Sur la réforme des retraites
Après l’adoption à marche forcée de la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’est longuement confié à nos confrères de Challenges. Extraits.
Le Président de la République en a profité pour tracer sa feuille de route d’ici à 2027. « On ne peut pas être le pays qui a le modèle social le plus généreux, les déficits courants les plus importants, un pays qui a désindustrialisé et qui choisit d’être celui où on part plus tôt à la retraite et où on travaille moins d’heures par an. Ceux qui disent le contraire sont dans le déni de réalité, c’est d’ailleurs leur terreau. Ils ont une lourde responsabilité car ils préparent ainsi l’arrivée au pouvoir des extrêmes. »
Sur le recours polémique au 49.3 pour la réforme des retraites
« On aurait dû plus expliquer la nécessité de cette réforme. Ce qui m’a frappé, c’est qu’un nombre considérable d’acteurs de la démocratie sociale et politique se sont affranchis du rapport au réel dans le débat que nous avons eu. On a vu des gens protester et manifester contre, jamais en nous disant comment ils allaient faire face au changement démographique et aux déficits de nos régimes de retraites. S’opposer, ça ne fait pas une politique. »
« On a utilisé, pour la centième fois dans l’histoire de la Ve République, l’article 49 alinéa 3. Le général de Gaulle a décidé de la dissuasion nucléaire sur la base de cet article. La privatisation de TF1 l’a été aussi. La CSG de Michel Rocard l’a été encore. »
Sur de potentielles alliances avec d’autres partis politiques
« Je pense qu’il y a eu beaucoup de cynisme autour de la réforme des retraites, beaucoup de postures. Je veux bien prendre à mon compte toutes les fautes, toutes les erreurs, mais je ne céderai jamais au cynisme et à l’irresponsabilité. Avec des projets de bonne volonté, il faut construire des majorités pied à pied (...) Si le PS et EELV sont prêts à s’inscrire dans une démarche constructive, nous y sommes prêts. Tout comme pour LR. »
Sur l’inflation et le pouvoir d’achat
« Grâce aux dispositifs que le gouvernement a mis en place, les prix ont moins augmenté que dans d’autres pays européens, nous n’avons pas eu d’inflation à deux chiffres, contrairement à beaucoup d’autres. Reste que la hausse des prix alimentaires est un réel problème. Aujourd’hui, le système entre les agriculteurs, les transformateurs et les distributeurs n’est pas équilibré. »
« La loi est certes venue corriger les effets de la surconcentration des distributeurs en défendant les agriculteurs et les PME de l’agroalimentaire. C’est une bonne chose, y compris en période d’inflation. Mais il faut surveiller l’évolution des marges des grands de l’industrie et de la distribution. Nous allons les remettre autour de la table et renégocier certains prix. »