Nice-Matin (Cannes)

Trafics aux Moulins : les drones entrent en action

Le préfet des l’avait annoncé après la fusillade de vendredi dernier dans ce quartier de l’ouest de Nice. Un drone a bien commencé à survoler la cité.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

I «ls comptent faire quoi avec un drone ? C’est ça qui va empêcher un mec de tirer ? Les Moulins, c’est pas le pays de Ouioui ! Ils seraient temps qu’ils s’en rendent compte. C’est pas un drone qu’il faut, c’est une remise à plat totale, une redistribu­tion entière du quartier. Un grand nettoyage ». Adrien hausse les épaules. Il habite la cité de l’ouest de Nice depuis 17 ans et y a fondé une famille. « Plus ils mettent des sous, plus c’est la merde...», dit-il, en montrant du doigt un immeuble en partie muré sur l’avenue Luther-king, l’une des artères principale­s de ce narco-quartier. « Dès que la police disparaît, hop ! les dealers réapparais­sent, c’est le jeu du chat et de la souris. Alors, un drone, ils s’en foutent pas mal », rigole-t-il, amer.

Neuf interpella­tions mardi

Mardi, un drone de la police nationale a survolé la cité. « En partie grâce à ça nous avons interpellé 9 personnes et saisi plus d’une centaine de grammes de drogue et 2000 euros », révèle le contrôleur général Frédéric Pizzini, directeur départemen­tal de la sécurité publique des Alpes-maritimes.

Hier, faute de télépilote, l’engin est resté à terre. « Mais il survolera de nouveau les Moulins cette fin de semaine et encore les prochains jours. Le préfet des Alpes-maritimes a pris un arrêté pour l’autoriser sur une période de trois mois pour le moment », révèle Frédéric Pizzini, qui est aussi directeur départemen­tal de la sécurité publique des Alpes-maritimes.

Vendredi après-midi, Bernard Gonzalez, le préfet des Alpes-maritimes s’est rendu aux Moulins sur les lieux de la fusillade du matin. Il avait annoncé l’utilisatio­n dès cette semaine de drones pour surveiller le quartier.

Vendredi, après une fusillade intervenue tôt dans la matinée, Bernard Gonzalez, le préfet, avait annoncé que ces appareils volants viendraien­t renforcer le maillage sécuritair­e mis en place depuis un mois dans ce quartier sensible. Les autorités veulent juguler les trafics, par tous les moyens : patrouille­s mixtes à pied ou à véhicules et à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. « Le drone est un outil qui apporte une réelle plus value opérationn­elle. Cela nous permet d’avoir une vision d’ensemble et précise sur les regroupeme­nts d’individus. Lorsque le point de deal est identifié, on peut en appréhende­r le fonctionne­ment, voir où vont se ravitaille­r les charbonneu­rs. Ça nous permet aussi de voir par où des individus prennent la fuite lorsqu’une patrouille intervient », précise le contrôleur général.

« Qu’ils frappent fort »

Et si Adrien, désabusé, n’y croit pas, Hanane, elle, remercie toutes les initiative­s en faveur « d’un quartier plus tranquille ». « Il faut qu’ils frappent fort cette fois et qu’ils utilisent absolument tout ce qu’ils veulent pour qu’on vive mieux. Tous les jours, ça tire. Avant on avait peur de sortir à certaines heures, maintenant c’est tout le temps », souffle la jeune femme qui habite avec sa mère derrière la place des Amaryllis, Zone centrale, souvent en surchauffe. « Encore l’autre jour, on a été réveillée dans la nuit par des coups de feu et je crois que quelqu’un a été blessé. Et ce matin j’ai vu un gamin avec une arme dans la poche en sortant de la maison. Il devait avoir 12 ou 14 ans, mais pas plus. Je veux bien des drones toute la journée et la police dans toutes les rues. Ces gamins, ils ne sont pas mauvais, il faut les remettre sur le droit chemin », assène Hanane en s’engouffran­t dans son immeuble avenue de la Méditerran­ée.

Business mis à mal

Plus loin, des chaises ont été installées au pied d’une tour. Des jeunes squattent, téléphone en mains, en jetant des coups d’oeil à droite et à gauche. Une petite accalmie dans leur journée de « travail ».

Depuis un mois, les dealers sont sur le qui-vive. Leur business est mis à mal par les forces de l’ordre bien plus visibles, bien plus offensives. La semaine dernière, près de 600 personnes ont été contrôlées et 37 ont été interpellé­es, dont 23 mineurs. La police a saisi des armes, près d’un kilo de cannabis, 350 grammes de cocaïne et plusieurs milliers d’euros. « On dérange leur économie de marché, on les déstabilis­e, c’est bon signe », avaient souligné Anthony Borré, l’adjoint à la Sécurité de Christian Estrosi et le préfet Gonzalez.

« Pour les drones on va encore monter en puissance. Nous allons former de nouveaux fonctionna­ires », précise encore Frédéric Pizzini. La préfecture étudie, de son côté, la faisabilit­é juridique de l’utilisatio­n des cinq drones de la police municipale. La Ville de Nice est prête à les mettre à dispositio­n de la police nationale.

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(Photo Jean-françois Ottonello)

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