Notre frontière, c’est la Méditerranée (Giorgia, siamo con te !)
PHILIPPE VARDON
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a-t-il un problème avec l’italie ou les Italiens ?
Le 11 novembre 2022, alors qu’il ouvrait grand le port de Toulon pour le navire Ocean Viking de l’association SOS Méditerranée et ses 235 migrants (parmi lesquels des fichés S, dont on a depuis perdu la trace !), Gérald Darmanin considérait que l’italie n’avait pas été « au rendezvous du devoir d’humanité » en refusant de plier face à l’organisation militante et d’ouvrir ses ports. Ce jeudi 4 mai, a contrario, il a estimé que le gouvernement de Giorgia Meloni était « incapable de régler les problèmes migratoires ». L’italie serait ainsi étonnamment passée d’inhumaine à laxiste en quelques mois ? Si le propos est incohérent, il n’en a pas moins déclenché une nouvelle crise diplomatique avec nos voisins. Gérald Darmanin est-il le mieux placé pour donner des leçons en matière de maîtrise de l’immigration ? Certainement pas.
L’histoire retiendra donc que c’est sous son autorité que pour la première fois, une ONG a imposé l’arrivée de migrants à la France, au mépris de nos lois. Dans le même temps, face aux navires des associations qui se font en pratique le relais des trafiquants d’êtres humains et les complices actifs de l’immigration clandestine, le gouvernement italien s’efforce de faire respecter le droit international qui ne prévoit pas l’existence de « taxis pour migrants » mais qu’à chaque sauvetage « fortuit », le navire sauveteur se préoccupe de mettre en sécurité les passagers.
Menaçant d’immobiliser et même de saisir les bateaux, l’italie entend frapper le modèle économique des ONG en les empêchant de remplir leurs navires à ras bord pour optimiser leur communication et rentabiliser leur action.
Surtout, Gérald Darmanin est le ministre de l’intérieur qui détient tous les records en matière d’immigration. Disons les choses simplement : il n’y a jamais eu autant d’étrangers entrant dans notre pays et jamais eu autant d’étrangers présents dans notre pays. En 2022, le stock de permis de séjour atteint ainsi un niveau inégalé de 3 704 613 permis, soit 47 % de plus qu’en 2012. Dans le trio de tête des pays concernés : Algérie, Maroc, Tunisie. Et s’agissant de l’immigration illégale, avec Darmanin, on expulse moins que sous la présidence Hollande ! Il y a même, en moyenne, davantage de régularisations de clandestins que d’expulsions chaque année.
Alors que, de par sa position géographique, l’italie est en première ligne face à un afflux absolument inédit de migrants, nous devons nous tenir aux côtés de la courageuse Giorgia Meloni et de son gouvernement. Ne nous leurrons pas, la poussée démographique du continent africain est devant nous : il naît chaque année davantage d’enfants au seul
Nigeria que dans toute l’europe.
S’il faut bien sûr renforcer nos contrôles, qui peut sérieusement imaginer pour autant que nous réglerons le problème à Menton ? Notre frontière est en Méditerranée. Et tant pour dissuader les départs que pour empêcher les arrivées, la réponse sera dans la coopération européenne. Aux côtés de l’italie, mais aussi de la Pologne ou de la Hongrie, de plus en plus de voix – au sein du Conseil, mais aussi du Parlement européen, comme à l’occasion d’un amendement adopté le 12 avril dernier – réclament une véritable action pour protéger nos frontières extérieures.
Ce sera là l’un des enjeux majeurs du prochain scrutin européen.