Aux assises, un flirt qui dégénère en double crime
Le 22 juin 2019, Corine (*) a été retrouvée inconsciente et en sang dans un parking de Nice. Son agresseur, avec lequel elle avait passé la soirée, ne se souvient de rien.
La nuit du 21 au 22 juin 2019, la fête de la musique bat son plein. Un équipage de police est appelé dans le parking des Arts à Nice par des témoins. Du sang macule le mur et le sol. « J'entendais une sorte de râle quand je suis arrivé sur place », précise l'officier de nuit appelé à témoigner devant la Cour d'assises. Une femme dénudée agonise, coincée entre le mur et une 307 en stationnement. Elle est défigurée, les yeux tuméfiés, fermés.
Le policier lui prend la main, inerte, et pose sur elle une couverture de survie. Corine, victime de violences inouïes, a perdu connaissance. Son pronostic vital est alors engagé. Quand elle se réveille à l'hôpital, elle pense avoir eu un accident de voiture.
Yohan Orsini, le suspect, très agité, est rapidement interpellé. Il a plus de 2 g d'alcool dans le sang, des traces de cannabis et de cocaïne. Il prétend avoir subi, lui et son amie, une agression sauvage.
Les caméras de vidéosurveillance et des témoins infirment immédiatement sa version du drame.
Déchaînement de violences
Hier, au premier jour de son procès, Yohan Orsini, 30 ans, boucher de profession, affirme ne se souvenir de rien.
Il écoute, attentif, le récit d'un viol aggravé et d'une tentative de meurtre, scrute les images de vidéosurveillance où l'on aperçoit le couple titubant, s'enlaçant, s'embrassant avant que tout dégénère derrière un
pilier du parking.
Malgré l'heure, le lieu est loin d'être désert et particulièrement éclairé. Corine (*) commence à être brutalisée. Soudain elle parvient
à desserrer l'étreinte, gifle Yohan Orsini, fait tomber son sac à main, avant de disparaître du champ des caméras. Entre la Peugeot 307 et le mur, la victime est
piégée. Elle subit un déchaînement de violences qui dépasse l'entendement.
Perpétuité encourue
Le tableau clinique présenté par le médecin légiste hier après-midi est à la fois interminable et effrayant : « Multiples fractures à la face, fracture du nez, de la mâchoire, traumatisme crânien sévère avec une blessure de 6 centimètres, sang autour du cerveau, multiples bleus sur le cou qui fait penser à un début de strangulation, ecchymoses sur le sein, éclatement de la vessie, ongles cassés, lésions anales, griffures à l’entrée du vagin .... »
« Vous avez oublié la perte d'une dent », intervient Me Sandrine Reboul, avocate de la victime.
Le verdict du procès est attendu demain. L’accusé, qui reste à ce stade des débats une énigme, encourt la perpétuité.