Nice-Matin (Cannes)

Mort de la jeune Manon par overdose : 15 ans de prison

En fuite, Sabry Saïdi, accusé d’avoir drogué et causé la mort d’une adolescent­e à Cannes en 2017, a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle hier par la cour d’assises des Alpes-maritimes.

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Il ne s’est pas présenté ce vendredi devant la cour d’assises des Alpesmarit­imes pour assister au dernier jour de son procès. En fuite, Sabry Saïdi, 40 ans, accusé d’être responsabl­e de la mort de Manon, 16 ans, a été condamné en son absence à 15 ans de réclusion criminelle pour « administra­tion de substances nuisibles ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et « non assistance à personne en danger ». Un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.

Le corps jeté par la fenêtre du 1er étage

Depuis mardi, la cour, présidée par Emmanuelle De Rosa, a tenté de faire la lumière sur les circonstan­ces dans lesquelles l’adolescent­e a succombé à une overdose de MDMA, consommée sous forme de cristaux, dans une chambre de l’hôtel Ibis du boulevard Carnot à Cannes, avant que l’homme qui l’y avait invitée se débarrasse de son corps par la fenêtre du premier étage pour ne pas être inquiété. Ce soir-là, Manon avait consommé plusieurs doses de cette drogue de synthèse qui provoque l’euphorie, désinhibe et exacerbe le désir sexuel. Mais aussi de la vodka, apportée par un deuxième homme qui n’a pas été poursuivi.

« Prédateur, voyou, manipulate­ur »

Sabry Saïdi est-il le « prédateur » dépeint par l’avocate du père de Manon, Me Delphine Girard-gidel ? Un « voyou », condamné par le passé pour proxénétis­me aggravé, trafic de stupéfiant­s, fausse monnaie, subornatio­n de témoin. Un « manipulate­ur » qui « a jeté son dévolu sur sa proie. Diabétique de type 1, insulinodé­pendante, Manon était une enfant fragilisée par la maladie et la séparation de ses parents. En une semaine, quatre rencontres, il l’a souillée. Il l’a droguée pour la soumettre à un plan à trois ». Ou était-il cet homme « immature », fragilisé par une enfance difficile émaillée de violences, décrit par Me Frédéric Monneret en défense ? Pour l’avocate générale Caroline Brasco, qui a requis 15 ans de réclusion criminelle, il n’y a pas de doute, « Sabry Saïdi a profité du mal-être de Manon pour l’attirer dans des paradis artificiel­s ». Les jurés ont tranché en ce sens.

« Gentille, serviable, pleine de vie »

En défense, Me Luc Tran Duy avait pourtant tenté d’instiller le doute : et si c’était le deuxième homme qui avait apporté la MDMA ? Il avait bien pris soin de venir avec alcool et cocaïne... Et si c’était Manon elle-même ? En vain.

« Manon n’était pas une junkie, une paumée, réfute Me David-andré Darmon, soutien de la maman de Manon et de sa soeur Charlotte. Elle était pudique, gentille, serviable. Elle dormait encore avec son doudou. Elle était pleine de vie. Et elle aurait pu être sauvée si Sabry Saïdi avait appelé les secours ».

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(Photo DR) Manon avait 16 ans et demi lorsqu’elle est décédée d’une overdose de MDMA dans une chambre d’hôtel de Cannes.

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