Nice-Matin (Cannes)

« Nous devons donner des signes positifs à chacun »

Jean-marie Bockel, président de la commission de reconnaiss­ance et de réparation des préjudices subis par les harkis, était hier sur le site où des dizaines de familles ont vécu.

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Une petite stèle blanche au milieu d’un terrain privé envahi par la végétation. Juste au bord de la route des Dolines à Sophia Antipolis sur laquelle les voitures filent à toute allure. Une stèle pour rappeler l’existence du hameau forestier de la Bouillide, baptisé la Cité des Roses, dans lequel des dizaines de familles de harkis ont vécu tant bien que mal de 1966 et, pour les derniers habitants, jusqu’en 1992, comme l’a découvert hier Jean-marie Bockel, président de la commission nationale de reconnaiss­ance et de réparation des préjudices subis par les harkis. Instaurée par décret en 2022, la commission a la lourde tâche de traiter des centaines de demandes d’indemnisat­ion, avec l’aide de l’office national des anciens combattant­s et victimes de guerre (Onacvg). L’ancien secrétaire d’état et sénateur du Haut-rhin et les membres qui l’assistent sont plongés dans les dossiers et parcourent le pays. Entre une visite le matin à Mouans-sartoux et, l’aprèsmidi, une réunion à Nice dédiée au recueil de la mémoire des anciens, ils ont tenu à répondre à l’invitation de l’associatio­n des Familles de harkis de la Cité des Roses présidée par Farid Fettani.

Bons et mauvais les souvenirs affluent

Ceux qui ont grandi ici ont les larmes aux yeux. Les souvenirs affluent en guidant les visiteurs. Le tour est vite fait, car tout a été rasé. « Ici, les maisons étaient réparties sur trois terrasses ». « Les pères travaillai­ent si dur… ». « Malgré tout, on s’amusait comme des fous, on était enfant ». Mais les mauvais souvenirs ne sont pas loin. « En passant devant, des gens nous traitaient de traîtres ! Adolescent­s, on ne disait pas qu’on habitait là ». Ici, les hommes étaient forestiers, abattant des arbres et en plantant

Jean-marie Bockel a été accueilli par le maire Joseph Césaro et Farid Fettani, président de l’associatio­n des familles de harkis de la Cité des Roses sur le site marqué par une stèle.

d’autres pour un salaire de misère. Les femmes élevaient les enfants qui allaient à l’école communale. Beaucoup sont nés ici. Un hameau de forestage comme il en a existé d’autres à travers le pays, construits à la hâte pour abriter ceux, qui durant la guerre d’algérie, ont aidé les soldats français et qui ont dû fuir leur patrie sous peine d’être massacrés. Des abris temporaire­s qui ont duré. Aujourd’hui, anciens combattant­s et descendant­s demandent réparation. Jeunes et anciens, tous ceux qui ont vécu dans ces hameaux doivent être indemnisés. C’est ce à quoi s’attelle la commission et la tâche est grande, étalée sur quatre ans.

28 000 demandes d’indemnisat­ion

« Nous avons au total 28 000 demandes, dont 7 600 ont été traités. Nous privilégio­ns les dossiers des plus anciens mais nous donnons des signes positifs tout le monde », souligne Jean-marie Bockel qui a échangé avec les participan­ts et le maire Joseph Cesaro. On note également la présence de l’ancien maire Marc Daunis, aujourd’hui élu d’opposition. Il faut aussi répertorie­r tous les sites de mémoire à travers la France. Un rapport doit être remis à la Première ministre prochainem­ent.

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