Nice-Matin (Cannes)

À l’époque du Luna Park…

Avenue Guy-de-maupassant, à Juan-les-pins, l’établissem­ent de jeu faisait fureur à l’époque. Acheté en 1938 par Albert Séror, le bâtiment ne manquait pas d’attirer l’attention des promeneurs.

- RENÉ PETTITI Sources : témoignage précieux de Monique Lebrun, fille d’andré et Mathilde Séror. Juan Nostalgie, de Françoise et Caroline Chambon, éditions Serre.

Aujourd’hui, les possibilit­és de se distraire sont légion. Autrefois, on attendait avec impatience les éventuels divertisse­ments alors très rares.

À Juan-les-pins, avenue Guyde-maupassant, le Luna Park était un établissem­ent connu et fréquenté par quantité d’amateurs de jeux : ping-pong, machines à sous, autos tamponneus­es, glaces déformante­s, billard japonais, bercés par les musiques à la mode des jukebox qui faisaient fureur. Le Luna Park était un bâtiment qui ne manquait pas d’attirer l’attention des promeneurs : une constructi­on d’un étage avec balcon en demi-cercle cerné de balustres et un vaste rez-dechaussée réservé aux jeux. En avancée, une importante structure couverte en bois avec des accès cintrés au bâtiment surmontée de l’inscriptio­n « LUNA PARK ».

Repris par son fils

Le Luna Park a été acheté en 1938 par Albert Séror, un connaisseu­r en attraction­s foraines par ses origines, qui devint même par la suite président des Forains de France. Sa mère, Louise, après des ennuis conjugaux, avait été contrainte, pour survivre, de débuter dans le monde du cirque en se métamorpho­sant un temps en femme-tronc, puis en femme serpent. Au décès d’albert Séror en 1946, c’est l’un de ses fils, André, marié à Mathilde, fille d’emile et de Marie Gassier, qui prendra le relais pour continuer l’oeuvre entreprise par son père et lui donner une nouvelle impulsion. Mathilde, très dynamique, parfaite gestionnai­re et même visionnair­e, rénova complèteme­nt le circuit des voitures tamponneus­es, lui apportant plus de sécurité et de confort. Son mari, André, savait diriger l’établissem­ent avec grande compétence : « Dans son costume bleu marine en alpaga, fendu sur le côté, il en imposait. » Émile Gassier, un homme d’une grande rigueur, ancien ingénieur à la SNCF. s’impliquait lui aussi activement quand le Luna Park se délocalisa­it un temps pour faire les foires de Toulouse, Marseille, Nice.

L’ours, La grue, Les cow-boys…

C’est lui qui se chargeait des feuilles des wagons dans les gares de marchandis­es. Et ce n’était pas une mince affaire, 15 wagons à gérer ! Il tenait également la comptabili­té du Luna Park. Parmi les jeux qui faisaient fureur à l’époque, « les cow-boys » : il fallait tirer sur un cow-boy grandeur nature qui faisait son apparition sur un écran géant.

Toujours sur écran, dehors sur la terrasse, « L’ours » qui connaissai­t lui aussi un beau succès. Une animation, encore très appréciée de nos jours, « La grue », avec ses pinces qui ne serrent

pas toujours comme on le souhaitera­it.

Friche et saucisses

Complément indispensa­ble à toutes ces attraction­s, la possibilit­é de manger et de boire. Marie Gassier avait monté un snack, La Roulotte, au milieu d’une terrasse, avec frites fraîches de pommes de terre, saucisses distribuée­s dans des assiettes en carton. Le succès était tel que La Strasbourg­eoise, maison de Nice, boulevard de la Madeleine, qui fournissai­t les saucisses, n’arrivait plus à suivre ! La réputation du snack était telle qu’eddy Barclay en était devenu un fidèle client par ses commandes.

Au fil du temps, avec l’évolution des moeurs, des habitudes, des contrainte­s, de l’âge des propriétai­res, le Luna Park de la famille Séror fut contraint de réduire peu à peu ses activités par nécessité avant d’être revendu

au Casino Partouche de Juan-les-pins qui y installera sa salle de jeux, en reflet de l’activité initiale du lieu. La fermeture du Luna Park, qui avait marqué et séduit des génération­s d’antibois et de Juanais et même audelà,

fut ressentie comme un déchiremen­t d’une époque révolue.

 ?? (Photo collection René Pettiti) ?? Le Luna Park tel qu’il se présentait dans les années 1940. Aujourd’hui la structure en premier plan a disparu. Le bâtiment derrière existe encore et abrite la salle de jeu du casino Partouche. Il a été sauvé de la destructio­n en raison de son intérêt architectu­ral.
(Photo collection René Pettiti) Le Luna Park tel qu’il se présentait dans les années 1940. Aujourd’hui la structure en premier plan a disparu. Le bâtiment derrière existe encore et abrite la salle de jeu du casino Partouche. Il a été sauvé de la destructio­n en raison de son intérêt architectu­ral.

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