Nice-Matin (Cannes)

Combat des victimes

« Ça ne me ramènera pas ma fille, mais j’irai jusqu’au bout »

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Laurène était une belle jeune femme, souriante et pétillante. À 21 ans, la Niçoise avait la vie devant elle, et de nombreux projets à réaliser. Mais le destin en a décidé autrement.

Le 9 novembre dernier, alors qu’elle circule en scooter sur l’avenue des Diables bleus, à l’est de Nice, son existence bascule à tout jamais.

« Laurène devait déjeuner avec son frère, avant de l’aider à repeindre son appartemen­t. Elle était toute heureuse à l’idée de le retrouver. Il l’a attendue mais elle n’est jamais arrivée », confie sa maman, Valérie.

« Que justice soit faite »

À près de 700 mètres de chez elle, quelques minutes à peine après son départ, la jeune femme croise la route d’une camionnett­e, arrivant à toute vitesse en sens inverse, qui la percute de plein fouet. « Il a voulu doubler, a franchi la ligne blanche et... ma fille arrivait en face. »

Pour cette maman meurtrie, les mots restent, et resteront, douloureux. Transporté­e en urgence au centre hospitalie­r, la jeune Laurène s’éteindra cinq jours plus tard.

« Quand je l’ai vue sur son lit d’hôpital, la tête bandée, entourée de machines, le cauchemar a commencé », livre sa maman, animée d’un sentiment de haine légitime à l’égard de cet homme qui a ôté la vie de son enfant.

Une haine d’autant plus grande qu’ «il était alcoolisé, récidivist­e et en sursis, bien connu des services de police », poursuit Valérie, qui ne souhaite plus qu’une chose : « Que justice soit faite. » « Il a brisé ma vie. Ayant déjà de lourds problèmes de santé, la perte de Laurène

Valérie a perdu sa fille Laurène, 21 ans, percutée de plein fouet par une camionnett­e en novembre dernier.

m’a porté le coup de grâce et actuelleme­nt je ne pourrais tenir sans les antidépres­seurs », murmure-t-elle, la voix lourde, mais toujours empreinte de dignité.

Se battre « jusqu’au bout »

Le combat pour que soit reconnue légalement la notion d’homicide routier, Valérie le partage et le mène avec force et courage. Présente au procès, qui devrait se tenir à la rentrée prochaine, la maman entend se battre « jusqu’au bout ». « Ça ne me ramènera pas ma fille, mais j’irai au bout, prometelle. Je serai présente à Paris pour la marche du 3 juin, je monterai en voiture s’il le faut, afin d’honorer la mémoire de Laurène et celle de tous les jeunes qui perdent la vie sur les routes. C’est, aussi, ce qui va me permettre de tenir. » Valérie tente de contenir ses larmes, puis reprend : « Laurène aurait eu 22 ans le 16 mai. Elle était ambitieuse et avait tout pour elle. Aujourd’hui nous nous retrouvons à financer des plaques commémorat­ives pour les apposer sur le caveau. C’est peut-être bête ce que je vais dire, mais j’aurais préféré lui payer des vacances, elle qui projetait de partir quelques mois en Australie avec son copain. Pour ma fille, qui aimait tant la vie. Et qui ne cessera jamais de vivre en nous. »

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(Photo DR)

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