Nice-Matin (Cannes)

« Il m’a demandé des faveurs sexuelles contre un logement social »

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr Son prénom a été modifié pour respecter son anonymat.

Naïma(1), une quarantain­e d’années, habite Nice. Elle travaille dans les transports. La maman de quatre enfants est en recherche active de logement social après un divorce. Une urgence.

De dossier en dossier, rien ne bougeait. Jusqu’au jour, en début d’année, où une amie lui dit qu’elle connaît quelqu’un qui travaille dans l’hébergemen­t social, dans un service d’état, et qu’il peut l’aider en sous-main.

« Il m’a demandé de venir en jupe au rendez-vous »

Ni une, ni deux, Naïma appelle sur le portable de l’individu. « Le premier jour il est apparu suspicieux. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien pour moi. » L’homme rappelle finalement le lendemain et propose un rendez-vous dans une boulangeri­e du boulevard Gorbella. « Il m’a demandé de venir en jupe. J’y suis allée... mais en pantalon. Il m’a dit qu’il s’occupait d’attributio­ns de logements, qu’il pouvait m’aider. Il m’a parlé des procédures du droit au logement opposable, des commission­s. Il disait pouvoir faire passer les dossiers pour une certaine somme. Puis très vite, il a abordé sa situation personnell­e. Il s’est dit marié, mais avoir des problèmes avec sa femme. »

Naïma n’est pas dupe, mais souhaite ardemment un logement. Elle tient l’homme à distance.

Il échange des dizaines de messages

avec elle et ses demandes deviennent plus explicites : « Il voulait, disait-il, qu’on se mette ensemble. Pas en couple, mais se voir de temps en temps...»

« J’ai menacé de tout dire à la police »

Puis l’individu abat ses cartes : « Il voulait renifler ma culotte, des photos. Je n’ai rien envoyé mais je ne disais pas non. Dans la situation où je suis, je veux sauver mes enfants. Mais pas au point de faire ça. »

Voyant ses propositio­ns sexuelles repoussées, l’homme a alors, dans des

messages consultés par Nice-matin, réclamé entre 2 500 et 3 500 euros. « J’ai refusé, je l’ai menacé de tout dire à la police, à la presse et il a arrêté. » Naïma n’a plus de nouvelles de lui depuis quelques semaines. Elle n’exclut pas de déposer plainte. Mais dans sa situation de fragilité, déposer plainte, c’est aussi un risque. « Je me concentre sur ma recherche, mais je trouve ça honteux que des personnes profitent de la misère des autres. » 1.

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(Photo illustrati­on N. M.) Certains profitent de la difficulté à se loger pour demander des faveurs sexuelles.

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