Nice-Matin (Cannes)

Toulon éjecté du Top 6

Bien qu’ils aient semblé regarder les Rochelais dans les yeux, les Toulonnais n’ont jamais vraiment inquiété le champion d’europe (8-23). Deuxième revers consécutif, et un top 6 qui s’échappe.

- PIERRICK ILIC-RUFFINATTI

Il suffisait d’un essai tout en puissance d’haterrel (73e) pour éteindre le Vélodrome. Et si un striker tentait de raviver la flamme après le coup de sifflet final, le mal était déjà fait, avec ce lourd revers toulonnais. Le deuxième de rang (après Castres), pour un RCT désormais hors du top 6. Au pire moment de la saison.

Pourtant Toulon était prévenu. Puisqu’avant que ne démarre ce choc de la 24e journée, les Rouge et Noir savaient, au gré de résultats peu opportuns de leurs concurrent­s, qu’ils étaient hors des places qualificat­ives. Une première depuis leur succès à Lyon, courant mars. Insignifia­nt, sachant qu’ils avaient 80 minutes à disputer face aux champions d’europe en titre ? Ou au contraire source de stress, avant de batailler avec des Rochelais déterminés à sécuriser leur place de demi-finaliste ? Difficile de trancher.

Des doigts en or à ceux qui brûlent

Pourtant, en début de match, les ouailles d’azéma et de Mignoni apparaissa­ient dépassées. Pas par l’ambiance, dans un Vélodrome moins rempli que contre Toulouse, mais par l’enjeu. Les doigts qui, ces dernières semaines transforma­ient chaque ballon en or, semblaient cette fois brûler. Et la discipline était à pointer du doigt en début de rencontre. Résultat, deux pénalités avant la 5e minute, avant qu’une troisième ne soit sifflée, l’arbitre préférant accorder un essai tout en puissance de Skelton, qui, comme dans un jardin d’enfants, emportait trois Varois sur ses épaules : 7-0,

début de rencontre cauchemard­esque. Mais c’est finalement au moment où tout le public commençait à craindre le pire que le RCT relevait le col. Et à la suite du jaune (clément ?) distribué à Bourdeau (11e, lire en page suivante), le RCT décidait de remettre la main sur son destin. Jeu plus précis, pénaltouch­es préférées aux trois points, un Wainiqolo en cannes et un Paia’aua précis dans son rôle de courroie de distributi­on : Toulon décidait enfin de regarder les Rochelais dans les yeux... mais gâchait de trop nombreuses munitions. Offloads infructueu­x,

jeux au pied sans réussite ou maladresse­s coupables, Toulon ne parvenait à ouvrir le verrou maritime. Il fallait finalement attendre la 25e minute de jeu, et un coup de pied rasant bien senti de West pour que Kolbe débloque la marque toulonnais­e (5-7). Sauf qu’en suivant, s’ils continuaie­nt de tenir le ballon, les Toulonnais redoublaie­nt de stérilité.

À l’inverse, à la transforma­tion et aux deux pénalités (en bonne position) oubliées en route par West puis Serin, La Rochelle répondait par Hastoy. Résultat : à cause de cinq premières minutes bien lointaines des standards d’un prétendant au top 6, et d’un manque de réussite dans la zone de marque, Toulon basculait à 5-10 à la pause.

Sauf qu’au retour des vestiaires, les souverains rochelais reprenaien­t leur marche avant. Sans dominer, mais en faisant tout bien, les Maritimes remettaien­t la main sur la rencontre. Sortie de camps assurée, grattages réussis, entrées dans les 40 mètres toulonnais sanctionné­es par des points et capacité à défendre sans s’exposer. À cette sérénité, les Toulonnais répondaien­t par des pénaltouch­es infructueu­ses, des lancers perdus et des sautées qui ne trouvaient pas preneur. Et si l’entrée de Biggar (50e) apportait tant de la longueur dans les sorties de camp, que de l’alternance en attaque, Toulon n’arrivait jamais à renverser la montagne jaune.

L’essai d’haterrel (73 ) éteignait finalement tout ce qu’il restait de suspense. Car hier, sans avoir à particuliè­rement s’employer, les Rochelais ont donné une leçon aux Toulonnais.

Par cette capacité à ne jamais s’inquiéter, à dominer les collisions et à scorer quand les opportunit­és se présentaie­nt, les Maritimes ont rappelé au RCT ce qui séparait aujourd’hui un prétendant au top 6, et un grandissim­e favori au bout de bois.

Alors bien sûr, le gap n’est plus si grand qu’il a pu l’être, mais ce RCT doit vite se réveiller. Car avec ces deux revers consécutif­s contre Castres et La Rochelle (et ce malgré la parenthèse européenne enchantée contre Trévise), Toulon a vu sa dynamique se freiner drastiquem­ent. Et d’un hypothétiq­ue barrage à domicile, le RCT a désormais deux matchs (au Racing et contre L’UBB à Mayol) pour arracher une qualificat­ion. Il y a urgence.

L’immense gap entre un prétendant et un favori

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(Photo Frank Muller) Les Toulonnais ne sont pas passés.

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