Nice-Matin (Cannes)

Ada Loumani choisi pour un hommage à Picasso

Le maître verrier de Valbonne fait partie des 50 artistes français sélectionn­és pour rendre hommage à Pablo Picasso. Pour cet événement organisé à Barbizon il a réalisé un nouveau vase. La technique du Graal d’ada Loumani

- J.BAUDIN jbaudin@nicematin.fr

Il y a 50 ans disparaiss­ait Pablo Picasso. Les hommages à ce maître de la peinture se multiplien­t un peu partout sur notre territoire. Et des artistes azuréens participen­t aussi à des événements qui sont organisés ailleurs en France.

C’est le cas d’ada Loumani, l’artiste maître verrier de Valbonne célèbre pour ses vases aux peintures suspendues dans du verre épais qui intensifie la profondeur et la résonance des couleurs.

Il a été choisi aux côtés de 49 artistes français contempora­ins de renommée internatio­nale – parmi lesquels Ben, Robert Combas, Charlélie Couture, Patrick Moya, Peter Klasen ou encore le plasticien Jean-pierre Raynaud... – pour une exposition collective organisée à Barbizon, un village d’artistes près de Paris.

L’idée ? Que les artistes choisis présentent une oeuvre en la mémoire de Pablo Picasso.

« C’est un véritable honneur pour moi d’avoir été choisi, confie Ada Loumani. Jean-michel Gout-werner, qui est un des commissair­es de cette exposition collective, est un grand collection­neur d’art. Il a voulu diversifie­r les supports pour ce projet autour de Picasso. »

Pour ce rendez-vous et ce projet qui lui tiennent très à coeur, Ada Loumani a réalisé un vase inspiré de l’oeuvre de Picasso « Tête de Femme » réalisée en 1962.

Ada Loumani a imaginé durant trois ans la forme

« Cette oeuvre c’est d’abord l’amour de Picasso pour sa muse, sa femme Jacqueline, qui est véritablem­ent un hymne à la création. C’est aussi

Ada Loumani Ada Loumani est un artiste souffleur de verre. Il s’est fait une spécialité des vases aux peintures suspendues dans du verre épais qui intensifie la profondeur et la résonance des couleurs.

un travail à quatre mains entre Pablo Picasso et son photograph­e André Villers. Il me tenait à coeur d’aborder cette relation, peu connue du grand public, entre ces deux hommes, tous les deux très inspirants.

Dans ce travail, le photograph­e expériment­e des surimpress­ions de négatifs et Pablo Picasso découpe et évide des formes de visage. Ce découpage s’est immédiatem­ent imposé à moi. »

Ada Loumani a alors imaginé durant trois ans la forme, le dessin, la couleur flottant dans le verre, la force de ces lignes dans la transparen­ce et la légèreté de la matière. « Ma première étape fut de souffler un noyau, à le cuire, puis à peindre le décor, à le découper, en anticipant la dilatation du dessin lors du soufflage du verre, décrit l’artiste. Il fallut ensuite réchauffer ce noyau,

« Cette oeuvre c’est d’abord l’amour de Picasso pour sa muse, sa femme Jacqueline.

» et l’enfermer dans des couches successive­s de verre et enfin souffler afin d’obtenir la forme définitive. Mon tourment ? Celui de parvenir à faire flotter le dessin dans le verre, à en faire transparaî­tre la force et la finesse sans en dénaturer l’esprit. Et enfin, l’émotion, celle insufflée par l’art que j’espère en toute humilité faire partager. »

Pour la couleur, le violet, Ada Loumani la tient d’un verrier de Murano. « Là-bas les verriers font leur propre couleur, celle-ci m’a été donnée il y a quinze ans par un verrier. J’attendais la bonne occasion pour m’en servir. »

Avec ce vase, Ada Loumani répond ainsi à l’objectif fixé par les commissair­es de cette exposition organisée jusqu’au 10 juin à Barbizon : rendre hommage à Picasso et voir l’influence qu’il a laissée, y compris sur l’art contempora­in.

Ada Loumani est spécialisé dans le soufflage de verre selon la « technique du Graal ». Cela signifie un travail successive­ment à froid et à chaud afin de créer des effets de profondeur à l’intérieur de la pièce.

« J’ai développé une technique qui exige une combinaiso­n de travail artistique, de compétence technique et un travail physique éprouvant, explique-t-il. La première étape consiste à souffler un noyau d’environ une quinzaine de cm, à le cuire, le laisser refroidir environ une journée, puis à peindre le décor. Le processus continue en réchauffan­t le noyau, l’enfermant dans de nouvelles couches de verre pour concevoir des images, et par anticipati­on imaginer la dilatation du dessin lors du soufflage, donner un volume en respectant les proportion­s pour parvenir à des formes atteignant 50 cm de hauteur. Puis je souffle la forme définitive. Chaque étape est longue et risquée, car chaque cycle de recuisson induit des pressions et des tensions dans les différente­s couches de verre. »

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(Photos J.B. et DR)
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