Tirs aux Moulins : « Il y en a vraiment marre ! »
Une dizaine de tirs ont été entendus en plein coeur de ce quartier de l’ouest de Nice, hier matin. Une arme de poing a été retrouvée et un individu a été interpellé.
O «ui ! Encore, comme d’hab’ ! Ça a tiré... j’arrive, oui, mais je pouvais pas passer, ils avaient bouclé tout le quartier », hurle une femme dans son téléphone, en s’enfonçant sous le porche de l’allée Soeur-emmanuelle, de l’autre côté de la place des Amaryllis aux Moulins. « Il y avait des petites mamies, elles ont eu peur. C’est tous les jours bientôt, il y en a vraiment marre ! », poursuit la mère de famille énervée, en traînant son sac de courses rempli de paquets de couches. « Oui, je suis en colère, parce qu’on ne sait jamais si on est en sécurité quand on sort dans ce quartier », répond-elle.
Un pistolet automatique retrouvé
Il n’est pas encore 11 heures, ce vendredi matin. L’endroit grouille de monde. Le « Forum de l’emploi » bat son plein, place des Amaryllis. Les coups de feu ont été tirés une vingtaine de minutes avant l’ouverture. « Une dizaine de tirs ont été entendus tout près de la place centrale. La police a déjà procédé à une interpellation », révèle Anthony Borré, le premier adjoint de Christian Estrosi en charge notamment de la Sécurité, rapidement sur les lieux. « L’individu correspondait à la description faite par des témoins », ditil encore. Un « adulte », « défavorablement connu des services de police ». Sur le trajet du fuyard, « une arme de poing a été découverte, probablement jetée dans la fuite », indique une source proche de l’enquête. Un pistolet automatique, révélera le préfet dans l’après-midi.
« C’est de la provocation. Nous ne faiblirons pas, nous ne céderons pas. Depuis un mois environ, la pression s’est accentuée sur le quartier, avec des dizaines de personnes interpellées par jour. Ça inquiète les trafiquants, ça les dérange, ça les déstabilise, et ça veut dire que l’on est sur la bonne voie », assène Anthony Borré en déambulant au milieu des stands, où offres d’emploi, de formation ou de stages sont proposés aux habitants du quartier.
Depuis un peu moins d’un mois, les forces de police ont investi en force ce « territoire de reconquête
républicaine » gangrené par les trafics de drogue, en réaction à la diffusion d’une vidéo, révélée sur ses réseaux sociaux par le député Éric Ciotti : des individus encagoulés exhibant une arme de poing et une arme longue, au pied d’une tour. Chaque semaine, la préfecture des Alpes-maritimes rend public le bilan de son action de lutte contre l’insécurité. Dernier état des lieux : 37 personnes ont été interpellées lors des contrôles accentués, dont 23 mineurs. Six ont été présentées devant la justice et deux dorment depuis derrière les barreaux. «Je
remercie les associations présentes qui ont décidé de rester et de maintenir le Forum de l’emploi, elles font preuve de courage », commente le premier adjoint de Nice.
L’homme interpellé, un « habitant du quartier »
De l’autre côté de la rue, dans une cour intérieure entourée d’immeubles, la police a tendu les rubalises dans les oliviers pour délimiter la zone de tir. La police judiciaire marque les endroits où les douilles, nombreuses, ont été retrouvées. Sur les murs de l’un des immeubles, des impacts de balles.
Et, partout, des policiers en tenue ou en civil, sous l’oeil du contrôleur général, Frédéric Pizzini, directeur de la sécurité publique des Alpesmaritimes. L’individu interpellé, a priori « un habitant du quartier », selon les premiers éléments de l’enquête, a été conduit au commissariat Auvare et placé en garde à vue, hier dans la foulée. « S’il est logé par Côte d’azur Habitat, j’alerterai la justice afin de lancer la procédure d’expulsion de son logement social »,