L’amnésie de l’accusé au coeur des débats
Quand il fait la fête, Yohan est sans limites. Au point de violer et de tenter de tuer Corine le 22 juin 2019 dans un parking de ? L’accusé n’arrive pas à y croire. Il ne se souvient de rien.
Ce soir-là, Fête de la Musique 2019 à Nice, Yohan et Corine (1) se séduisaient dans une atmosphère de douce euphorie. Ils se plaisaient. Ils avaient échangé des baisers dans la soirée. Et puis tout a dérapé dans le parking des Arts, près du musée d’art moderne, vers 2 h 30 du matin. Un geste déplacé, une gifle puis un déchaînement de violences inouï...
L’énigme Yohan Orsini
L’homme, 32 ans, sans casier judiciaire, comparaît, depuis mardi, aux assises pour viol et tentative de meurtre. « C’est impensable de me trouver là. C’est regrettable d’avoir eu un comportement pareil. »
Yohan Orsini, boucher-charcutier du quartier Libération à Nice, garçon somme toute ordinaire, s’est métamorphosé en agresseur sanguinaire et impitoyable. Corine a failli y perdre la vie.
Elle a subi deux ans de convalescence. Elle reste marquée à vie. Les rares témoins de personnalités venus à la barre ne permettent pas vraiment de percer l’énigme « Yohan Orsini ».
« L’alcool puissant psychotrope »
Le cadet de la fratrie le décrit comme « un grand frère aimant et protecteur ».
Une ex-compagne le dépeint comme « manipulateur, profiteur, immature » mais à la sexualité « ordinaire ».
Tout a dérapé dans le parking des arts, près du musée d’art moderne.
« Je ne me souviens plus de rien », répète l’accusé, élancé, cheveux longs et regard de naufragé.
- Au fond de vous, vous pensez quoi ? questionne la présidente Catherine Bonnici.
- Je ne me l’explique pas, je ne le comprends pas. C’est trop loin de la personnalité que je suis, du comportement que j’avais. C’est inconcevable. Je me refais cette soirée tous les jours depuis quatre ans.
« Est-ce une amnésie réelle ou utilitaire », s’interroge la magistrate ?
Le psychologue Danny Borgogno, est appelé à la rescousse : « L’alcool est un puissant psychotrope, rappelle l’expert. Ce n’est pas forcément une mise en scène. Cette amnésie n’est pas atypique. On la trouve aussi chez des plaignantes qui pensent avoir été droguées au GHB alors qu’il s’agit d’une alcoolisation massive. »
Le Dr Serge Suissa, psychiatre reste plus circonspect sur la personnalité de Yohan Orsini. Le médecin émet du bout des lèvres l’hypothèse « d’une ivresse dite compliquée. Un phénomène rare qui dure plusieurs jours, qui se traduit par des comportements de crises, de violences extrêmes, d’états délirants, d’hallucinations »
« Aveux extorqués »
Il détecte plutôt chez Yohan Orsini « un mécanisme de défense, de refoulement ».
Le miroir de la cour d’assises « lui renvoie une image terrible dans laquelle il ne se reconnaît pas. » (1)
Les aveux en garde à vue de l’accusé ne démontrent-ils pas que les pertes de mémoire de l’accusé sont une stratégie de défense ? Me Hubert Zouatcham balaie l’argument : « Des aveux ont été extorqués de manière déloyale ».
La diffusion hier matin de l’enregistrement d’une partie de l’interrogatoire abonde en ce sens. Le verdict est attendu ce soir.