiaux au soir du 23 juin 2024 (1 représentant par pays et par catégorie ira aux Jeux). La France a déjà ses quotas de pays hôte, les sélectionneurs nationaux choisiront les heureux élus, mais une jolie place dans la hiérarchie mondiale sera indispensable.
-66 kg : Gobert, surfer sur la vague
Il est l’homme qui monte dans le judo azuréen. Maxime Gobert a frappé fort dans une fin d’année 2022 bouclée par un podium au Grand Slam de Tokyo et une participation aux Masters (élimination au 2e tour). Désormais dans le Top 40 mondial (34e), le récent champion d’europe U23 n’entend pas lever le pied. « Je veux confirmer que je suis à la place que je mérite, tonne le sociétaire de l’olympic Judo Nice du haut de ses 21 ans, qui digère la transition Juniors-seniors. Il va falloir que je m’engage dans chaque combat et sur chaque action, c’est comme ça que je me sens bien. »
Le nouveau patron des Bleus, Baptiste Leroy, salue son talent. « Il est bon tactiquement, sur le corps à corps ou le contre. À lui désormais de trouver ce mouvement fort sur l’avant, un uchi mata (fauchage par la cuisse) pour que les moulinettes (des pénalités)
tombent du bon côté. »
-81 kg : Pietri, l’état de grâce
Finaliste en 2014 à l’accor Arena, le champion du monde 2013 souhaite renouer avec des saveurs d’antan. Et la capitale serait l’endroit idoine pour le faire. « J’ai envie de sentir que je suis à un très haut niveau. J’ai repoussé mes limites et je me bats pour retrouver l’état de grâce que tous les athlètes recherchent, déroule le Niçois de 32 ans. Je sais que je suis sur la fin de ma carrière, il me faut des points rapidement et j’ai envie de me dire que c’était une belle compétition à la fin de la journée.
Il faut y aller sans trop réfléchir, avec ses tripes. »
Leroy suit avec attention l’un des « quatre meilleurs judokas français des vingt dernières années avec Riner, Legrand et Darbelet. »
« On le voit dans le tennis, Nadal et Djokovic gagnent et ne sont pas les plus jeunes », pose le directeur de l’équipe de France masculine, qui aimerait voir Pietri « renforcer son judo avec du ne waza (travail au sol) et sur le kumikata (travail de garde) .»
« Avec sa confiance et son expérience, il peut faire de belles choses, ajoute-t-il. Il est en train de compenser sa perte de vitesse et d’explosivité, celles qui
lui permettaient d’embarquer ses adversaires n’importe comment en 2013 et 2014. »
-81 kg : Gnamien, le cap technique
Le week-end dernier, au Portugal, le Niçois a été éliminé d’entrée. L’enfant de l’ariane est resté dans sa bulle avant l’échéance parisienne, concentré sur sa perte de poids. Leroy l’attend sur l’aspect technique. « Il doit réadapter son judo aux Seniors. Chez les jeunes, il avait une marge physique sur les autres », lance-t-il au sujet de l’azuréen de 25 ans dont il apprécie l’investissement. « Il peut être plus précis dans le professionnalisme, sur de petits détails. Il doit trouver des mouvements où il pose ses deux mains sur le kimono. Il attaque beaucoup à une main, en seoi nage (projection de l’épaule). Il peut aussi compléter son judo au sol. »
+ 100 kg : Andreev, tout à gagner
Chez les lourds, Guerman Andreev a profité de la blessure de Tieman Diaby pour s’inviter à la fête. Cinquième des derniers championnats de France, le Niçois, battu au 2e tour du GP du Portugal, la semaine passée et sans démériter, aimerait s’illustrer dans la catégorie d’un certain
Teddy Riner. Empocher le billet pour les Jeux paraît compliqué, mais si le physique du triple champion olympique de 33 ans lâche, une place sera à prendre. « J’avais fait 5e en 2022 à Paris donc je vise le podium cette année », projette le pensionnaire de Nice Alliance Judo, débarrassé d’une pubalgie.
« Teddy, je le voyais déjà au tournoi de Paris quand j’étais petit. L’affronter pour la première fois en compétition, alors qu’il revient fort, je trouverais ça drôle (rire) », s’amuse l’azuréen de 22 ans. Baptiste Leroy le juge encore à «30ou40% de son potentiel ». Il aimerait le voir plus souvent à L’INSEP puisqu’il s’entraîne à Nice. Pour viser plus haut, Guerman devra s’épaissir « physiquement » et affiner « son travail sur les mains ».
CHRISTOPHER ROUX