Le Mondial de rugby fait exploser les prix à Nice
La Coupe du monde de rugby a fait exploser les nuitées d'hôtels en septembre prochain. Loi du marché ou spéculation excessive ? Se tourner vers la location : une solution risquée ?
Il y a presque une sensation de vertige à la vue des résultats du comparateur de prix. À côté de l’onglet anxiogène « peu de chambres restantes », défilent des tarifs faramineux. Pour cause : du 16 au 24 septembre, la Coupe du monde de rugby fait escale à l’allianz Riviera. Résultat : Impossible de trouver une nuit pour deux à moins de 100 euros.
Afin de mesurer cette flambée, voici la comparaison des nuitées en haute saison pour deux personnes par catégories d’hôtel. Avec deux-étoiles, au plus près de l’aéroport, la nuit à 91 euros au mois de juillet passe à 259 euros. Trop proche du stade peut-être ? Direction le centre-ville dans un trois-étoiles. Une explosion de 208 % et une nuit à 474 euros. Alors, quand il est question de se loger aux abords de l’allianz, c’est la folie des grandeurs : ça frôle les 800 euros. Flambée spéculative ou bien saisonnalité azuréenne ? Solution de repli, la location n’est pas non plus à l’abri des lois du marché.
Un phénomène qui se répète lors des grands événements
Bruno Mercadal est vice-président du syndicat des hôteliers Nice Côte d’azur et directeur général de l’hôtel Royal Riviera à Saint-jeancap-ferrat.
À l’évocation d’une flambée spéculative des prix il rétorque : «Ça n’est pas juste d’employer ce terme car ça n’est pas de cela qu’il s’agit ». « L’explication », poursuit-il, il faut la chercher du côté de la « saisonnalité azuréenne ». Une spécificité du territoire « qui connaît une baisse d’activité en hiver là où Paris présente une fréquentation linéaire », expose le patron du luxueux hôtel. En considérant que
la Côte d’azur est le second parc hôtelier le plus important de France, la rentabilisation des quelque 633 établissements repose
(1) grandement sur la haute saison. « Le Festival de Cannes ou le rallye de Monte-carlo illustrent bien ce phénomène aussi lié à l’évènementiel. La Coupe du monde de rugby ne fait pas exception à la règle. Les hôtels s'adaptent en fonction de l’activité, c’est bien normal », conclut
Bruno Mercadal.
Passer à la location : pas sans risque
Eric Four est représentant de commerce pour l’entreprise de chaussures Rieker. Une fois tous les six mois il se rend à Nice à l’occasion d’une exposition destinée aux professionnels. Un rendez-vous immanquable soudain perturbé par l’explosion des prix. « Pour un hôtel
Formule 1, la nuit à 50 euros s’est transformée réservation à 150 euros. Sur plusieurs jours pour un déplacement professionnel c’est énorme », résume-t-il, désappointé. Une seule solution de repli : la location. « Une maison pour sept personnes » à Riquier, précise le VRP. Le groupe de collègues réserve immédiatement : 1 100 euros pour deux nuits, c’est plutôt convoité. Trop beau pour être vrai peut-être ? « Le risque maintenant, c’est que la propriétaire annule notre réservation pour republier une annonce avec des prix beaucoup élevés », s’inquiète Eric Four. En effet, le propriétaire peut décider d’annuler un séjour jusqu’à moins d’une semaine avant l’arrivée des clients. Une fois ce délai passé, des pénalités financières peuvent être retenues par la plateforme de location. Intégralement remboursé, le voyageur n’en est pas moins laissé sur le carreau. Un risque que le VRP est prêt à encourir faute de mieux. À moins que la location ne devienne un véritable choix ? Il sourit : « Comparé à une chambre d’hôtel individuelle, la grande maison avec un jardin pour faire un barbecue, c’est peutêtre plus sympathique. Si ça se passe bien, on reviendra certainement l’année prochaine. »