Bail à réhabilitation : grande première avenue de Grasse
Grâce à ce procédé solidaire et inédit dans le département, cinq logements sociaux ont été créés sur l’artère. À des tarifs défiant toute concurrence pour les locataires. On vous explique.
Sur les petits panneaux rendant compte de « l’avantaprès », le contraste est saisissant : en état de vétusté avancée il y a encore un an, les cinq logements, remis à neuf, sont méconnaissables.
Même constat pour la (superbe) façade de ce petit immeuble de l’avenue de Grasse, situé tout près de l’ancien commissariat de police – et guère plus loin de l’actuel. Pour en arriver là, il a fallu de longs mois de travaux, donc, et près de 620 000 d’investissement ; mais aussi la volonté commune de plusieurs partenaires. L’aboutissement : le premier bail à réhabilitation des Alpes-maritimes. « C’est aussi le premier pour AGIS 06 et pour nous dans le département » souligne Antoine Anquetil, responsable du développement chez Solifap.
« Deal » entre la fondation abbé Pierre et AGIS 06
Société d’investissement solidaire de la Fondation abbé Pierre, Solifap, propriétaire des logements, en mauvais état et vacants, a mis ses biens à disposition de L’AGIS 06 (association de gestion immobilière à vocation sociale, qui gère déjà 87 logements sociaux à Cannes) pour les 40 prochaines années. En contrepartie, cette dernière, agréée maîtrise d’ouvrage sociale, s’est engagée à réaliser les travaux – auxquels la Ville a
participé à hauteur de 30 000 , déductibles de la pénalité SRU – et à en assurer la gestion locative. C’est tout le principe du bail à réhabilitation, procédé délaissé jusqu’alors [lire plus
loin]. « On est la seule agence immobilière à vocation sociale du département, avance Auguste Derrives, vice-président D’AGIS 06. Nous assurons l’accueil, l’hébergement et le suivi des familles
les plus modestes. »
5,60 euros le mètre carré : qui dit mieux ?
À l’arrivée, les tarifs pratiqués pour les locataires défient toute concurrence : « Le montant est plafonné à 5,60 lem2» renseigne Antoine Anquetil. « Contre 25 à 30 en moyenne à Cannes » ajoute Stéphane Pennec, directeur D’AGIS 06. Un prix « record », sans négliger la qualité des cinq logements (trois T1 et deux T2, entre 25 et 39 m2). Pose de nouvelles fenêtres et du double vitrage, démolition des cloisonnements, réfection des sols, installation de pompes à chaleur et de radiateurs à accumulation, reprise de l’installation électrique...
Autant de travaux qui ont permis un gain énergétique de 77 % (passant de la classe G à C) et la labélisation HPE (haute performance énergétique). Forcément, David Lisnard, dépité par « la spirale infernale » dans laquelle « la succession de lois [Alur, SRU, Climat et résilience...]» a placé le logement et organisé « la raréfaction du foncier et, donc, le coût délirant du mètre carré », se réjouit d’une telle opération : « Elle est pertinente car elle remplit plusieurs exigences : le logement des plus pauvres, la création d’un habitat diffus, la réhabilitation de l’ancien donc la rénovation urbaine, liste le maire. Mais aussi la réduction du taux de vacance et l’augmentation de celui de logements sociaux. Ça participe à l’amélioration de la qualité de vie, et de ville aussi. »