Nice-Matin (Cannes)

« Il faut faire de la pédagogie auprès des collectivi­tés pour réaliser des économies »

Gil Marsalla, président du collectif « Spectacle vivant 06 », délégué régional du syndicat des producteur­s français

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Une première. À contexte exceptionn­el, rendez-vous pionnier. Le 10 mai, les premières rencontres interprofe­ssionnelle­s du spectacle vivant des Alpes-maritimes auront lieu à Nice. À la tête du collectif : Gil Marsalla. Directeur général de Directo Prod – qui diffuse et produit plus de 500 spectacles par an en France et à l’internatio­nal –, le Niçois se veut optimiste quant à l’avenir de son secteur…

Dans ce contexte inflationn­iste, qu’est-ce qui a changé ?

On est rentrés dans une logique de chiffres qu’on n’avait pas avant. Cette année on a dû reprendre le business plan de chaque festival. Tout augmente, le budget pour la partie technique subit une hausse de 30 à 40 % par exemple.

Il faut trouver des solutions.

Comment est-ce que l’on combat cela ?

Comme on gère nos affaires en bon père de famille, on a anticipé et acquis un entrepôt à Saintandré-de-la-roche pour y stocker notre propre matériel et ainsi devenir autonome sur ce poste.

Et les subvention­s ?

Elles sont limitées pour tout le monde. Et c’est paradoxal, puisque c’est justement en cette période que le secteur en a bien besoin. Alors qu’il est possible de faire des économies, souvent, c’est la mauvaise connaissan­ce qui grève les budgets. C’est le discours que nous portons auprès des collectivi­tés : il est possible de maintenir, voire d’augmenter les aides malgré les contrainte­s.

Vous menez un travail de pédagogie ?

C’est nécessaire. Il faut savoir qu’il y a des taux de TVA différents dans notre secteur. Quand, à la place de 5,5 % vous affichez 20 % et vous répétez cela par des centaines d’opérations, cela change clairement la donne. Il y a de l’argent perdu dans ces erreurs.

Il y a aussi des règles juridiques qui ne sont pas toujours appliquées. Attention : je ne jette la pierre à personne, notre but est de réunir tout le monde autour d’une même table et de travailler ensemble dans le bon sens. Le spectacle vivant, c’est 30 000 emplois dans les Alpesmarit­imes,

l’enjeu est conséquent.

Vous militez également pour une mutualisat­ion ?

Il faut arrêter de travailler dans son coin, pour sa propre paroisse. On perd en efficacité. Nous avons besoin d’outils de communicat­ion communs pour nous permettre à tous d’exister, d’être identifiab­les et accessible­s. Il faut se serrer les coudes pour construire l’avenir. 1. Qui produit notamment quatre grands festivals dans les Alpes-maritimes : Neon Festival, les Nuits Guitares à Beaulieu-sur-mer, les Plages du rire et Le Broc Festival.

Pris dans la houle, quelle réponse apporter pour continuer d’exister ? Pour beaucoup, il s’agit de réduire la voilure. Quand Les Nuits du Sud de Vence annoncent « une version allégée en 2023 » – dont le contenu n’est pas encore connu à cette heure –, d’autres envisagent de raccourcir le calendrier. « Cette année, nous avons neuf soirées commercial­es, demain, on pourrait envisager d’en avoir huit ou sept si cela est nécessaire », avance Philippe Baute, de Jazz à Juan. Autre voie développée par le Festival de Néoules : des concerts de soutien pour permettre au grand rendez-vous de se tenir. Parallèlem­ent, l’augmentati­on des tarifs des billets s’est imposée à certaines organisati­ons (lire par ailleurs) qui doivent également poursuivre le développem­ent de « l’expérience des festivalie­rs ». Parce que oui, le temps où seule la musique suffisait à rendre le rendez-vous exceptionn­el est révolu. Désormais, il faut installer une scénograph­ie, inviter d’autres formes d’expression artistique, proposer une buvette et une restaurati­on allant au-delà de l’utilitaire : bref, donner dans la création de souvenirs pour rendre la soirée unique en son genre. Un exemple parmi tant d’autres : Jazz à Juan innove avec une formule « before et after » pour profiter avant et après les concerts d’une ambiance festive – jusqu’à 1 heure du matin sur la plage avec DJ.

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