Bus : la facture s’allonge déjà (et pas qu’un peu...)
Pour faire face au mécontentement des usagers, le réseau Sillages va être adapté (nouvelles lignes, arrêts, horaires, etc). Conséquence de l’ajustement : 19 M supplémentaires au contrat.
Et il faut (déjà) repasser à la caisse... Signé en septembre 2022, en vigueur depuis le 1er janvier, le contrat de concession entre la CAPG et la société Marfina/moventis pour la gestion et l’exploitation du réseau Sillages, fait l’objet d’une rallonge conséquente.
De 113 M sur dix ans, l’on passe ainsi à plus de 132 M, puisque 19,173 M supplémentaires sont injectés par l’agglo. « Soit un peu plus de 1,9 M par an » convertit Claude Serra (Le Tignet). La raison ? Le vice-président en charge des transports développe : « Cet avenant est essentiellement motivé par des raisons d’adaptation et d’ajout de services, nécessaires au regard du premier bilan dressé dans nos communes. »
Adaptation et création de lignes, urbaines et scolaires, ajout de véhicules et d’horaires [lire plus loin]... Un affinage qui intervient pour faire face à la grogne, amplement relayée sur les réseaux sociaux, de nombre d’usagers depuis le début d’année.
Un avenant qui « fausse » l’appel d’offres ?
Et qui intrigue Paul Euzière (Grasse à Tous). « Une augmentation de 20,34 % d’un contrat, voté il y a huit mois, c’est une somme, euphémise-t-il (1). Comment expliquer que des lignes qui existaient et étaient utilisées ont été supprimées, puis rétablies maintenant ? Comment le cahier des charges de l’appel d’offres a-t-il été établi ? »
Il poursuit : « On a attribué le marché
à Marfina en fonction de “la valeur économique et financière de l’offre” [il cite le président Jérôme Viaud, lors du vote du contrat, le 22 septembre] et “en respectant une contrainte budgétaire” [ça, c’est Claude Serra]. Or, nous avons là une délibération qui fait état de “plusieurs insatisfactions des usagers” et “des insuffisances dans l’offre de transport proposé aux habitants”. Pour corriger cela, il nous est proposé un avenant de plus de 19M .»
Conclusion : « Pour répondre aux besoins définis dans cet avenant, il aurait fallu que l’appel d’offres initial
porte sur 132 millions et non 113. En supprimant des lignes pour les rétablir, on a sous-évalué le coût des transports publics dans notre agglomération. » Ainsi, selon l’élu grassois, l’appel a été quelque peu faussé : « Des entreprises qui auraient pu soumissionner à 132 millions ont pu juger impossible les conditions du cahier des charges à 113 millions. »
En filigrane, le conflit employeur-employés
Passée l’intervention de Catherine Seguin (Peymeinade), estimant qu’au niveau de la communication des infos aux communes, « pas mal d’aspects ne sont pas opérationnels [SMS d’alerte, site internet non actualisé] », Claude Serra reprend (sans répondre à Paul Euzière). Concédant «la phase difficile de mise en oeuvre de la nouvelle DSP [délégation de service public] » et le retour en arrière sur la décision de supprimer des lignes « qu’on estimait beaucoup trop chères », pour répondre « aux attentes des habitants » ,il rappelle néanmoins : « Sillages n’est jamais qu’une régie d’exploitation et qu’il s’agit, pour l’instant, d’un conflit et de difficultés entre employeur et employés. » Comprenez, entre Marfina/moventis et les conducteurs, « l’ensemble de la société étant touchée par des mouvements de grève perlée, à des horaires bien ciblés, ceux des scolaires le matin et l’après-midi. »
En attendant que la situation s’apaise, les changements demandés seront-ils suffisants ? L’avenir le dira. Et, comme toujours, ce sont les usagers qui feront office de juges de paix. 1. Magali Conesa, Paul Euzière (Grasse à Tous) et David Varrone (Andon) ont voté contre la délibération.