Nice-Matin (Cannes)

Accidentés de la route : leur soutien est précieux

Corinne Michel, qui a perdu son fils Garry dans un accident survenu boulevard du Midi il y a cinq ans, ouvre son antenne dans le sud. L’associatio­n a besoin de beaucoup de soutien.

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Impression­nante, admirable. Ce sont les mots qui viennent à l’esprit quand on écoute Corinne Michel. Et que l’on sait à quel point son coeur est meurtri. Corinne, c’est la maman de Garry qui repose un peu plus loin au cimetière Saint-jean de Mandelieu-la Napoule. Aujourd’hui, pour certaines victimes ou familles de victimes, Corinne, c’est celle qui console, encourage, conseille… Dans sa nouvelle maison, des photos de lui partout. On reconnaît d’ailleurs immédiatem­ent celle qui avait été publiée dans Nice-matin au moment de son décès. « Elle avait été prise une semaine avant. »

Il a retiré son appel deux jours avant l’audience

Un chauffard lui a ôté la vie. Un chirurgien allemand qui, le 26 septembre 2018, a percuté frontaleme­nt son scooter boulevard du Midi. Blessé à la tête, transporté dans un état désespéré à l’hôpital Pasteur de Nice, Garry n’avait pas survécu. « Ma vie s’est arrêtée là. C’était mon seul fils. Je n’aurai pas de petits enfants… »

En 2020, le chauffard a été condamné et a fait appel. Deux jours avant l’audience, prévue en novembre 2021, il est revenu sur sa décision d’interjeter et a décidé de « purger » sa peine. Il a été condamné à deux ans, avec sursis. La compagnie d’assurances, elle, a maintenu son appel.

Une nouvelle injustice

Cette décision, Corinne la prend comme une nouvelle injustice. « Nous nous étions tous organisés pour aller à cette audience, nous souhaition­s croiser le regard de celui qui a pris la vie de mon fils, entendre,

peut-être, ses excuses… »

De cela aussi, Corinne et sa famille ont malheureus­ement été privées…

Ce qui lui permet de se lever chaque matin ? Les visites qu’elle rend à son fils au cimetière. Et cette associatio­n. Qui l’a accompagné­e dans ses démarches au moment du décès de Garry en lui trouvant un avocat spécialisé. Et qui l’a convaincue de créer une antenne dans le Sud, à Mandelieu. « Je sais que Garry est fier de ce que je fais de là où il est… »

Victimes et Avenir est une associatio­n d’aide aux victimes, spécialisé­e dans les accidents corporels, fondée par Maud Escriva en 2016... D’ailleurs cette dernière est descendue de Paris pour le rendezvous : « Par définition, un accident arrive soudaineme­nt et personne n’est préparé à ce que l’on pourrait

appeler « l’après accident ». Pour les victimes blessées, ou les proches endeuillés, commence alors un long combat avec les assurances et la justice. Les dossiers sont parfois traités des années plus tard, alors que le besoin est immédiat. Pour éviter aux victimes, les tracas administra­tifs et les aider à faire valoir leurs droits, Victimes et Avenir intervient gratuiteme­nt auprès de ces personnes désemparée­s. Appréhende­r les dangers de la route, comprendre et prévoir les risques et les conséquenc­es de l’accident car un accident n’arrive pas qu’aux autres, c’est la mission que Victimes et Avenir tente de mener chaque jour. Notre associatio­n loi 1901 est basée en Seineet-marne mais qui s’adresse à toutes les victimes, quel que soit leur lieu d’habitation ! » précise cette intermédia­ire en assurance, diplômée en droit d’expertise médico-légale,

qui a vendu son cabinet d’assurance en 2017, pour s’investir totalement dans l’associatio­n.

Journée de prévention en octobre

Elle est venue aussi, aider Corinne à préparer une grande journée de prévention qu’elle organisera en octobre sur sa commune. «Le maire de Mandelieu a adhéré et il va nous verser une subvention… » Une bonne nouvelle. David Lisnard, en tant que maire de Cannes (lieu de l’accident de Garry) et président de l’associatio­n des maires de France a promis son soutien il y a un an. Corinne et Maud en sont sûres : elles vont avoir des nouvelles bientôt.

Car il n’est pas si simple de se faire connaître quand on est une associatio­n d’aide aux victimes : les accidents de la route peuvent constituer une manne financière pour certains corps de métier. Et devenir chasse gardée. « Du coup, il nous arrive parfois de récupérer des familles qui ont perdu tout leur argent et à qui justice n’a pas été rendue. Ou qui n’ont, tout simplement, plus de nouvelles de leur avocat… » À Victimes et Avenir, les avocats sont triés sur le volet. Et les tarifs sont connus. « Tous ont les compétence­s de défendre les familles et victimes de violences routières. Et c’est, quoiqu’il arrive 1 200 euros de frais d’ouverture de dossier… »

Voilà, Victimes et avenir a besoin d’être soutenue, connue, aidée. Les subvention­s viennent donc de donateurs, d’entreprise­s ou de municipali­tés. Les dons sont éligibles à la réduction d’impôts. Pour faire un don : www.helloasso.com/ associatio­ns/victimes-etavenir/formulaire­s/1

CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr ■ Selon les estimation­s de l’observatoi­re national interminis­tériel de la sécurité routière (ONISR), 3 260 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolit­aine en 2022. Et, 236 000 personnes ont été blessées dont 16 000 gravement.

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(Photos Dylan Meiffret) A gauche, Maud Escriva qui a créé l’associatio­n en 2016. À droite Corinne Michel, la maman de Garry dont on devine la photo au second plan.
 ?? ?? La maman de Garry a créé son antenne à Mandelieu. Ici elle présente sa nouvelle brochure, financée par un généreux donateur qui a souhaité rester discret.
La maman de Garry a créé son antenne à Mandelieu. Ici elle présente sa nouvelle brochure, financée par un généreux donateur qui a souhaité rester discret.

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