Nice-Matin (Cannes)

Chiens et chats paient

Les animaux de compagnie font aussi les frais des hausses de prix dans l’alimentati­on et les soins. Conséquenc­es, les abandons sont en augmentati­on et dans les refuges, on frise la saturation.

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

U «ne portée de chatons avec leur mère a été retrouvée enfermée, scotchée dans un carton déposé dans un conteneur à poubelles au Rayol-canadel. » Ce genre de gestes de « gens qui n’ont pas le courage de leurs actes » ne sont hélas pas nouveaux pour Dominique Labé. Sauf qu’étant donné le contexte économique actuel, la présidente varoise de l’associatio­n de la Croix-valmer d’aide et de défense aux animaux craint de les voir empirer. Lorsque tombe le couperet des fins de mois difficiles et qu’il faut « arbitrer », le budget « animaux » serait l’un des premiers touchés. Selon les estimation­s, le coût annuel pour un petit chien sans problème de santé particulie­r avoisinera­it les 400 euros pour bondir à plus de 1 000 euros pour un « grand chien ».

Recourir au panier anti-inflation « animal »

D’où une « logique de l’économie » cruellemen­t ressentie au sein de la SPA plus que jamais dans le rôle des « pompiers de service » lorsque tombent les abandons de chiens, chats et autres NAC (nouveaux animaux de compagnie).

Ces abandons (toutes causes confondues) ont augmenté au premier trimestre avec 15 % de prise en charge en plus en janvier, février et mars.

Face à la situation, le Parti animaliste demande carrément au gouverneme­nt l’inclusion des aliments pour animaux dans le panier anti-inflation afin de garantir leur accessibil­ité. « À la détresse financière subie par nombre de nos concitoyen­s ne doit pas s’ajouter la détresse psychologi­que de devoir se séparer d’un être cher », plaide Catherine Hélayel, coprésiden­te et porte-parole du mouvement.

Point positif malgré tout, 35 % des Français préfèrent réduire d’autres dépenses

(1) afin de continuer à gâter leurs boules de poils. Un tiers cherchent à adoucir la facture en se tournant vers des produits moins chers ou faits maison, ou encore en limitant les achats non essentiels (vêtements, solutions de gardiennag­e, séances avec un éducateur canin ou félin).

Chenils chauffés en continu

La problémati­que ne se limite pas aux propriétai­res qui ne peuvent plus assumer le coût des produits.

« Nos refuges subissent une hausse de 17 % du prix des croquettes pour chats et pour chiens ainsi que de la nourriture spécialisé­e pour les animaux plus fragiles. Une hausse des coûts de la litière, des accessoire­s pour animaux et des produits de nettoyage », est également pointée par les représenta­nts de l’associatio­n qui héberge, nourrit et soigne ses pensionnai­res. « À ces augmentati­ons s’ajoute celle du coût de l’énergie alors que les chatteries et les chenils sont chauffés en continu pour garantir le bien-être de nos pensionnai­res. On est passé de 832 euros de coût de fonctionne­ment en 2022 pour chacun des animaux, à 942 euros », chiffre le président de la SPA, Jacques-charles Fombonne, qui comptabili­se 45 000 animaux recueillis chaque année dans ses 64 refuges.

Portes ouvertes aujourd’hui et demain

La conjonctur­e étant ce qu’elle est, cette triste logique se poursuit avec une stagnation du nombre d’adoptions. Les animaux restent plus longtemps dans les refuges avant de trouver de nouveaux maîtres. «En moyenne jusqu’à 56 jours », précise une porte-parole. Ce qui aboutit inexorable­ment à la saturation de ces lieux d’accueil avant même le début de la période estivale. Planche de salut, les journées portes ouvertes demain et dimanche, dans 63 refuges en France. Elles constituen­t toujours un tremplin pour l’adoption. Pour peu qu’ensuite, celle-ci ne rime pas avec abandon. 1. Sondage réalisé auprès d’un panel de 1 500 propriétai­res de chiens et chats par Rover, réseau pour les services aux animaux de compagnie.

 ?? (Photo d’illustrati­on Clément Tiberghien) ?? Avec l’augmentati­on de la facture « animaux », les refuges notent une hausse des abandons. Un phénomène qui pourrait empirer avec le temps.
(Photo d’illustrati­on Clément Tiberghien) Avec l’augmentati­on de la facture « animaux », les refuges notent une hausse des abandons. Un phénomène qui pourrait empirer avec le temps.

Newspapers in French

Newspapers from France