Nice-Matin (Cannes)

Le Mondial de rugby fait exploser les prix à Nice

La Coupe du monde de rugby a fait exploser les nuitées d'hôtels en septembre prochain. Loi du marché ou spéculatio­n excessive ? Se tourner vers la location : une solution risquée ?

- ALEXANDRE ORI aori@nicematin.fr 1. Selon les chiffres 2 018 de l’insee.

Il y a presque une sensation de vertige à la vue des résultats du comparateu­r de prix. À côté de l’onglet anxiogène « peu de chambres restantes », défilent des tarifs faramineux. Pour cause : du 16 au 24 septembre, la Coupe du monde de rugby fait escale à l’allianz Riviera. Résultat : Impossible de trouver une nuit pour deux à moins de 100 euros.

Afin de mesurer cette flambée, voici la comparaiso­n des nuitées en haute saison pour deux personnes par catégories d’hôtel. Avec deux-étoiles, au plus près de l’aéroport, la nuit à 91 euros au mois de juillet passe à 259 euros. Trop proche du stade peut-être ? Direction le centre-ville dans un trois-étoiles. Une explosion de 208 % et une nuit à 474 euros. Alors, quand il est question de se loger aux abords de l’allianz, c’est la folie des grandeurs : ça frôle les 800 euros. Flambée spéculativ­e ou bien saisonnali­té azuréenne ? Solution de repli, la location n’est pas non plus à l’abri des lois du marché.

Un phénomène qui se répète lors des grands événements

Bruno Mercadal est vice-président du syndicat des hôteliers Nice Côte d’azur et directeur général de l’hôtel Royal Riviera à Saint-jeancap-ferrat.

À l’évocation d’une flambée spéculativ­e des prix il rétorque : «Ça n’est pas juste d’employer ce terme car ça n’est pas de cela qu’il s’agit ». « L’explicatio­n », poursuit-il, il faut la chercher du côté de la « saisonnali­té azuréenne ». Une spécificit­é du territoire « qui connaît une baisse d’activité en hiver là où Paris présente une fréquentat­ion linéaire », expose le patron du luxueux hôtel. En considéran­t que

la Côte d’azur est le second parc hôtelier le plus important de France, la rentabilis­ation des quelque 633 établissem­ents repose

(1) grandement sur la haute saison. « Le Festival de Cannes ou le rallye de Monte-carlo illustrent bien ce phénomène aussi lié à l’évènementi­el. La Coupe du monde de rugby ne fait pas exception à la règle. Les hôtels s'adaptent en fonction de l’activité, c’est bien normal », conclut

Bruno Mercadal.

Passer à la location : pas sans risque

Eric Four est représenta­nt de commerce pour l’entreprise de chaussures Rieker. Une fois tous les six mois il se rend à Nice à l’occasion d’une exposition destinée aux profession­nels. Un rendez-vous immanquabl­e soudain perturbé par l’explosion des prix. « Pour un hôtel

Formule 1, la nuit à 50 euros s’est transformé­e réservatio­n à 150 euros. Sur plusieurs jours pour un déplacemen­t profession­nel c’est énorme », résume-t-il, désappoint­é. Une seule solution de repli : la location. « Une maison pour sept personnes » à Riquier, précise le VRP. Le groupe de collègues réserve immédiatem­ent : 1 100 euros pour deux nuits, c’est plutôt convoité. Trop beau pour être vrai peut-être ? « Le risque maintenant, c’est que la propriétai­re annule notre réservatio­n pour republier une annonce avec des prix beaucoup élevés », s’inquiète Eric Four. En effet, le propriétai­re peut décider d’annuler un séjour jusqu’à moins d’une semaine avant l’arrivée des clients. Une fois ce délai passé, des pénalités financière­s peuvent être retenues par la plateforme de location. Intégralem­ent remboursé, le voyageur n’en est pas moins laissé sur le carreau. Un risque que le VRP est prêt à encourir faute de mieux. À moins que la location ne devienne un véritable choix ? Il sourit : « Comparé à une chambre d’hôtel individuel­le, la grande maison avec un jardin pour faire un barbecue, c’est peutêtre plus sympathiqu­e. Si ça se passe bien, on reviendra certaineme­nt l’année prochaine. »

 ?? (Photo d’illustrati­on Dylan Meiffret) ?? Du 16 au 24 septembre 2023, le prix des nuits d’hôtels dépasse les 200 % d’augmentati­on. Certains clients se tournent vers la location au risque de voir leur réservatio­n annulée au dernier moment.
(Photo d’illustrati­on Dylan Meiffret) Du 16 au 24 septembre 2023, le prix des nuits d’hôtels dépasse les 200 % d’augmentati­on. Certains clients se tournent vers la location au risque de voir leur réservatio­n annulée au dernier moment.

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