« J’ai assisté au couronnement de la reine à Londres »
Nicole fête ses 92 ans aujourd’hui. Cette Cannoise d’adoption a suivi samedi le couronnement de Charles III à la TV. Il y a 70 ans, elle a surtout vécu celui de la Reine Élisabeth II. Souvenirs, souvenirs…
Quel destin ! Aujourd’hui, Nicole Barreau est une femme heureuse. On la comprend. Une grande célébration l’attend. Peut-être moins grandiloquente que celle du sacrement du roi Charles III, mais c’est bien entourée de sa famille, venue tout spécialement de la Nièvre et du Lyonnais qu’elle va souffler ses 92 bougies. À n’en pas douter, elle sera la reine du jour. Elle a l’habitude, car ses six petitsenfants lui vouent une admiration sans faille, sinon un culte, digne d’une véritable Queen. Et ne manquent pas de faire le parallèle entre celle qui a régné plus de 70 ans sur l’angleterre et leur chère grandmère. Pourquoi ? Une question de droiture, de caractère affirmé et d’affection pour ses semblables. Résumer le parcours de cette retraitée, dont l’énergie débordante et la perspicacité feraient pâlir de jalousie les plus téméraires des jeunes actifs, est une tâche ardue… Née à Nevers en 1931, elle s’imagine mal suivre la lignée de son père, maître imprimeur, sous pression quand il s’agit de relier en urgence les prix Goncourt.
Fille au pair « chez Sir Renald Mandling »
À 22 ans, elle décide de prendre le large direction l’angleterre, pour parfaire son anglais comme fille au pair, en vue d’embrasser une carrière dans l’hôtellerie-restauration. La jeune femme rejoint alors le foyer de la famille de Sir Renald Mandling, nommé « Economic Secretary » of Mr Butler, membre du 40e Parlement du Royaume-uni, avant de devenir vice-premier ministre. Un environnement privilégié, où la bonne table côtoie les règles de bienséance. C’est ainsi que lui est offerte l’inespérée opportunité de participer à des mondanités, à commencer par un événement qui va marquer sa vie à jamais : le couronnement de la Reine Élisabeth II, le 2 juin 1953. Tout un programme l’attend : « Nous nous sommes levés à 4 heures du matin pour ne rien rater. Nous étions invités à
une private party dans un office de Trafalgar Square, où tout était prévu (nourriture et boissons). Nous avons pu admirer en live le défilé du cortège, lors de ses trois passages à Trafalgar depuis la terrasse de l’immeuble. Le 1er passage a été un moment très solennel, où j’ai ressenti une émotion très forte. D’abord les voitures automobiles des personnalités, puis le landau du 1er Ministre Mr Churchill… sans son cigare ! Tous les landaus entourés par les gardes montés dans leur costume d’apparat propre à leur pays… Puis le carrosse doré de la reine, tiré par huit chevaux et encadré de Yeomen... » Un spectacle d’un autre temps, finalement renouvelé samedi dernier avec Charles III, mais qu’elle a regardé
d’un oeil plus distrait. Car son admiration pour la couronne d’angleterre est surtout centrée sur la femme du duc D’édimbourg, Philip, « dont elle est tombée amoureuse dès ses 13 ans », rappelle Nicole, intarissable .
Aujourd’hui, la vue depuis sa terrasse, à deux pas du square Mistral, plonge littéralement dans le bleu de la mer. Beaucoup plus calme. Véritable ambassadrice de Cannes, choisie pour sa douceur, elle en supporte sans mal les travaux en cours un peu partout : « Vous croyez que le baron Haussmann a fait les grands boulevards de Paris en un jour ? » Un caractère bien trempé cette Nicole, on vous le disait