Insécurité et immigration : Darmanin répond à Estrosi
Interpellé à plusieurs reprises par le maire de Nice, le ministre de l’intérieur lui écrit pour réaffirmer l’engagement de l’état. Plus surprenant : il évoque un centre de rétention à
L «’État n’assume pas sa responsabilité régalienne. » De petites phrases assassines en courriers officiels, cela fait plusieurs mois que Christian Estrosi tempête contre le manque d’engagement du gouvernement en matière de sécurité. « On ne regarde pas la situation de Nice avec le sérieux nécessaire, regrettait encore en avril le maire de la capitale azuréenne. On se moque de nous ! »
Gérald Darmanin vient de lui adresser une réponse écrite. Dans ce courrier daté d’hier que nous avons pu nous procurer, le ministre de l’intérieur rappelle d’abord que « la politique de lutte contre l’immigration irrégulière se traduit par une hausse de 20 % des éloignements forcés depuis le début de l’année 2023. »
« Un CRA de plus de 100 places à La Trinité »
Cette politique « doit contribuer à lutter contre la délinquance, comme vous le rappelez à propos du quartier des Moulins, détaille-t-il. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé aux préfets, depuis l’été dernier, de prioriser le placement en rétention des étrangers délinquants. Ceux-ci représentent désormais près de 90 % du public placé en centre de rétention administrative (CRA), ce qui suppose d’en tirer toutes les conséquences sur le nombre et la typologie des places de rétention. » Évoquant les 40 places existantes sur le site d’auvare à
Nice qui doit être démoli, le ministre estime que «la priorité doit être de trouver une solution pour [les] maintenir. »
Il poursuit avec une information plus étonnante : «À ce stade, la construction d’un nouveau CRA de plus de 100 places est envisagée dans la commune de La Trinité sur un terrain propriété de la ville de Nice. Nous avons besoin du soutien de la Ville et de la métropole pour mener ce projet à bien. »
« Centres permanents et non temporaires »
Début avril, la rumeur d’une telle implantation s’était répandue
dans la commune de la couronne niçoise. Son maire, Ladislas Polski, l’avait catégoriquement démentie. Hier soir, informé des propos du ministre, il explose : « Je suis extrêmement surpris et, surtout, radicalement opposé à cette implantation ! Notre commune est en pleine requalification. Elle n’a absolument pas besoin de cela ! »
Gérald Darmanin rebondit, par ailleurs, sur la proposition de Christian Estrosi de mettre à disposition trois sites pour créer à brève échéance de nouvelles places : « Je vous propose de mener rapidement les études permettant d’évaluer
leur potentiel pour accueillir des locaux. Je souhaite que ces centres soient permanents et non temporaires .» « Cette mobilisation contre l’immigration irrégulière complète notre effort sans précédent en matière de lutte contre la délinquance par les services de police au profit de la Ville de Nice et, plus largement, sur l’ensemble du département », souligne le ministre. Qui rappelle : « Une compagnie républicaine de sécurité a été fidélisée depuis le 1er septembre 2022. Ce dispositif a même été renforcé à seize reprises par des unités de force mobile supplémentaires. » Comme pour appuyer ses
dires, le courrier s’achève par une mention manuscrite rédigée sur un ton plus familier : « Je compte sur toi pour que le projet pérenne de CRA voit vite le jour. L’état sera toujours aux côtés de la ville de Nice, comme le montre l’augmentation sans précédent des effectifs (qui se poursuit) et l’investissement (historique) mis dans le projet d’hôtel de police ». À bon entendeur…