Maires, élus... ces démissions qui
Depuis le début du mandat, 1 293 maires ont démissionné en France selon les chiffres du gouvernement. Du « jamais vu », s’alarme le président de l’association des maires de France.
Epuisés, essorés, ou désabusés, nos maires, au point de raccrocher l’écharpe ? Début avril, le président de l’association des maires de France (AMF), David Lisnard, tirait la sonnette d’alarme sur les démissions d’élus locaux, qui atteignent, selon lui, « un niveau jamais vu » avant, avec une tendance « plus rapide encore que pendant le précédent mandat durant lequel les départs avaient déjà doublé ».
40 démissions par mois
« 1 293 maires ont démissionné », a confirmé le ministre de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, devant le Sénat le 5 avril, avant de relativiser les chiffres : « Entre 2014 et 2020, ce sont 2 925 maires qui avaient démissionné. On est donc sur des moyennes comparables de l’ordre de 40 par mois. Il y a eu des démissions en tout début de mandat, dont certaines sont liées au Covid, dans un contexte d’entrée dans la fonction qui était compliquée. »
Selon une étude de l’observatoire de la démocratie de proximité, créé par L’AMF et le CEVIPOF/SCIENCESPO publiée en novembre 2022, plus la ville est petite, moins il y a de personnel administratif.
Dans les petites communes, le maire revêt alors un rôle multi-casquette, il est sursollicité. Il est souvent seul avec la personne qui s’occupe du secrétariat. Il doit alors préparer les budgets, les fiches de paye, s’occuper de l’état civil, voire parfois administrer la page Facebook de la commune, rapporte l’étude.
Selon un sondage Ifop, plus d’un maire sur deux ne souhaite pas se représenter à la fin de son mandat en 2026. Cela concerne surtout les maires les plus âgés et ceux de petites communes.
Mauvaise nouvelle pour la démocratie
« Trois quarts de ces démissions ont lieu dans les communes de moins de 1 500 habitants. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre démocratie, a avancé Véronique Del Fabro, sénatrice LR de Meurthe-et-moselle, lors de cette même séance de questions au gouvernement. « De plus en plus d’élus locaux expriment leurs difficultés au quotidien pour exercer leurs fonctions : à la fois animateur d’une équipe municipale, employeur du personnel communal, garant des deniers publics, gestionnaire de crise, médiateur, comptable des fermetures de classe », a énuméré la sénatrice LR.
« Harcèlement textuel »
Selon elle, les élus locaux jettent l’éponge « face à l’inflation réglementaire et législative. Certains élus parlent de harcèlement textuel. Ces élus locaux jettent l’éponge face à la baisse des dotations, à l’affaiblissement organisé de leurs ressources, aux réformes successives, au manque de considération au plus haut niveau de l’état, le paternalisme d’etat exaspérant ».
« Il est de plus en plus difficile de concilier l’exercice du mandat avec une vie professionnelle et personnelle. Nous pouvons ajouter les actes d’intimidation contre les élus qui se multiplient ces derniers temps. Les causes qui déprécient l’attractivité du mandat local sont multiples », note aussi Franck Menonville, toujours au Sénat, avant d’interpeller Christophe Béchu sur les initiatives qu’il comptait « prendre pour restaurer l’attractivité de cet engagement, à trois ans du renouvellement ? ».
« Nous avons commencé à discuter de cette question du statut de l’élu. On va regarder comment on peut mieux les accompagner », s’est contenté de répondre le ministre.