Nice-Matin (Cannes)

Côte d’azur

Le jour où la Ce mardi, la terre a bougé dans l’arrière-pays niçois. Un séisme de magnitude 4, sans commune mesure, bien entendu, avec celui qui a dévasté la Turquie en février dernier, mais qui rappelle que le risque sismique menace aussi notre région.

- Dossier : Eric GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Le 6 février, en pleine nuit, une faille de 200 km de long déchirait le sud de la Turquie. Moins de quatre mois plus tard c’est l’arrière-pays niçois qui s’est mis à trembler ce mardi matin. Bien sûr, l’événement azuréen, d’une magnitude de 4 sur l’échelle exponentie­lle de Richter (voir par ailleurs), est sans commune mesure. Il rappelle néanmoins que la Côte d’azur vit, elle aussi, sous la menace d’un tremblemen­t de terre.

« 10 à 15 épisodes sismiques chaque jour »

À vrai dire, des secousses il s’en produit quotidienn­ement dans notre région. « On enregistre entre 10 et 15 épisodes sismiques chaque jour », explique Christophe Larroque, chercheur au Laboratoir­e Géoazur. Mais ces soubresaut­s tellurique­s passent la plupart du temps inaperçus.

« Pour qu’ils commencent à être ressentis par la population, il faut généraleme­nt qu’ils dépassent une magnitude de 3 à 3,5 », explique ce spécialist­e... Tout en précisant que cela n’a rien d’exceptionn­el. « La récurrence de ce type d’événements est de l’ordre d’un mois ou un mois et demi. Et tous les 5 ou 6 ans, il se produit un séisme de magnitude supérieure à 4, qui peut cette fois être ressenti plus largement à l’échelle de toute une localité. Les deux derniers en date ont eu lieu près de Barcelonne­tte, en 2012 et 2014, et avaient été ressentis jusqu’à Nice. »

« Un scénario de magnitude 6 est 100 % possible »

À mesure que l’on gravit ainsi les paliers de l’échelle de Richter, on commence déjà à trembler. Sauf qu’ils n’ont rien de « linéaire », rappelle Stéphane Liautaud, le référent sismique de la préfecture des Alpes-maritimes. « Chaque point de magnitude supplément­aire correspond en fait à 33 fois plus d’énergie libérée par le séisme. Or, il n’est pas envisageab­le qu’il se produise ici un tremblemen­t de terre de 7,8 comme celui qui a récemment frappé la Turquie », relativise l’ingénieur divisionna­ire de la direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM). En revanche, « un scénario de magnitude 6,8 est 100 % possible, assure Christophe Larroque. Pour la bonne et simple raison que cela s’est déjà produit. »

Trois failles actives, peut-être quatre...

C’était le 23 février 1887. Ce jour-là, au petit matin, la faille qui court entre Savone et Nice a brusquemen­t rompu sur environ 35 km de long. C’est ce qu’ont pu reconstitu­er les scientifiq­ues. « Ce séisme suffisamme­nt récent pour laisser de nombreuses traces historique­s est en quelque sorte l’événement de référence pour la région », précise André Laurenti, auteur du site azurseisme.com et membre de l’associatio­n française de Génie Parasismiq­ue.

La faille ligure n’est en outre pas la seule à menacer la Côte d’azur. « Il existe aussi des failles actives à terre. Nous en connaissio­ns trois, dans la plaine du Var à l’ouest de Nice, le long de la vallée du Paillon et entre Saorge et Taggia en Italie. Dernièreme­nt, nos travaux nous ont en outre amenés à caractéris­er une quatrième faille potentiell­ement active au niveau du col de la Lombarde, près d’isola 2000 », révèle Christophe Larroque.

« Personne ne peut dire s’il va y en avoir un, quand et où... »

Beaucoup d’incertitud­es demeurent en effet pour caractéris­er les séismes. « Personne ne peut dire s’il va y en avoir un, quand, où et de quelle intensité », résume le chercheur de Géoazur. Et c’est bien le drame de Stéphane Liautaud, le Monsieur séisme de la préfecture, qui depuis 5 ans se bat pour tenter de préparer au mieux le départemen­t à un tremblemen­t de terre de grande ampleur. « Je suis face à une montagne », souffle-t-il. Car la Côte d’azur est encore loin d’être résiliente face à ce risque naturel qui, dans le pire des scénarios, pourrait faire des milliers de morts et des centaines de milliers de sinistrés.

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(Photo AFP) En Turquie, ici à Antakya, les immeubles n’ont pas résisté à la secousse.

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