Le directeur de Sasserno entendu par la police
Le chef de cet établissement privé catholique de Nice a été entendu en audition libre pour outrage sexiste et harcèlement moral. Les soupçons d’agression sexuelle semblent écartés.
L’affaire est-elle en train de se dégonfler ? Début avril, le directeur de l’établissement privé catholique Sasserno à Nice était licencié par la Direction diocésaine de l’enseignement catholique, la DDEC. Un mois avant, il avait été mis à pied « à titre conservatoire » par son autorité de tutelle. Depuis le mois d’octobre, lui et au moins deux autres membres de l’équipe pédagogique sont au coeur d’une enquête ouverte par le parquet de Nice pour des faits d’« agressions et tentatives d’agressions sexuelles » et pour « outrages sexistes par personne abusant de l’autorité de ses fonctions ».
Jusque-là, seule la « justice » du diocèse était passée. Aucun des mis en cause n’avait encore été entendu par la police dans cette affaire. Une affaire sans plainte, qui avait débuté par une dénonciation. Une lettre « anonyme » envoyée au diocèse et au rectorat. Le procureur de la République de Nice avait alors été saisi.
« Aucune orientation n’a été prise »
Mais, le 4 mai, la machine judiciaire a enclenché la seconde. Le directeur de Sasserno a été entendu pendant environ trois heures au commissariat Auvare, dans la matinée. L’après-midi, c’est son assistant de direction qui a répondu aux questions des enquêteurs. « À ce stade, aucune orientation n’a été prise », affirme le procureur de la République de Nice, qui confirme les auditions dans ce dossier. Un dossier qui semble se dégonfler au fil des mois.
De nombreuses jeunes filles évoquent une ambiance délétère au sein de l’établissement scolaire niçois.
« Je précise que mon client a été entendu sous le régime de l’audition libre. Que cette audition a porté sur des soupçons relatifs à la contravention d’outrage sexiste et à des soupçons de harcèlement moral. Je précise enfin, ce que mon client et moi-même ignorions jusqu’à cette audition, que l’origine de cette affaire se trouve dans une lettre anonyme adressée à l’évêque de Nice en octobre 2022 », argumente Philippe Soussi, l’avocat du directeur de Sasserno. Les qualifications d’agressions sexuelles et de tentatives d’agressions sexuelles semblent être écartées par les enquêteurs. Au moins pour son client.
« L’incroyable faiblesse d’un dossier nauséabond »
« Par respect pour l’enquête je me contenterai, à ce stade, de dire que tout dans cette affaire me consterne. Je l’ai d’abord été par la communication publique de la DDEC. Elle avait cru bon, par communiqué de presse, d’annoncer le licenciement en décrétant, toute seule, que les faits étaient “établis”, avant même que mon client ait pu se défendre et avant même que l’enquête ne soit menée à son terme, jetant ainsi sur la place publique l’honneur d’un homme », poursuit le conseil du directeur. « Je le suis encore plus après l’audition, au regard de l’incroyable faiblesse de ce dossier nauséabond. Je veux souligner aussi le procédé abject et d’une lâcheté sans nom de la lettre anonyme », conclut Me Soussi.
Une lettre signée « Les élèves de BTS »
Selon nos informations, la lettre qui a déclenché toute l’affaire serait signée « Les élèves de BTS ». Ils auraient tous été auditionnés : aucun d’entre eux n’aurait avoué en être l’auteur. Une source interne à Sasserno confie : « D’après ce qui circule de manière insistante, ce serait un adulte qui a écrit la lettre anonyme, un nom est même régulièrement cité. La personne en lien avec les accusations de harcèlement moral. »
Philippe Soussi veut remettre les pendules à l’heure : « Contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit, cette affaire porte sur une contravention d’outrage sexiste, laquelle est au demeurant farouchement contestée, comme l’est la fable du harcèlement moral. »
Pour autant, c’est bien un climat délétère qui règne à Sasserno, où les langues des adolescents se délient. Plusieurs jeunes filles témoignent de propos déplacés tenus par des membres de l’équipe pédagogique. Certains de ces propos l’ont été devant de nombreux témoins, dont des parents d’élèves. « Tu caches bien ton jeu avec ton air de chienne », « quand tu portes du rouge à lèvres, je me concentre que sur tes lèvres », « faut pas s’étonner que vos filles se fassent agresser lorsqu’elles portent des jupes »...