Nice-Matin (Cannes)

Aux assises, un flirt qui dégénère en double crime

Le 22 juin 2019, Corine (*) a été retrouvée inconscien­te et en sang dans un parking de Nice. Son agresseur, avec lequel elle avait passé la soirée, ne se souvient de rien.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr (*) le prénom a été modifié

La nuit du 21 au 22 juin 2019, la fête de la musique bat son plein. Un équipage de police est appelé dans le parking des Arts à Nice par des témoins. Du sang macule le mur et le sol. « J'entendais une sorte de râle quand je suis arrivé sur place », précise l'officier de nuit appelé à témoigner devant la Cour d'assises. Une femme dénudée agonise, coincée entre le mur et une 307 en stationnem­ent. Elle est défigurée, les yeux tuméfiés, fermés.

Le policier lui prend la main, inerte, et pose sur elle une couverture de survie. Corine, victime de violences inouïes, a perdu connaissan­ce. Son pronostic vital est alors engagé. Quand elle se réveille à l'hôpital, elle pense avoir eu un accident de voiture.

Yohan Orsini, le suspect, très agité, est rapidement interpellé. Il a plus de 2 g d'alcool dans le sang, des traces de cannabis et de cocaïne. Il prétend avoir subi, lui et son amie, une agression sauvage.

Les caméras de vidéosurve­illance et des témoins infirment immédiatem­ent sa version du drame.

Déchaîneme­nt de violences

Hier, au premier jour de son procès, Yohan Orsini, 30 ans, boucher de profession, affirme ne se souvenir de rien.

Il écoute, attentif, le récit d'un viol aggravé et d'une tentative de meurtre, scrute les images de vidéosurve­illance où l'on aperçoit le couple titubant, s'enlaçant, s'embrassant avant que tout dégénère derrière un

pilier du parking.

Malgré l'heure, le lieu est loin d'être désert et particuliè­rement éclairé. Corine (*) commence à être brutalisée. Soudain elle parvient

à desserrer l'étreinte, gifle Yohan Orsini, fait tomber son sac à main, avant de disparaîtr­e du champ des caméras. Entre la Peugeot 307 et le mur, la victime est

piégée. Elle subit un déchaîneme­nt de violences qui dépasse l'entendemen­t.

Perpétuité encourue

Le tableau clinique présenté par le médecin légiste hier après-midi est à la fois interminab­le et effrayant : « Multiples fractures à la face, fracture du nez, de la mâchoire, traumatism­e crânien sévère avec une blessure de 6 centimètre­s, sang autour du cerveau, multiples bleus sur le cou qui fait penser à un début de strangulat­ion, ecchymoses sur le sein, éclatement de la vessie, ongles cassés, lésions anales, griffures à l’entrée du vagin .... »

« Vous avez oublié la perte d'une dent », intervient Me Sandrine Reboul, avocate de la victime.

Le verdict du procès est attendu demain. L’accusé, qui reste à ce stade des débats une énigme, encourt la perpétuité.

 ?? (Photo Ch. P.) ?? L'amnésie de l'accusé ne facilite pas le travail de sa défense représenté­e par Me Hubert Zouatcham et Me Samah Terzak.
(Photo Ch. P.) L'amnésie de l'accusé ne facilite pas le travail de sa défense représenté­e par Me Hubert Zouatcham et Me Samah Terzak.

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