« Renforcer le pouvoir d’agir et augmenter l’indemnité de maire »
Selon le ministre Christophe Béchu, les démissions de maires sont stables par rapport au mandat précédent avec 2 925 démissions entre 2014 et 2020 contre 1 293 à ce jour, après 3 ans de mandat.
En réalité il y a vraiment eu une augmentation exponentielle de démissions sur le mandat précédent par rapport à 2008-2014. Sur ce mandat, on est toujours sur cette tendance mais avec une accélération du nombre de démissions. Il y a un souci. Ça me remonte des associations départementales. Certains maires démissionnaires sont des vieux de la vieille, ce qui est encore plus inquiétant. Quant aux démissions des élus municipaux, dont Christophe Béchu ne parle pas, on est à un niveau jamais atteint.
Quelles sont les principales raisons de ces démissions ?
L’impossibilité de concilier vie privée et vie professionnelle. Le mandat de maire est passionnant mais chronophage. Les nouveaux maires ont peutêtre sous-estimé les difficultés de la tâche. Autre raison évoquée, la complication. Il y a 20 ans, quand on lançait un projet, on regardait ce qui était interdit. Aujourd’hui on regarde ce qui est autorisé. On a des services de l’état, mais aussi des textes, qui se contredisent entre eux. Le Code général des collectivités territoriales a été multiplié par trois en 20 ans. Le code de l’urbanisme est passé en 40 ans de 600 pages à 3 600 pages. Le code de l’environnement est passé, en 10 ans, de 100 000 mots à 1 million. La création des intercommunalités XXL a dilué la responsabilité des maires. Et enfin l’incivisme croissant, les violences contre les élus, le dénigrement, sur les réseaux sociaux notamment.
Selon un sondage Ifop de novembre 2022, 55 % des maires ne se représenteront pas.
Une mauvaise nouvelle pour la démocratie ?
La démocratie, c’est le choix. Si on a un problème quantitatif [avec trop peu de candidats, Ndlr], on va aussi avoir un problème qualitatif. Le danger serait qu’il n’y ait plus de vocation. On voit que dans certaines communes, on a du mal à boucler les listes, y compris dans les grandes villes. Ça n’existait pas il y a 30 ans.
Comment enrayer le phénomène ?
Il faut renforcer le pouvoir d’agir et qu’on revienne à un régime de responsabilité, de liberté, avec des contrôles a posteriori et en finir avec les appels à projets qui obligent à la surpaperasse administrative. Il faut aussi revoir l’indemnité de maire. Personne n’ose en parler, moi je le dis. Vous avez 17 000 maires de communes de moins de 1 500 habitants qui touchent 1 100 euros brut par mois pour travailler sept jours sur sept, engager leur responsabilité pénale, manager, se former en permanence en droit, en management, en finance. Je souhaite que chaque maire ait une rémunération de cadre. C’est la possibilité de faire des communes nouvelles. Ensuite, il y a quelques communes qui doivent se réorganiser. Depuis une dizaine d’années, une loi, à l’initiative de L’AMF, permet de créer des communes nouvelles, des communes qui se regroupent. On est ainsi passé de 36 000 communes à 34 955.
Christophe Béchu a évoqué une rencontre entre L’AMF et Élisabeth Borne sur le sujet des démissions d’élus. Qu’en est-il ressorti ?
On se rencontre régulièrement avec Élisabeth Borne qui est une personne de dialogue, respectueuse et plus concrète que ses deux prédécesseurs. Il y a des intentions qui sont annoncées et j’espère que ça va venir. Mais pour l’instant il n’en sort rien.